Crues de Paris : Quelle prévention et quelle gestion des inondations ?

lundi 8 février 2021.
 

Ces risques qui ont toujours existé mais prennent dorénavant une toute autre dimension en raison de fortes perturbations climatiques provoquées par les activités humaines notamment par l’émission massive de gaz à effet de serre et les fortes modifications apportées à l’environnement naturel) urbanisation, déforestation,…)

Il en résulte que les aléas climatiques deviennent de plus en plus fréquent et violents et les responsables politiques, même si quelques efforts d’anticipation ont été réalisés, n’arrivent pas à prendre la mesure de l’ampleur des catastrophes climatiques avenir et en particulier dans le domaine des inondations.

L’incapacité des néolibéraux à anticiper une crise sanitaire par exemple en supprimant 100 000 lits d’hôpitaux en 20 ans et en détruisant 80 % de nos capacités à produire des médicaments témoigne de leur indigence intellectuelle et de leur imprévoyance alors que ces derniers veulent donner des leçons de comptabilité à l’aune exclusive des économies budgétaires !

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1–la gestion des risques climatiques.

Source : Sénat ; URL source : https://www.senat.fr/rap/r18-628/r1...

la gestion des risques climatiques et l’évolution de nos régimes d’indemnisation 3 juillet 2019 :

rapport d’information Par Mme Nicole BONNEFOY au nom de la MI sur la gestion des risques climatiques

« Le changement climatique, ainsi que la contribution des activités humaines à ce phénomène, constituent désormais des réalités incontestables. Ces évolutions climatiques ont un impact considérable sur l’intensité et la fréquence de certains aléas naturels, dont il reste à pleinement prendre la mesure.

Conjuguées à des décisions humaines en termes d’installation et d’aménagement contribuant à concentrer les activités et les habitations dans des zones à risques, l’intensification et la multiplication des aléas climatiques vont contribuer à accroître considérablement notre exposition aux risques dans un avenir proche. Cette tendance aura pour conséquence d’accroître le recours aux systèmes d’indemnisation des dommages résultant de ces aléas, sauf à renforcer significativement notre politique de prévention et à privilégier un aménagement plus durable face aux risques.

En d’autres termes, l’humanité contribue directement à l’importance de certaines catastrophes naturelles qui la frappent, d’une part par son impact sur le changement climatique, d’autre part, via ses choix de vie et d’aménagement ainsi que par l’existence ou au contraire l’absence de mesures de prévention adaptées. Cette responsabilité collective et individuelle semble d’autant plus importante à rappeler que l’acceptabilité des situations de risque et la faculté à les appréhender restent faibles dans notre pays. »

On peut lire le document complet en utilisant le lien précédent. Voici une belle synthèse introductive à laquelle on ne peut que souscrire, mais encore faut-il que les moyens humains, organisationnels et matériels soient à la hauteur des préconisations et des besoins.

On se préoccupe ici des risques d’inondations importantes causées par les aléas climatiques.

2–Typologie des inondations.

Source : Wikipedia. Les inondations.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Inondation

La typologie des inondations d’origine climatique retenue en France depuis 1992 est présentée dans le tableau ci-dessous (voir le site Wikipédia).

-Les inondations d’origine climatique non pluviométrique peuvent être liées à la fonte des neiges ou aux marées de tempêtes, c’est pourquoi les submersions marines ont été prises en compte dans ce tableau.

Les inondations d’origine non climatique, liées par exemple à des phénomènes comme les tsunamis, les éruptions volcaniques sous-glaciaires, des ruptures de lacs glaciaires ne concernent pas la France, tout au moins pour la période considérée. Les inondations à la suite d’une rupture de barrage constituent un aléa spécifique à part entière, n’entrant pas dans le cadre des aléas naturels, et ne sont donc pas développées dans le présent article.

Nature de l’inondation ; ;Phénomène générateur Caractéristiques ; Conséquences

–Inondation de plaine Débordement de cours d’eau La rivière sort de son lit mineur lentement et peut inonder la plaine pendant une période relativement longue. La rivière occupe son lit moyen et éventuellement son lit majeur. La montée lente permet généralement l’annonce des crues et l’évacuation des personnes menacées. Néanmoins, la sécurité des personnes est parfois compromise, le plus souvent par non-respect des consignes ou par méconnaissance du risque.

