Lettre des généraux : un texte séditieux qui menace la République

dimanche 2 mai 2021.
 

- A) Lettre des généraux

- B) Analyse par le site Regards

La lettre des généraux publiée par Valeurs actuelles n’a, pour le moment, pas suscité de réaction de l’Élysée. Pourtant, à travers ce texte séditieux, c’est bien la République qui est visée. Et menacée.

B) Un texte séditieux qui menace la République

http://www.regards.fr/politique/soc...

60 ans jour pour jour après le putsch raté d’Alger, une vingtaine de généraux à la retraite, et un millier de militaires, prennent la plume pour « un retour de l’honneur de nos gouvernants ». Le choix de la date vaut en lui-même message et alerte.

C’est la troisième fois depuis l’affaire Dreyfus que la grande muette sort de son silence. La première fois, au printemps de 1958, ils obtiennent la mort de la Quatrième République. La seconde fois, ils tentent un putsch direct contre le pouvoir parisien qui s’engage vers la décolonisation de l’Algérie : ils sont matés et châtiés.

Ce texte publié par le magazine Valeurs actuelles est donc d’une exceptionnelle gravité. Il constitue un signal absolu de crise et doit être entendu comme un tocsin pour la démocratie.

Relativement concise, cette tribune est un modèle de logorrhée d’extrême droite : « L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent […] Nos drapeaux tricolores ne sont pas simplement un morceau d’étoffe, ils symbolisent la tradition à travers les âges […] Sur ces drapeaux, nous trouvons en lettres d’or les mots "Honneur et patrie". Or notre honneur aujourd’hui tient dans la dénonciation du délitement qui frappe notre patrie. » Une analyse politique d’extrême droite

Ça, c’est pour planter le cadre de référence. Mais au-delà des mots et des symboles, les signataires livrent une analyse politique et énoncent les trois dangers qui, selon eux, minent la France :

Le premier péril serait lié à « un certain antiracisme ». « Aujourd’hui, certains parlent de racialisme, d’indigénisme et de théories décoloniales, mais à travers ces termes c’est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire ». Les combats en cours qui mettent sur la table le passé esclavagiste et colonial de la France sont donc cause de désagrégation. Sans rire, nos généraux en retraite accusent le Comité Adama et l’Unef de menacer notre pays. Et il faut bien reconnaître que leur puissante analyse trouve un écho dans le déferlement qui les a vilipendés, que ce soit de la part du Rassemblement national, de membres du gouvernement ou, hélas, d’une grande partie de la gauche. Les félons se glissent dans les faiblesses et les failles du débat politique.

Le deuxième péril viendrait de « l’islamisme et des hordes de banlieue ». Là encore le propos n’est ni nouveau ni iconoclaste. Depuis les analyses de Manuel Valls à la tribune de l’Assemblée nationale, les discours politiques archi-dominants lient crise des banlieues et des quartiers populaires à l’islamisme. La défaillance de la République et les inégalités face au logement, à l’école, à la santé, aux transports, etc., ne seraient pour rien dans les révoltes et les tensions des quartiers. Les prêches des imams seraient tout. La menace des généraux à l’égard des habitants qui veulent encore l’égalité… est à peine masquée.

Enfin, le dernier péril qui menace notre société serait « la haine » qui « prend le pas sur la fraternité lors des manifestations où le pouvoir utilise les forces de l’ordre comme agents supplétifs et boucs émissaires face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs ». Les signataires font d’une pierre deux coups : ils enrôlent les gilets jaunes et signifient la crise de l’État, révélée et accentuée par ce mouvement.

Le discours est ouvertement nourri de la thématique historique des extrêmes droites et des fascismes : il s’y s’exprime crûment, sans filtres ni fard, et se réclame désormais du bon sens et de la raison. Les signataires affirment vouloir benoîtement conjurer la guerre civile, quand il l’attise cyniquement.

« Quand il n’y a plus d’égalité possible, il reste la protection factice de l’ordre »

Cette tribune intervient dans ce moment de délitement de la légitimité de l’État, de crise de l’alternative et de marasme du débat politique. C’est précisément cette analyse des militaires signataires qui constitue le danger de ce texte. Ces militaires n’hésitent pas à brandir la menace et à légitimer par avance la sédition. Cette tribune est une mise à disposition d’un coup de force.

Soutien politique quasiment explicite à Marine Le Pen – qui n’a pas manqué de le relever –, il donne le signal d’une mise en alerte des forces de police et de l’armée : « Sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation. Par contre si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national. » C’est un texte séditieux qui s’affranchit des principes républicains : la police et l’armée sont conduits par la politique et l’État, et non l’inverse.

Dès lors comment expliquer le silence ahurissant des ministres qui intervenaient comme tous les dimanches sur les ondes ?

L’heure n’est plus au doute mais à se convaincre d’un danger imminent pour notre république et pour la démocratie. Il est temps de remettre sur pied une police et une armée républicaines, libérées de l’emprise de l’extrême droite. Depuis des mois, ce pouvoir use d’une brutalité inédite face à la rue. S’il capitule devant un quarteron de généraux, s’il reporte encore et encore la remise à plat de la police et de l’armée, il perd toute légitimité et laisse ouverte la porte à toutes les aventures.

