Penser la relocalisation des entreprises en France.

jeudi 24 décembre 2020.
 

Le retour du local et du territoire.

La crise économique et sanitaire a relancé à la fois idée de la nécessité de ré industrialiser notre pays et de relocaliser des entreprises en France notamment pour la production des produits de première nécessité.

La notion d’interdépendance économique et financière n’est plus une donnée abstraite de la globalisation mais s’inscrit dans la réalité concrète de la vie des gens.

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1–Délocalisations, relocalisations : des exemples concrets.

France Culture, dans son émission La Série Documentaire (LSD) du 15/12/2020 à traiter de la question de la relocalisation des entreprises en France. Très intéressants témoignages.

Une série documentaire de Rémi Dybowski-Douat, réalisée par Franck Lilin.

On peut suivre cette émission en utilisant le lien suivant :

https://www.franceculture.fr/emissi...

** Présentation de l’émission sur le site.

La crise sanitaire a révélé notre dépendance vis à vis de l’internationalisation de la chaîne de production. Le vent de relocalisation qui souffle depuis la pandémie de coronavirus parviendra-t-il à inverser la tendance ?

Le second épisode de la série propose deux rencontres avec des entreprises qui relocalisent à la faveur de la crise sanitaire. Pour toutes les deux, la pandémie a été une formidable opportunité mais aussi l’occasion de se poser des questions sur le sens de l’entreprise et son rôle social.

Masques délocalisés

Au début de la pandémie, on se tourne vers notre atelier en Inde de façon à produire des masques. Mais le 17 mars, le gouvernement indien du président Modi en interdit l’exportation pour les réserver aux besoins nationaux. Aymeric Mottin

Un système économique dépendant

 Nos systèmes économiques sont extrêmement dépendants du point de vue de leur approvisionnement. C’est le cas dans des secteurs extrêmement importants comme le médical mais aussi dans d’autres secteurs. Cette pandémie provoque une remise en cause de la globalisation économique. Maxime Combes

Les aides à l’installation inefficaces

 L’Etat attire les multinationales. Elles viennent s’installer et prennent des fonds publics et, un jour, elles décident de s’en aller. C’est toujours la même histoire. Dominique Méda

Avec :

•Aymeric Mottin, chef d’entreprise

•Jean-Jacques Fuan, chef d’entreprise retraité

•Dominique Meda, sociologue

•Thomas Huriez, chef d’entreprise

•Christelle, salariée La Mouette

•Maxime Combes, économiste

•Franck Lecocq, directeur du CIRED et professeur d’économie à AgroParisTech

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2–Une petite approche théorique pour détruire une fable et comprendre les avantages de la relocalisation.

Cette femme est la suivante : délocalisés une entreprise permet d’obtenir des prix de vente des biens et services moins élevés du fait notamment d’un coût de main-d’œuvre moins chère et de taxes plus faibles.

Cela paraît évident, aussi évident que c’est les soleils qui tournent autour de la terre et non inverse !

Rappelons rapidement ce qu’est un coût de production et un prix.

Un coût de production C est la somme des prix des matières premières, de l’énergie, du coup d’amortissement des machines, des coûts de gestion (matériel de bureau, location des locaux,…) M coût salarial (salaires de l’encadrement des agents d’exécution) S. On a donc : C =M +S

pour obtenir le prix hors-taxes de production, il suffit d’ajouter aux coûts de production le bénéfice (ou profit ou encore marge) B. Le prixP de production s’écrit donc : P =C +B

on notera ici B la marge nette. On parle de marge nette de marge brute selon intégration ou non des frais de vente (frais de distribution, de publicité) F. Le prix de revient R et la seule des coûts de production et des frais de vente. Donc : R = C +F =M +S +F.

Le prix de production hors-taxes P s’écrit donc : P = C + F +B =R +B

Si l’on détaille les agrégats composants le prix de production, on a donc la formule : P =M +S +F +B.

Si l’on veut être complet, il faut tenir compte des frais d’achat A des matières premières notamment lorsque celles-ci sont importées. Parlerai alors de prix de production commercial qui s’écrit alors :

P =M +S +A +F+B.