–Inondation par remontée de nappe Affleurement puis débordement de la nappe phréatique Lorsque le sol est saturé d’eau, il arrive que la nappe affleure et qu’une inondation spontanée se produise. Ce phénomène concerne particulièrement les terrains bas ou mal drainés et peut perdurer. Des cartes des remontées de nappes par commune ont été établies par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Submersion de la voirie et des constructions de tout un quartier.

– Inondation rapide ou crue torrentielle Formation rapide de crue torrentielle consécutive à des averses violentes Lorsque des précipitations intenses tombent sur tout un bassin versant, les eaux ruissellent et se concentrent rapidement dans le cours d’eau, d’où des crues brutales et violentes dans les torrents et les rivières torrentielles. Le lit du cours d’eau est en général rapidement colmaté par le dépôt de sédiments et des bois morts peuvent former des barrages, appelés embâcles. Lorsqu’ils viennent à céder, ils libèrent une énorme vague, qui peut être mortelle. Ces crues sont souvent dévastatrices et meurtrières.

– Inondation par ruissellement pluvial urbain Crues rapides des bassins périurbains à la suite d’importantes précipitations L’imperméabilisation du sol (bâtiments, voiries, parkings, etc.) limite l’infiltration des pluies et accentue le ruissellement, ce qui occasionne souvent la saturation et le refoulement du réseau d’assainissement des eaux pluviales. Il en résulte des écoulements plus ou moins importants et souvent rapides dans les rues4. Submersion de la voirie et des constructions de tout un quartier par l’eau de ruissellement.

– Submersion marine Élévation du niveau de la mer Les tempêtes provoquent des trains de houle qui, s’ils sont dirigés face aux côtes, peuvent déferler et envahir le littoral. Ces fortes vagues touchant la côte sont accentuées à marée haute particulièrement quand le coefficient de marée est plus haut que la moyenne, c’est-à-dire quand il y a surcote. Les surcotes et décotes sont les différences entre la marée prédite et la hauteur d’eau observée. Plus la dépression accompagnant la tempête est creuse plus la surcote sera accentuée

Submersion de l’espace littoral (voirie, constructions, équipements) par l’eau de mer. Ces crues peuvent être dévastatrices si elles occasionnent la rupture de digues protégeant des habitations ou groupes d’habitation.

3–Stratégie nationale de gestion des risques d’inondation.

Source : ministère de la transition écologique https://www.ecologie.gouv.fr/preven...

Commentaire HD :

magie il est toujours intéressant de savoir si votre commune dispose d’un Programme d’Action de Prévention des Inondations. (PAPI). Les dispositifs prévus dans cette stratégie nationale sur les risques d’inondation sont certes bien fondés, mais encore faut-il que les moyens matériels et humains, donc financiers soient suffisants pour qu’ils soi ent efficaces et même tout simplement effectifs.

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4– Deux exemples d’inondations de typologies différentes

a) Inondation : du j « amais vu » : l’exemple récent de pluies diluviennes dans les Alpes-Maritimes Source : Météo-France. 02/10/2020 https://www.meteo-paris.com/actuali...

* b)Les menaces de la mère contre les côtes françaises se multiplient. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

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5– la plus grosse catastrophe écologique du XXIe siècle prévisible.

Il n’est pas question ici de développer tous les aspects de la prévention des risques d’inondation notamment région par région. Nous venons d’indiquer deux exemples récents d’inondation de types différents. L’article de Wikipédia précédemment mentionné est relativement complet. On n’y trouve en particulier un historique des grandes inondations en France et les risques d’inondation par région.

Nous fixerons notre attention sur un risque de catastrophe majeure par inondation concernant au moins 6 millions d’habitants et qui pourrait s’avérer être la plus grosse catastrophe écologique du XXIe siècle.

Il s’agit du risque de l’inondation totale de Paris, de sa proche banlieue et de toutes les villes en bordure de la Seine et de ses affluents en amont. Sachant que 30 % du PIB de la France est produite dans cette région, il en résulterait une récession économique du même ordre de grandeur au moins que celle résultant de la crise sanitaire actuelle.