Il est temps d’arrêter ces invectives sur l’islamo-gauchisme et de mettre en œuvre une politique d’égalité, de liberté et de fraternité. Ça vaut pour Gérald Darmanin, Marlène Schiappa et Frédérique Vidal. Ça vaut pour Valérie Pécresse et Xavier Bertrand. Ça vaut aussi pour Yannick Jadot et Anne Hidalgo.

Maintenant on sait qui se nourrit de ce discours et vers quoi il nous conduit. Quand il n’y a plus d’égalité possible, il reste la protection factice de l’ordre. Quand la solidarité s’efface, il reste la mise à l’écart et le contrôle des « classes dangereuses ». Quand il n’y a plus de bien commun et de chose publique, il reste la sanctification des propriétaires. Quand il n’y a plus de république ni de démocratie, il reste la soumission devant le képi.

A) « Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants » : 20 généraux appellent Macron à défendre le patriotisme

https://www.valeursactuelles.com/po...

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs du gouvernement,

Mesdames, Messieurs les parlementaires,

L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent. Nous qui, même à la retraite, restons des soldats de France, ne pouvons, dans les circonstances actuelles, demeurer indifférents au sort de notre beau pays.

Nos drapeaux tricolores ne sont pas simplement un morceau d’étoffe, ils symbolisent la tradition, à travers les âges, de ceux qui, quelles que soient leurs couleurs de peau ou leurs confessions, ont servi la France et ont donné leur vie pour elle. Sur ces drapeaux, nous trouvons en lettres d’or les mots « Honneur et Patrie ». Or, notre honneur aujourd’hui tient dans la dénonciation du délitement qui frappe notre patrie.

– Délitement qui, à travers un certain antiracisme, s’affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés. Aujourd’hui, certains parlent de racialisme, d’indigénisme et de théories décoloniales, mais à travers ces termes c’est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire. Ainsi s’en prennent-ils, par le biais de statues, à d’anciennes gloires militaires et civiles en analysant des propos vieux de plusieurs siècles.

– Délitement qui, avec l’islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution. Or, chaque Français, quelle que soit sa croyance ou sa non-croyance, est partout chez lui dans l’Hexagone ; il ne peut et ne doit exister aucune ville, aucun quartier où les lois de la République ne s’appliquent pas.

– Délitement, car la haine prend le pas sur la fraternité lors de manifestations où le pouvoir utilise les forces de l’ordre comme agents supplétifs et boucs émissaires face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs. Ceci alors que des individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l’ordre. Pourtant, ces dernières ne font qu’appliquer les directives, parfois contradictoires, données par vous, gouvernants.

Les périls montent, la violence s’accroît de jour en jour. Qui aurait prédit il y a dix ans qu’un professeur serait un jour décapité à la sortie de son collège ? Or, nous, serviteurs de la Nation, qui avons toujours été prêts à mettre notre peau au bout de notre engagement – comme l’exigeait notre état militaire, ne pouvons être devant de tels agissements des spectateurs passifs.

Aussi, ceux qui dirigent notre pays doivent impérativement trouver le courage nécessaire à l’éradication de ces dangers. Pour cela, il suffit souvent d’appliquer sans faiblesse des lois qui existent déjà. N’oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos silences coupables.

Comme le disait le cardinal Mercier, primat de Belgique : « Quand la prudence est partout, le courage n’est nulle part. » Alors, Mesdames, Messieurs, assez d’atermoiements, l’heure est grave, le travail est colossal ; ne perdez pas de temps et sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation.

Par contre, si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national.

On le voit, il n’est plus temps de tergiverser, sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers.

Les généraux signataires :

Général de Corps d’Armée (ER) Christian PIQUEMAL (Légion Étrangère), général de Corps d’Armée (2S) Gilles BARRIE (Infanterie), général de Division (2S) François GAUBERT ancien Gouverneur militaire de Lille, général de Division (2S) Emmanuel de RICHOUFFTZ (Infanterie), général de Division (2S) Michel JOSLIN DE NORAY (Troupes de Marine), général de Brigade (2S) André COUSTOU (Infanterie), général de Brigade (2S) Philippe DESROUSSEAUX de MEDRANO (Train), général de Brigade Aérienne (2S) Antoine MARTINEZ (Armée de l’air), général de Brigade Aérienne (2S) Daniel GROSMAIRE (Armée de l’air), général de Brigade (2S) Robert JEANNEROD (Cavalerie), général de Brigade (2S) Pierre Dominique AIGUEPERSE (Infanterie), général de Brigade (2S) Roland DUBOIS (Transmissions), général de Brigade (2S) Dominique DELAWARDE (Infanterie), général de Brigade (2S) Jean Claude GROLIER (Artillerie), général de Brigade (2S) Norbert de CACQUERAY (Direction Générale de l’Armement), général de Brigade (2S) Roger PRIGENT (ALAT), général de Brigade (2S) Alfred LEBRETON (CAT), médecin Général (2S) Guy DURAND (Service de Santé des Armées), contre-amiral (2S) Gérard BALASTRE (Marine Nationale).


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