L’espoir à gauche

mardi 2 mars 2021.
 

Après plusieurs textes déjà mis en ligne, nous continuons à publier des tribunes nous paraissant apporter des éléments dans ce débat crucial aujourd’hui : l’espoir à gauche.

- 1) Stoppons-le toutes et tous ensemble ! (Gérard Filoche et GDS)

- 2) Pour redonner l’espoir à gauche par Laurent BRUN, secrétaire général des cheminots CGT

- 3) Je suis de gauche et j’ai besoin d’espoir

Déclaration de candidature de Jean-Luc Mélenchon : Le bon moment

Tout sauf Mélenchon (lettre ouverte)

Présidentielles 2022 : Faut-il désespérer de la gauche ?

"A gauche, il faut trouver des solutions ensemble à la crise de société" Besancenot

La gauche et 2022 : comment déjouer le scénario de l’effacement ?

1) Stoppons-le toutes et tous ensemble ! (Gérard Filoche et GDS)

Dans son bunker de l’Élysée, au sein de son Comité de défense permanent, Macron décide de tout. Rien ne le fait reculer même quand des voix, partout, crient : « Sauvons l’hôpital public ! » et « Macron, sors ton pognon et demande pardon ! ».

Un forcené aux manettes

Il a fait dissoudre la mission d’information parlementaire sur la gestion de la crise sanitaire. De prorogation en prorogation, il installe l’état d’urgence sanitaire dans la durée. Mais, malgré la pandémie, Macron refuse d’ouvrir des lits de réanimation (il y en a 24 pour 100 000 habitants en Allemagne, 10 en Angleterre et seulement 7 en France). La France en compte 5 080 – pas plus qu’en mars 2020, et en fait moins, car de 500 à 600 lits de réanimation sont fermés faute de médecin.

La réaction sur toute la ligne

Il poursuit une politique réactionnaire à 100 %. Il fait bosser dur les premiers de corvée, et continue de tout donner à ceux qu’il appelle les premiers de cordée. Il sous-traite la tardive et laborieuse vaccination par sept entreprises privées type Doctolib. Il débourse des dizaines de milliards pour le CAC 40, mais bloque le Smic et les minima sociaux. Il impose le télétravail en refusant de l’encadrer par la loi. Il refuse de supprimer la « tuerie » qu’est sa loi sur l’Assurance chômage. Dans le silence général, il fait passer une nouvelle loi Lecocq qui affaiblit encore davantage la médecine du travail. Il refuse tout revenu garanti aux millions d’étudiants désargentés et affamés. Il n’a pas renoncé à son projet de loi anti-retraite par points à 64 ou 65 ans et casse EDF.

Il piétine l’essentiel des propositions faites par la convention citoyenne pour le climat. Il impose ses lois sur le « séparatisme » et sur « la sécurité globale ». Il continue d’empêcher les manifestations et de couvrir les brutalités policières. Il impose tout cela avec une grande violence, un grand mépris de l’opinion et alimente un ressentiment et une colère qui pousse Le Pen vers le haut. Il avance à marche forcée, sans pitié, sans répit, sans concession. Il veut se faire réélire en force. Il n’y a pas un aspect de sa politique qui déroge à ses plans initiaux de 2017 : imposer une France start-up, une société sans statut et casser les cotisations sociales.

Empêcher la guerre de trois

Et à gauche et parmi les écologistes, c’est comme s’il n’y avait aucune mesure de l’ampleur du danger. Normalement, les tocsins devraient sonner tous les jours. Il devait y avoir un comité de salut public permanent rassemblant toutes les forces, partis de gauche, syndicats, associations. Au lieu de cela, chaque chapelle ressasse ses plans séparés dans des travées concurrentes, promeut son candidat autoproclamé « le mieux placé », alors qu’aucun n’est en mesure d’aller au second tour.

La GDS le crie à toutes et tous à gauche. Prenez conscience de la tragédie qui se prépare. Répondez aux attentes de l’écrasante majorité. Des millions de citoyens de gauche veulent l’unité maintenant, et vite ! Il y a plus de 25 appels dans ce sens. Il en faut un seul, concentré, à même de susciter une mobilisation de masse pour exiger et imposer une plateforme commune. La suite en découlera : états généraux, comités unitaires, candidat commun et listes communes sur un contrat de législature.

2) Pour redonner l’espoir à gauche par Laurent BRUN, secrétaire général des cheminots CGT

https://www.legrandsoir.info/pour-r...

Si nous voulons reconstruire une organisation de masse et un rapport de force plus conséquent, il faut reconstruire une véritable idéologie de la transformation sociale. Et vite.

Pour redonner l’espoir à gauche, pour écarter les fascistes et leurs idées du pouvoir, pour reprendre le stylo qui fait la loi des mains des capitalistes, il ne suffira pas de s’attrouper ou de s’unir dans une liste ou derrière un candidat.

Il faut reconstruire une véritable idéologie de la transformation sociale.

Il ne s’agit pas seulement de distribuer quelques subventions, de baisser le prix d’un service municipal ou d’instaurer une gratuité sur tel ou tel élément.

Il faut transformer la manière de gérer, mener des luttes pour changer les règles, s’approprier collectivement des outils jusque là privés pour investir de nouveaux champs d’intervention.

Sans cela, le pouvoir de gauche n’est qu’un simple gestionnaire. Et lorsque l’argent vient à manquer pour satisfaire l’ensemble des besoins, on reprend la vieille logique de la trahison « on n’a pas le choix ». Mitterrand n’a pas eu le choix du tournant de la rigueur. Jospin n’a pas eu le choix de la privatisation d’Air France et de l’abandon des Lu. Hollande n’a pas eu le choix de la loi travail ou du CICE pour la compétitivité... mais aujourd’hui, la ville de Lyon n’a pas le choix, la région Occitanie n’a pas le choix de reprendre en gestion directe des lignes de chemin de fer, le printemps marseillais n’a pas le choix de remettre en cause le droit de grève dans les cantine... et donc la classe ouvrière prendra le choix d’aller à la pêche les jours d’élection car, au final, ça sert à quoi des élus qui n’ont pas le choix ?