On constate donc aisément que le prix hors-taxes d’une marchandise ne dépend pas donc forcément essentiellement du coût salarial mais aussi d’autres facteurs .

Le patronat et les médias à son service mentionneront le plus souvent l’impact des coûts salariaux S et les syndicats de salariés avancent l’impact du montant du profit B.

Pour discuter sur des bases rationnelles et non purement idéologiques, il faut connaître le montant en pourcentages par rapport au global deM,S,B et aussi de A plus F.

Mais tout est fait pour pacifier cette distribution en pourcentages des agrégats tuant un prix.

Pour vivre riches, vivons caché…

Pour conclure cette partie, notons T le montant global des taxes diverses intervenant dans le prix. Le prix de vente taxe comprises s’écrit alors : V=P + T = M +S +A +F +B +T

On pourrait noter D le total des frais de distribution ou de circulation pour l’achat et la vente.

On aurait alors : D =A +F

Finalement, on aurait : V=M +S +D +B + T.

Ainsi, on dispose de quatre techniques pour diminuer ou augmenter un prix, en agissant sur chacun de ces agrégats ou sur plusieurs simultanément.

Remarquons que le circuit court et économe en publicité diminue la valeur de l’agrégat D.

Lorsqu’un produit est composé de plusieurs éléments, comme une automobile, à sa bonne, etc. chacun de ces éléments peuvent être fabriqué dans des entreprises différentes pouvant être implanté dans différents pays.

On obtient alors ce que l’on appelle une chaîne de valeurs.

Le montage, l’assemblage des pièces peut être réalisé par une entreprise particulière située en France ou à l’étranger. Le prix final du produit est donc égal à la somme des produits des éléments le constituant.

Plus le nombre d’entreprises intervenant dans la chaîne de valeur est élevée, plus la somme des profits et des frais de distribution des entreprises intermédiaires est éleée même si l’on comprime au maximum, comme c’est le cas dans une économie capitaliste mondialisée, le coût salarial et le coût des matières premières ou même encore le coût des taxes sociales et environnementales.

En relisant certaines productions dans une même entreprise et dans un même pays, on peut donc du même coup diminuer le prix final V. Dans les frais de distribution D peut intervenir des frais de transport plus ou moins élevés. Les circuits courts diminuent le montant de ces frais.

En outre, ces transports multiples augmentent les émissions de gaz à effet de serre et augmente l’empreinte carbone du produit fini. Une relocalisation industrielle stratégique pensée à la fois par l’État et les collectivités territoriales non seulement créeraient de l’emploi et redonnerait vie à des territoires abandonnés mais rapprocherait les lieux de production des consommateurs diminuant encore d’autant les frais de distribution est l’impact écologique négatif.

Cela diminuerait aussi la distance entre le domicile des travailleurs est le lieu de travail donc encore une fois diminuerait la consommation d’énergie et la pollution atmosphérique.

La relocalisation a donc de nombreux avantages outre de nous rendre moins dépendants des productions étrangères notamment pour la satisfaction de nos besoins vitaux. (Santé, énergie, moyens de communication et de déplacement, etc).

** Nécessité d’avoir une vision systémique.

Si l’on permet d’avoir des revenus exorbitants sans aucune limitation on facilite les délocalisations en permettant aux chefs d’entreprise de réaliser des profits prohibitifs et aux personnels de direction d’avoir des salaires stratosphériques.

Si l’on permet l’importation de produits fabriqués par des quasi esclaves et ne comportant aucune taxe sociale et environnementale, on favorise les délocalisations. Il faut donc pratiquer un protectionnisme rationnel et solidaire adapté à chaque pays.

Il faut aussi assurer un juste équilibre entre les cotisations sociales des salariés et des patrons, entre la fiscalité salariale et la fiscalité patronale.

D’une manière plus globale, il faut que la répartition salaires/profits au niveau de la valeur ajoutée produite au niveau local et national (PIB) soit plus juste.

** Hervé Debonrivage


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