ASTRONOMIE : Enorme trou dans l’Univers

dimanche 26 août 2007.
 

Les astronomes ont trouvé un énorme trou dans l’Univers, de presque un milliard d’années-lumière de large, vide de matière normale comme des étoiles, des galaxies, de gaz, et de la mystérieuse et invisible "matière noire". Alors que des études précédentes avaient montré des trous, ou des vides, dans la structure à grande échelle de l’Univers, cette nouvelle découverte les fait paraître tout petits.

"Non seulement personne n’avait jamais trouvé un vide aussi grand, mais nous n’avions jamais même prévu d’en trouver un de cette taille," commente Laurent Rudnick (University of Minnesota). Rudnick, avec Shea Brown et Liliya R. Williams, également de l’Université du Minnesota, ont rapporté leurs résultats dans un papier accepté pour publication dans Astrophysical Journal.

Les astronomes savaient depuis des années que, sur de grandes échelles, l’Univers a des vides en grande partie dénués de matière. Cependant, la plupart de ces vides sont beaucoup plus petits que celui trouvé par Rudnick et ses collègues. De plus, le nombre de vides découverts diminue lorsque la taille augmente.

"Ce que nous avons trouvé n’est pas normal, basé sur les études d’observations ou sur les simulations sur ordinateur de l’évolution à grande échelle de l’Univers," ajoute Williams.

Les astronomes ont tiré leur conclusion en étudiant des données du NVSS (NRAO VLA Sky Survey), un projet qui image le ciel entier visible avec le radio télescope VLA (Very Large Array) de la NRAO (National Radio Astronomy Observatory). Leur étude minutieuse des données du NVSS a montré une diminution remarquable dans le nombre de galaxies dans une région du ciel dans la constellation de l’Eridan (Eridanus).

"Nous savions déjà qu’il y avait quelque chose de différent au sujet de cette tache dans le ciel," ajoute Rudnick. La région avait été surnommée "WMAP Cold Spot", la "Tache Froide de WMAP," parce qu’elle sortait de l’ordinaire dans une carte du rayonnement de fond de micro-onde cosmique (CMB, pour Cosmic Microwave Background) faite par le satellite WMAP (Wilkinson Microwave Anisotopy Probe), lancé par la NASA en 2001. Le CMB, les faibles ondes radio qui sont le rayonnement restant du Big Bang, est la première "image de bébé" disponible de l’Univers. Les irrégularités dans le CMB montrent les structures qui ont existé seulement quelques cent mille années après le Big Bang.

Le satellite WMAP a mesuré des différences de température dans le CMB qui sont seulement de l’ordre du millionième de degré. La région froide dans l’Eridan a été découverte en 2004.

Les astronomes se sont demandés si la tache froide était intrinsèque au CMB, et en conséquence indiquait une certaine structure dans le jeune Univers, ou si elle pouvait être provoquée par quelque chose de plus proche à travers lequel le CMB a dû passer sur son trajet vers la Terre. La découverte de la pénurie de galaxies dans cette région en étudiant les données du NVSS a résolu cette question.

"Bien que nos résultats étonnants aient besoin de confirmation indépendante, la température légèrement plus froide du CMB dans cette région semble être provoquée par un énorme trou exempt de quasiment toute matière à approximativement 6-10 milliards d’années-lumière de la Terre," ajoute Rudnick.

Comment un manque de matière peut provoquer une température plus froide dans le rayonnement restant du Big Bang vu depuis la Terre ?

Les photons du CMB gagnent un peu d’énergie quand ils traversent une région de l’espace peuplée de matière. Cet effet est provoqué par l’énigmatique "énergie sombre" qui accélère l’expansion de l’Univers. Ce gain dans l’énergie du photon fait que le CMB semble légèrement plus chaud dans cette direction. Quand les photons traversent un désert vide, ils perdent un peu d’énergie de cet effet, et ainsi le rayonnement CMB passant par une telle région semble plus froid.

L’accélération de l’expansion de l’Univers, et par conséquent l’énergie sombre, a été découverte il y a moins d’une décennie. Les propriétés physiques de l’énergie sombre sont inconnues, bien que ce soit de loin la forme la plus abondante d’énergie dans l’Univers aujourd’hui. L’étude de sa nature est l’un des problèmes actuels les plus fondamentaux en astrophysique.

Source : Gilbert Javaux - PGJ Astronomie


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