Où est passée la France ? Assez de bidouilles et de com’ !

vendredi 8 janvier 2021.
 

On peine à croire que l’année puisse commencer aussi piteusement. La « starteupenachonne » fait merveille : la bidouille et l’improvisation règnent en maîtres. Mais où est passée la France ? Celle où les trains partaient à l’heure, où la fusée Ariane décollait à l’heure et au jour dits, où tous les enfants d’une génération étaient vaccinés du BCG en 15 jours. La France qui produisait 80% de ses médicaments, où l’hôpital public, alors classé le meilleur du monde, n’était jamais à plus d’une demie-heure de déplacement.

Résumons : la campagne de vaccination n’a pas lieu faute d’organisation. Toujours aucun vaccin traditionnel venant des centres de recherche et instituts français. Encore deux soldats tués au Mali par une bombe artisanale sur laquelle a sauté un véhicule de reconnaissance dont le plancher n’a pas le bon blindage. La troisième vague de contamination pointe son nez tandis que la seconde tourne déjà mal comme le montre le cri d’alerte de Caroline Fiat retournée à l’hôpital en Meurthe-et-Moselle.

Et devant ce chaos où est le pouvoir et l’État ? Le Premier ministre est en séjour au fond du Tchad. Le Conseil de défense remplace le gouvernement. Et trente-cinq personnes tirées au sort remplacent le Parlement : touchées par un don nouveau de clairvoyance, elles vont décider de la bonne stratégie de vaccination.

On aurait tort de croire pourtant que le chaos soit incapable de contaminer aussi l’absurde. Ainsi quand le monsieur vaccin du gouvernement dit qu’il n’a pas pu voir l’étude concernant le vaccin. Puis, lorsqu’elle est parue, quand il précise qu’il ne connaît rien à la logistique et donc se déclare innocent des béances de « la campagne de vaccination ». Le Premier ministre oublie de dire où il est. Puis il se ravise par tweet vingt minutes après que je lui ai demandé s’il avait honte. Le Conseil de défense a donné de ses nouvelles pour démentir qu’il se soit réuni. Le chef de l’État clame sa colère contre le résultat de sa propre politique à la une d’un hebdomadaire dont il vient de subventionner le patron. Enfin le comité des tirés au sort devra comporter autant « d’anti-vaccin » que de « pro-vaccin ». Donc ce n’est plus un tirage au sort statistiquement neutre. Et « anti-vaccin » est propulsé au rang de position stratégique égale à « pro-vaccin ». Enfin pour éviter la contagion, le couvre-feu est avancé dans les départements les plus contagieux de sorte que les cohues dans les transports publics seront plus denses. Clou du spectacle : une rave party de 2500 personnes. Et enfin le super clou des super clous du spectacle de la macronie réelle : un attroupement pour des dédicaces de Miss France.

Je ne dis là rien du reste. Et pourtant ! Par exemple de l’échec de l’organisation d’un islam officiel et de son conseil des imams depuis le retrait du recteur de la mosquée de paris écoeuré par le comportement de ses pairs. Quel prologue, un mois avant le début du passionnant débat sur le séparatisme pourtant salué par l’extrême droite allemande !

Je crois que pour la première fois depuis bien longtemps, la France est ridicule aux yeux du monde. Et beaucoup de gens se sentent humiliés par l’image de notre pays qu’il faut regarder.

Ce qui se voit de loin : agitation vaine et sans résultat dans tous les domaines. Ce qui se note : une politique aberrante dont les questions que nous posent les enfants eux-mêmes soulignent l’incohérence. Ce qui se devine : un épuisement psychologique des décideurs en voie de panique. Une augmentation des doses d’euphorisant ne suffira pas. Ce qui se constate : les rouages humains de l’État et du pouvoir se sont murés dans l’autosatisfaction et la logique de l’auto-protection.

Je n’ai aucun goût à faire ce tableau. J’ai hésité à l’écrire pour ne pas rajouter à l’angoisse montante dont je suis témoin. Peut-on sortir par le haut de cette impasse ? Oui. Il y a toujours une alternative à toute trajectoire. Je propose les conclusions des députés Insoumis puisque nous n’avons cessé depuis le premier jour de travailler par propositions.

