Anne Hidalgo défend le préfet Lallement au Conseil de Paris

vendredi 18 décembre 2020.
 

Un conseil de Paris sous haute tension s’est déroulé ce mardi 15 décembre. Les élus insoumis, communistes, et EELV ont demandé la démission du préfet de police de Paris, Didier Lallement. Anne Hidalgo a pris sa défense. Insoumis et communistes sont sortis de la salle. Nouvel épisode d’une série de prises de positions controversées de la Maire de Paris ces dernières semaines.

Des tensions croissantes entre Hidalgo et sa majorité ces dernières semaines

Houleux. Le conseil de Paris qui s’est tenu ce mardi 15 décembre au soir, est venu confirmer une tendance assez nette ces dernières semaines. La Maire de Paris, Anne Hidalgo, accumule en effet les prises de positions soulevant son opposition et même… sa propre majorité. Le 21 novembre, l’édile de la capitale, invitée de Jean-Jacques Bourdin, s’était prononcée en faveur de l’article 24 de la loi Sécurité globale. Une semaine plus tard, un demi million de personne manifestait dans des cortèges impressionnants à travers le pays, pour protester contre ce projet de loi liberticide.

Le 24 juillet, la Maire de Paris applaudit Christophe Girard. Une standing ovation pour son ex-adjoint à la culture qui vient de démissionner en raison de.. ses liens avec l’écrivain accusé de pédophilie Gabriel Matzneff. Et pour une accusation de viol à son encontre. Les verts parisiens sont révoltés, et les tensions au sein de la majorité parisienne éclatent au grand jour. Et Anne Hidalgo choisit de jeter de l’huile sur le feu. Le 21 novembre, la Maire de Paris dénonce les « ambiguïtés » des élus EELV parisiens sur la République. Reprenant à son compte la ligne vallsiste. Des mots venus de l’extrême droite.

Pour ne rien arranger, la Maire de Paris choisit de réduire le budget de la culture dans la capitale. Et de soutenir la 5G. Et enfin, pour envenimer encore un peu plus la situation et empêcher son opposition de relayer les luttes au sein de l’Hôtel de Ville, la Maire de Paris décide de réduire à un le nombre de vœux par élu et par séance au conseil de Paris.

Le préfet Lallement mis en cause pour l’accumulation de violences policières dans la capitale

Les élus insoumis, communistes et EELV ont profité de ce nouveau conseil de Paris, pour demander la démission du préfet de police de Paris, Didier Lallement. Mis en cause dans une triste série de violences policières dans la capitale, le préfet est pourtant toujours en poste. Le 8 mars, le préfet avait fait férocement réprimer la mobilisation pour la journée internationale des droits des femmes. Les images de manifestantes tirées par les cheveux dans les bouches de métros parisiennes avaient fait le tour de la planète.

Connu pour sa répression féroce du mouvement des gilets jaunes, sa doctrine de confrontation, au « contact » des manifestants, le préfet est venu ajouter deux nouveaux scandales de violences policières à son sanglant palmarès. Le lundi 23 novembre, les violences policières se sont déchaînées place de la République, puis dans les rues de Paris. Des enfants piétinés et frappés par des CRS, un journaliste tabassé au sol. Dans la même semaine, un nouveau scandale éclate, avec l’affaire Michel Zecler, qui fait l’effet d’une déflagration dans le pays. Provoquant une crise politique jusqu’au sommet de l’État.

Ce mardi 15 décembre au conseil de Paris, l’élue insoumise Danielle Simmonet choisit donc de s’adresser directement au préfet Lallement, présent aux côtés d’Anne Hidalgo. « Votre stratégie de maintien de l’ordre est contraire aux fondamentaux de notre République. C’est le choix de l’escalade de la violence (…) Vous incarnez de fait le bras armé d’un pouvoir autoritaire totalement à la dérive. »

Hidalgo défend le préfet Lallement, insoumis et communistes quittent la salle

Les élus insoumis, communistes et verts demandent donc le départ du préfet. La Maire de Paris, visiblement agacée, coupe le micro de l’élue insoumise. Puis prend la parole, pour… prendre la défense du préfet. « Les responsables politiques n’ont pas à s’attaquer aux fonctionnaires » affirme Anne Hidalgo. La Maire de Paris méconnaît visiblement l’article 15 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Il stipule que : « la société a droit de demander compte à tout agent public de son administration »

Ce soutien au préfet Lallement, la goutte d’eau pour nombre d’élus parisiens. Lorsque le préfet, assis symboliquement aux côtés d’Anne Hidalgo, prend la parole, les élus insoumis et communistes sortent de la salle. Réponse de la Maire : « Sortez si vous voulez, ça ne me dérangera pas beaucoup. » Nouvelle preuve du mépris d’Anne Hidalgo pour l’opposition démocratique.

Dans une tribune « Mme Hidalgo, n’empêchez pas nos mobilisations d’être relayées au Conseil de Paris ! », 125 militants associatifs, syndicalistes et politiques alertaient déjà sur le déni de démocratie et la limitation à un seul vœux par élu et par séance au conseil de Paris. Sa nouvelle marque de mépris à l’égard de l’opposition et sa défense du préfet Lallement placent Anne Hidalgo dans une position délicate. Alors que le pays a connu des vagues de mobilisations historiques contre les violences policières ces derniers mois.

Par Pierre Joigneaux.


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