Soudan 19 décembre 2018 : déclenchement de la révolution populaire soudanaise

dimanche 19 décembre 2021.
 

Ce samedi 19 décembre marque le deuxième anniversaire du déclenchement de la révolution populaire soudanaise, qui a mis à bas le régime de l’ancien président Omar el-Béchir. Tout avait donc commencé le 19 décembre 2018 dans la cité ouvrière d’Atbara, à 300 km au nord de Khartoum. Ce jour-là, les premières manifestations de mécontentement démarrait ce qui allait déboucher, quatre mois plus tard, sur la chute d’une dictature de trente ans.

On dit au Soudan que c’est une poignée de lycéens d’Atbara qui a tout déclenché. Au début de ce mois de décembre 2018, le plat de lentilles qui leur servait de déjeuner était devenu inabordable pour eux.

La colère sur des feuilles de papier

Alors, le 13 décembre, quelques gamins ont écrit, eux aussi, leur colère sur des feuilles de papier et se sont postés à un carrefour. Poursuivis par les tout-puissants services de renseignements, ils se sont vite dispersés, mais leur acte a été répété ailleurs. Les jours suivants, de timides rassemblement se métamorphosant en cortèges prudents, à Damazine, dans le sud, à Port-Soudan, à l’est - classes populaires et moyennes - ont à leur tour crié leur exaspération.

Mais le 19 décembre, le prix du pain a été soudainement triplé. Alors à Atbara, fief des syndicats de gauche et des cheminots soudanais, les mécontents étaient enfin nombreux dans la rue. Armés de bâtons, ils ont mis le feu au siège du parti d’el-Béchir, aux cris de « paix, justice et liberté », ce slogan qui allait devenir celui de la révolution. Images inédites

Ces images inédites ont alors fait le tour du Soudan, de portable en portable. « Quand on a vu que les gens d’Atbara avaient eu le culot de faire ça, racontait au printemps dernier Ahmed, un étudiant révolutionnaire de Khartoum, on a compris que la dictature étaient finie ». Cependant, il faudra encore du temps pour que l’économie du Soudan se redresse. Deux ans après le début de la révolte à l’origine de la chute du général Omar el-Béchir, le marasme est toujours là, même s’il a été aggravé par les conséquences de la pandémie de Covid-19. Traversée par des tensions qui menacent sa survie, l’administration civilo-militaire gère un pays où les indicateurs macro-économiques sont aujourd’hui dans le rouge et continuent de se dégrader, ayant connu ces derniers mois des inondations et accueilli depuis quelques semaines des dizaines de milliers de réfugiés Ethiopiens.

Le taux d’inflation explose

Le taux d’inflation a explosé et devrait dépasser 140% pour l’année 2020 selon le Fonds monétaire international (FMI). Le Premier ministre Abdalla Hamdok a bien renoué les contacts avec le FMI, mais le programme que le gouvernement soudanais tente de mettre en place depuis bientôt six mois ne devrait porter ses fruits, au mieux, que d’ici deux ans. Les autorités de la transition doivent poursuivre le remboursement d’une dette colossale du régime déchu et ils ont du mal à mobiliser les financements externes. Seule lueur d’espoir sur un tableau sombre ; le Soudan peut désormais commercer librement avec le reste du monde, les Etats-Unis l’ayant sorti de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message