Un rapport de l’OCDE de 2014 a déjà sonné l’alarme sur ce risque. Une crue d’une importance au moins égal à celle de 1910 dans les années à venir est tout à fait possible en raison notamment des aléas climatiques brutaux dus au réchauffement climatique.

Paris et sa banlieue, ainsi que de nombreuses villes en bord de rivière, sont en partie protégés par quatre Grands Lacs réservoir (voir description ci-dessous).

A propos de l’ampleur de la crue de 1910.

Le paragraphe 16 ci-dessous fait référence à un reportage documentaire de France 3 de 2015 qui rend très concret cette menace.. En visionnant cette vidéo, le lecteur comprendra l’intérêt de notre choix.

La construction de nouveaux ouvrages est nécessaire et nous allons ici examiner plus en détail cette question.

Deux sortes que si le lecteur de cet article apprend dans les prochaines années, notamment par la voie d’émissions de radio de télévision spectaculaire que Paris est sous les eaux, des centaines de routes et d’autoroutes détruites, des immeubles effondrés par milliers, car patrimoine culturel de plusieurs dizaines de milliards d’euros et détruits, il pourra se dire : mais tout cela était prévisible, et on a rien fait ou en tout cas les ouvrages réalisés se sont avérés ridiculement insuffisants.

Ce ne sera pas la faute des experts météorologues,, ingénieur en hydrologie qui auront planché sur cette question : ce sera la faute exclusive des responsables politiques incompétents et aveuglés par une idéologie comptable, mercantile et un fanatisme néolibéral.

Tout cela n’est pas impossible lorsque l’on constate que 100 000 lits d’hôpitaux ont été détruits en 20 ans malgré non seulement la mise en garde du corps médical, mais des avis des spécialistes en épidémiologie. Là encore, une idéologie aveugle et dogmatique a prévalu sur une démarche rationnelle servant intérêt général.

On ne peut pas simultanément laisser se déverser indûment près de 400 milliards d’euros dans les poches d’une caste d’actionnaires fortunés et avoir un état protecteur et planificateur défendant des services publics robustes sur le long terme.

6.– Sur la gestion des risques d’inondation de Paris Île-de-France

Source : OCDE

https://www.oecd.org/fr/gov/etude-d...

Selon un rapport Paris doit se préparer pour réduire le risque d’une inondation de la Seine aux dommages potentiels élevés

Cette étude a évalué qu’une inondation majeure de la Seine pourrait affecter 5 millions de citoyens de la métropole francilienne et causer jusque 30 milliards d’euros de dommages directs. La croissance, l’emploi et les finances publiques pourraient être aussi affectés.

La métropole francilienne est fortement exposée au risque d’une inondation par débordement de grande ampleur de la Seine, telle que celle qui s’est produite en 1910. Une crue majeure, au cœur de la plus importante métropole économique d’Europe continentale, pourrait causer des dégâts considérables. Les récentes inondations en Europe ou celles liées à la tempête Sandy à New York en 2012 ont démontré l’impact dévastateur que de tels évènements pouvaient avoir aujourd’hui sur le fonctionnement des infrastructures, le bien-être des citoyens et l’économie des grands ensembles urbains.

Consultez la publication en ligne | Rapport d’étape (2018)

L’Étude de l’OCDE sur la gestion du risque d’inondation de la Seine en Île-de-France a été présentée aux autorités françaises Vendredi 24 Janvier 2014 en présence de M. Rolf Alter, directeur de la gouvernance publique et du développement territorial de l’OCDE, M. Jean Daubigny, préfet de Paris, coordonnateur de bassin Seine-Normandie, M. Frédéric Molossi, président de l’Établissement public territorial de bassin (EPTB) Seine Grands Lacs, et Mme Margareta Wahlstrom, représentante spéciale des Nations Unies sur la prévention des risques.

L’étude a été réalisée à la demande de l’EPTB Seine Grands Lacs, en partenariat avec le Ministère de l’Écologie et le Conseil régional d’Île-de-France.

Études de l’OCDE sur les politiques de gestion des risques Informations complémentaires :

Pour plus d’informations sur cette étude, veuillez contacter charles.baubion@oecd.org

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Petit commentaire Hervé Debonrivage

D’autres documents indiquent que la population concernée par une telle inondation serait de 6,5 millions de personnes et le coût direct de 40 milliards d’euros..