Il va nous falloir un grand moment d’autocritique et d’analyse sur nos pratiques de gestion si nous voulons sortir de la défiance généralisée.

Et les arguments du style « c’est mieux que la droite », ou encore « ils ont fait ça, mais ils ont aussi fait telle bonne mesure » n’ont strictement aucun poids. D’ailleurs ils nous conduisent d’échec en échec.

Non vraiment, il faut réfléchir à une véritable autre manière de faire. Sinon le pire est à venir.

Je sais très bien qu’on ne fait pas toujours ce que l’on veut, qu’on ne peut pas en un clin d’œil changer le système qui par bien des aspects contraint les choix, et que les rapports de forces ne nous sont pas toujours favorables. Mais je ne peux plus supporter les élus qui expliquent qu’ils ont mené une bataille simplement parce qu’ils ont eu une discussion soutenue avec un préfet, un employeur ou un ministre. Une discussion, ça n’est pas une bataille ! Sauf peut être pour la CFDT. Une bataille c’est un ensemble d’actions qui visent à mobiliser la population ou une fraction de celle ci, à appuyer sur les contradictions de l’adversaire (y compris quand on est dans un exécutif ou il est majoritaire), à le forcer à se dévoiler publiquement pour être soumis au jugement collectif... Quand on mène une vraie bataille et qu’on est battu, on peut dire qu’on n’a pas le choix. Mais quand on a juste mené des discussions, on peut dire qu’on a fait le choix. De se ranger du côté du système.

Bref, le syndrome de la gauche plurielle est encore bien présent.

Certain considèreront que je suis un gauchiste. Pourtant, je continue d’être discipliné et d’aller voter « pour le moins pire ». Mais j’en ai marre. Et surtout, des milliers de nos concitoyens ne nous bousculent pas avec des coups de gueule comme je peux le faire, ils se contentent de nous ignorer et de ne plus voter du tout, de ne plus se battre. C’est peut être plus agréable pour l’esprit de certain qui peuvent tranquillement affirmer que le peuple n’a rien compris ou qu’il faut « faire de la politique autrement » tout en continuant à tout faire pareil. Mais c’est tout aussi dramatique. Et il faudra bien un jour qu’on en tire des leçons.

Laurent BRUN

3) Je suis de gauche et j’ai besoin d’espoir

par Moana Genevey

https://blogs.mediapart.fr/moana-ge...

À celles et ceux qui font la gauche,

Je suis de gauche, viscéralement. Je suis de gauche depuis toujours, pas par idéalisme mais par conviction profonde. Je suis de gauche par amour de la justice, qu’elle soit économique, sociale ou environmentale. Je suis de gauche et j’ai appris qu’en France, on ne m’offrait comme armes de survie politique que la colère ou la déception . La résignation, même.

J’en ai assez d’être en colère. Je suis épuisée. Épuisée de m’époumoner contre des lois racistes et liberticides. Épuisée de m’insurger contre les innombrables saillies médiatiques d’hommes de pouvoir médiocres. Épuisée d’observer l’impunité dont jouissent les violeurs. Épuisée de m’habituer aux mensonges de notre président. Épuisée d’imaginer le second tour Macron-Le Pen qu’on nous prépare grossièrement depuis des mois. Je n’en peux plus du désespoir politique.

C’est d’autant plus exténuant que les défis qui nous attendent sont énormes, et que la gauche est la mieux placée pour les affronter. C’est la gauche qui depuis des années alerte sur les dangers de la crise climatique. C’est la gauche qui avait prévu la catastrophe qui vient. C’est la gauche qui lutte contre les dérives du néolibéralisme sauvage, responsable des crises économiques qui se multiplient. C’est la gauche qui condamne le démantèlement de la santé publique, désormais incapable de faire face aux pandémies. C’est la gauche qui incarne l’espoir.

Pourtant, politiquement, la gauche est inaudible. Les manifestations pour le climat, contre les violences policières, pour l’égalité des genres rassemblent des centaines de milliers de personnes. Mais la gauche est timide. Les injustices et la détresse explosent, et la gauche ne s’organise pas.

Les sondages et les appels au rassemblement sont clairs : les électeurs et les électrices de gauche ont besoin d’espoir. Nous avons besoin d’une gauche solidaire, forte et unie. D’une gauche audacieuse, qui propose et qui refait rêver. D’une gauche qui fait front contre les fascismes qui montent et qui se normalisent. Bref, nous avons besoin d’une gauche à la hauteur.

Je suis une électrice de gauche, pas une militante ni une encartée. Je n’y connais rien aux dynamiques internes des partis politiques. D’ailleurs comme beaucoup de gens de gauche, j’essaye de m’en tenir éloignée, par méfiance du pouvoir et par lassitude des luttes intestines. Ce que je sais en revanche, c’est qu’à l’aube de l’élection présidentielle, préférer la division et le silence à l’unité et à l’action, ça n’est plus seulement lâche, c’est grave. C’est un abandon politique. Un abandon de vos valeurs, un adandon de votre électorat. Surtout, un abandon des personnes les plus vulnérables de nos sociétés, celles qui sont tous les jours un peu plus broyées par les politiques actuelles. Celles qui ont déséspéremment besoin de vous.

Je suis de gauche et je voudrais m’enthousiasmer pour l’avenir. Je suis de gauche et j’ai besoin d’espoir. Rendez-le nous.

Par Moana Genevey


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