Le pire serait la panique dans le poste de pilotage. Le défi doit être mis en ordre. Tout tient au risque d’être submergé par le nombre des personnes à devoir admettre en réanimation. Il faut donc avant cela traiter les malades et contenir les foyers de contamination. Tout le monde est d’accord. Et, au point de départ, éradiquer le virus. Tout le monde est d’accord également.

Pourtant rien ne fonctionne comme prévu. Peut-être est-il temps de faire aussi appel aux métiers de l’organisation concrète de la lutte. Les logisticiens et planificateurs existent. Leur avis est précieux. À cette heure, c’est eux qu’il faut consulter autant et peut-être même davantage que la cohue des grands experts bavards qui ont fait la démonstration des limites de leur champ de compétences. Connaître les virus ne suffit pas pour organiser une chambre froide pour le vaccin ou pour savoir planifier une chaîne d’approvisionnement en gants masques et surblouses. Sur les points nodaux que j’ai évoqués, des stratégies de ripostes plus méthodiques et clairement énoncées, vérifiées et contrôlées sont possibles. Je me permets d’en rappeler quelques-unes qui pourraient être utiles même si on n’aime pas les Insoumis ou leurs idées politiques.

Au point de départ : réduire les sources de contamination en organisant systématiquement le fonctionnement par roulement et les contacts par rendez-vous planifiés. Soutenir le télétravail alterné. Organiser le décalage des horaires de travail un jour sur deux par entreprise pour éviter les concentrations aux heures de pointe. Définir un standard général de sécurité en cas de présence nombreuse. Combien de personnes au mètres carré pour être en sureté ? Ensuite : « pour ou contre les vaccins » en général est un débat sans objet. La vaccination ne peut être que volontaire à cette heure. Et la méthode des vaccins traditionnels a fait ses preuves quand elle est appliquée avec discernement et réalisme. En tous cas pour les volontaires à la vaccination il n’est pas admissible de forcer le choix des gens vers la formule Pfitzer. Pour ma part, je favoriserais les vaccins de type traditionnels donnant les hauts pourcentages de résultats positifs comme on les exigeait dans le passé. Acheter les vaccins de cette sorte aux pays qui en produisent (Russie, Cuba, Chine, par exemple). Mais surtout prioritairement donner à l’Institut pasteur TOUS les moyens qu’il demande pour aboutir à une formule française avant le printemps. Réserver l’expérimentation des vaccins « messager ARN » à ceux qui le choisissent plutôt qu’un autre. Ensuite, en cours d’hospitalisation : disposer d’une stratégie pour traiter la maladie. C’est-à-dire la soigner. Où en est la méthode mise au point par l’Institut Pasteur de Lille ? Où en est-on de l’évaluation du traitement en phase initiale du professeur Raoult et quelles observations tire-t-on des pays qui l’appliquent en masse comme dans le Maghreb et l’Afrique sub-saharienne ? Quel risque prend-t-on à l’appliquer partout au point de départ de toute contamination lorsqu’une objection médicale personnalisée évidente ne s’impose pas ? Enfin : cesser toute suppression de lit d’hôpital, augmenter leur nombre et celui des personnes en formation de capacité soignante. Garantir à tous les personnels engagés dans la chaîne du soin une prime mensuelle pour toute la durée de l’état d’urgence sanitaire. Enfin réquisitionner tous les lits disponibles dans le secteur privé. Et aussi la réquisition de tous les instruments de productions de produits ou machines nécessaires dans la lutte contre la pandémie. et

Je prie les personnes qui me liront de se souvenir qu’il s’agit dans ces lignes seulement d’une contribution de propositions pour la réflexion positive sur ce qu’il est possible de faire. Elle résulte des plans proposés jusque-là par notre groupe parlementaire et par les conclusions de notre commission d’enquête sur la période de la première vague. Elle n’a pas la prétention de valoir une expertise générale dont une organisation comme la nôtre n’a pas les moyens à cette heure aussi longtemps que nous ne gouvernerons pas le pays.


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