On ne parle ici que de Paris, mais c’est un nombre considérable de villes, notamment celles situées en bord de Marne par exemple qui serait aussi affectée par la crue de la Seine et de ses affluents.

En réalité, en tenant compte des coûts indirects, c’est plus de 100 milliards d’euros que pourrait coûter une telle catastrophe dite naturelle.

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7–Projet de lac-réservoir de la Bassée

Source : Site de Noyen sur Seine http://www.noyensurseine.fr/dossier...

Les lacs réservoirs "anti-crues".

Le projet lac-réservoir de la Bassée.

A l’étude depuis les années 1990, l’idée de creuser un 5e lac dans la vallée de la Bassée a été véritablement lancée dès 2001. Le projet a cependant été révisé au fil des études pour devenir, à l’issue de la phase de concertation de 2011-2012, un site pilote plus modeste, que celui initialement prévu. Il est basé sur un système non plus de stockage permanent mais de casiers qui se remplissent en cas de montée des eaux de la Seine. La phase de concertation initiée en novembre 2013 a permis d’aboutir au choix du site pilote test qui s’étend sur les communes de Chatenay-sur-Seine, Egligny, Balloy et Gravon. Il nécessite la construction de 7,5 kms de digues.

Lac-réservoir Bassée Piloté par l’établissement public territorial de bassin, il est en outre plus que jamais revenu d’actualité après la crue de juin 2016. De fait, face aux menaces d’inondations de la Seine, les 4 lacs réservoirs existant- Der-Chantecoq (sur la Marne), Temple et Amance (sur l’Aube), Orient (sur la Seine), Pannecière (sur l’Yonne)- s’avèrent insuffisants. Ainsi le projet de la Bassée consiste à retenir les eaux de la Seine au moment du passage de la crue de l’Yonne en pompant et stockant dans des casiers l’eau du fleuve au moment du pic de crue. Cet aménagement serait constitué d’unités de stockages remplies par pompage. Le projet est délimité sur 2300 ha d’aires de sur-stockage au plus près de la confluence, avec un volume de stockage de 55 millions de m3. La gestion de l’ouvrage est basée sur une gestion en temps réel fixée à 3 jours pour les crues de la rivière et du fleuve. L’ouvrage serait utilisé en moyenne tous les 5 à 6 ans pendant 2 à 2,5 semaines.

Le programme représenterait une baisse supplémentaire de 20 à 60 cm de hauteur d’eau en moyenne suivant les crues et les lieux. Couplé aux 4 lacs réservoirs, ils permettront de maintenir la Seine en dessous du niveau d’apparition des principaux dommages (6,20 m à Austerlitz). Le casier pilote pourrait présenter une capacité de stockage allant jusqu’à 10 millions de m3 d’eau pour un montant total n’excédant pas 100 millions d’€, avec un effet notable d’abaissement de la ligne d’eau en cas de crue majeure avec un gain d’environ 5 cm à Paris.

Ce projet qui poursuit le double but de diminution des niveaux de la Seine en crue et de valorisation écologique du territoire de la Bassée aval, s’inscrit dans une perspective de développement durable.

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8–La gestion actuelle des quatre Grands Lacs–réservoirs.

Contrôle et sécurité des ouvrages Source : Seine Grands Lacs https://seinegrandslacs.fr/exploita...

Au-delà des actions menées au quotidien, l’exploitation des ouvrages est également rythmée par :

Des visites techniques approfondies (VTA) qui sont effectuées sur les ouvrages. Ces visites sont organisées par les exploitants avec l’assistance d’un bureau d’études spécialisé et permettent d’identifier les désordres nouveaux et d’appréhender l’évolution des désordres anciens afin de proposer une programmation des réparations à venir en fonction de leur degré de priorité.

Les inspections annuelles menées par les services de l’Etat (DREAL) ayant pour objectif de s’assurer du bon état de fonctionnement et de surveillance des ouvrages.

Une étude de dangers (EDD) pour les barrages qui explicite les risques pris en compte pour les ouvrages, détaille les mesures aptes à les réduire et précise les risques résiduels une fois mises en œuvre les mesures précitées. L’étude de dangers comprend un diagnostic exhaustif de l’état des ouvrages et évalue les conséquences des dégradations constatées sur la sécurité. Elle est actualisée tous les 10 ans pour les ouvrages de classe A et tous les 15 ans pour les ouvrages de classe B.

Travaux en régie

C’est au rythme des saisons que les 39 agents entretiennent et surveillent quotidiennement le patrimoine très diversifié de l’EPTB, bucheronnage en hiver, fauchage et broyage au printemps et en été, nettoyage des ouvrages et des fossés à l’automne ou dégrillage des prises d’eau en période de fortes dérivations. C’est, en effet, plus de 12 000 ha de terrains en majeure partie composée d’espaces verts, 67 km de canaux, près de 40 km de digues, de nombreuses infrastructures en béton, un patrimoine bâti important ainsi qu’un parc d’engins agricoles dont il faut assurer la maintenance courante. C’est lors d’événements particuliers comme les crues, que les agents en astreinte 24h/24h pour des opérations de surveillance font preuve d’un savoir-faire et d’une disponibilité jamais pris en défaut.

9 Alerte sur l’insuffisance des Grands Lacs pour protéger Paris et sa banlieue d’une catastrophe majeure.

Prévention des risques d’inondation : un persistant déni bureaucratique

par Marc Laimé, 13 décembre 2016

http://dwww.eauxglacees.com/Prevent...

Interrogé par un sénateur francilien le ministère de l’Aménagement du territoire, a transmis la patate chaude à celui de l’Environnement (ce qu’il en reste), qui noie sous un invraisemblable galimatias bureaucratique la question du financement d’un nouveau dispositif de retenue en Seine et Marne, à l’étude depuis plus de 20 ans…

- La question écrite n° 22322 de M. Christian Cambon (Val-de-Marne - Les Républicains), publiée dans le JO Sénat du 16/06/2016 - page 2619 :

« M. Christian Cambon attire l’attention de M. le ministre de l’aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales concernant la situation des barrages en Île-de-France.

Aux mois de mai et juin 2016, l’Île-de-France a été le théâtre d’une crue qu’elle n’avait pas connue depuis plus de trente ans. Rien qu’à Paris, le niveau de la Seine est monté à plus de 6 mètres.

Depuis la crue centennale de 1910 où l’eau avait atteint les 8 mètres, Paris et son bassin sont protégés par un système de quatre réservoirs. Il s’agit des lacs de la Marne, de l’Aube, de la Seine et de la Pannecière. Ces quatre ouvrages ont la capacité de retenir plus de 830 millions de mètres cubes d’eau. Ils ont pour objectif de prévenir en amont le risque d’inondation et d’assurer un débit constant des cours d’eau tout au long de l’année.

Or, depuis quelques années, les quatre barrages sont remplis volontairement au printemps afin de prémunir la région du risque de sécheresse (l’été Note Eaux glacées). Ainsi, à la veille des intempéries, les réservoirs étaient quasiment pleins.

Depuis 2001, un projet de création d’un cinquième réservoir est prêt. Spécialement dédié aux intempéries, celui-ci resterait à son niveau le plus bas tout au long de l’année. De ce fait, en cas de nouvelles intempéries, il pourrait atténuer l’impact d’une nouvelle crue.

Tandis que les climatologues prévoient une pluviométrie plus importante dans le nord du pays dans les années à venir, les travaux n’ont pour le moment toujours pas débuté.

Les experts sont unanimes, Paris connaîtra une crue centennale comparable à celle de 1910. Un rapport de l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) datant de 2013 évalue les coûts d’une telle catastrophe à 40 milliards d’euros de dégâts, sans compter la paralysie de l’économie française qu’elle entraînerait. En effet, 30 % du produit intérieur brut (PIB) est francilien.

Aussi, au regard du risque probable de nouvelles inondations et face à ce constat, souhaite-t-il savoir quelle stratégie entend prendre le Gouvernement en matière de barrage afin d’éviter de revivre une pareille situation. Il lui demande si des dispositifs sont à l’ordre du jour afin d’accélérer la construction d’un cinquième réservoir. »


 - La réponse du Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer, chargé des relations internationales sur le climat, publiée dans le JO Sénat du 08/12/2016 - page 5367 :

« La prévention des risques d’inondation constitue un des axes essentiels de la politique de prévention des risques naturels confiée au ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer chargé des relations internationales sur le climat.

Cette politique, qui met en œuvre les dispositions prévues par la directive inondation, s’appuie sur une stratégie nationale de prévention des risques d’inondation (SNGRI) élaborée dans le cadre d’une très large concertation avec les associations nationales de collectivités territoriales et adoptée en 2014.

Elle rappelle notamment qu’il ne peut pas y avoir de réponse unique face au risque d’inondation et que c’est par la complémentarité d’actions sur l’aménagement des territoires, la préparation et la gestion de crise, et sur les crues que l’action publique peut répondre à ce défi.

La stratégie nationale se traduit au niveau de chacun des grands bassins hydrographiques par un plan de gestion des risques d’inondation (PGRI). Ces plans ont été approuvés en décembre 2015 et ont une portée juridique notamment sur les documents d’urbanisme.

Les PGRI doivent notamment se décliner au niveau de chacun des 122 territoires à risque important d’inondation (TRI) par une stratégie locale de prévention des risques d’inondation (SLGRI) portée conjointement par l’État et les collectivités locales concernées.

C’est dans ce contexte de concertation et de partage des connaissances et des diagnostics que doit s’inscrire la prévention des inondations en Île-de-France.

Des pluies d’une intensité exceptionnelle du 28 au 30 mai 2016 ont entraîné des crues importantes qui se sont développées sur le Loing et divers affluents secondaires de la Seine en Île-de-France, à l’origine d’une montée importante de la Seine atteignant 6,10 mètres au pont d’Austerlitz.

Ces inondations ont touché principalement le Loiret et l’Île-de-France, de façon moindre les communes riveraines de la Seine jusqu’à Poses.

Cet événement a conduit à une mobilisation très importante de l’ensemble des collectivités locales concernées qui, aux côtés des services de l’État, ont mis en œuvre les actions de mise en sécurité et de solidarité qui ont permis de limiter au minimum possible les conséquences de ces crues.

Néanmoins, le bilan est lourd et, après les mesures de gestion de la crise, il convient de conduire une analyse approfondie des situations qui se sont produites et tirer les enseignements nécessaires.

Le Premier ministre vient de confier au préfet de la région d’Île-de-France, préfet de Paris et préfet coordonnateur du bassin Seine Normandie, une mission d’évaluation du fonctionnement hydrologique du bassin de la Seine portant à la fois sur la gestion des crues et sur la gestion du soutien des étiages.

Elle associera étroitement l’ensemble des collectivités territoriales concernées pour réaliser un diagnostic partagé de la situation et pour faire émerger des propositions partagées pour améliorer la prévention des inondations sur le bassin et notamment pour l’agglomération parisienne.

Le changement climatique est d’ailleurs un facteur aggravant qui sera pris en compte.

Le diagnostic sur le fonctionnement hydrologique du bassin et les principales pistes d’amélioration envisagées sont attendus à l’automne. (L’automne est tardif à Roquelaure… Note Eaux glacées).

S’agissant du projet de la Bassée porté par l’EPTB Seine Grands Lacs, il convient de noter que les études préalables bénéficient déjà du soutien financier de l’État.

L’intégration de ce projet pourra naturellement se faire, si c’est jugé opportun, dans l’ensemble des propositions qui se dégageront de la concertation qui sera conduite à la suite des récents événements et en tenant le plus grand compte des enseignements qui en seront tirés.

Il est par ailleurs à rappeler que la construction d’ouvrages ne peut être la seule réponse à une gestion efficace des inondations, ces ouvrages ne permettant pas de faire disparaître le risque. Il convient également de s’interroger sur nos modes d’urbanisation des territoires inondés ainsi que sur la culture du risque de nos concitoyens. » ** On connaissait « Eviter, réduire, compenser », le nouveau mantra des bétonneurs en furie. Pour les inondations, ça donne : Concerter, concevoir un projet « partagé », en tirer les enseignements, améliorer la résilience, puis une fois fait tout ça s’interroger sur nos modes d’urbanisation, et ne rien faire… Parfait résumé de l’action de ce ministère (ce qu’il en reste) depuis 5 ans.

(Fin de l’article du blog)

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Un an plus tard…

10–Inondation : le projet du lac de la Bassée revient en force.

Source : Les Échos https://www.lesechos.fr/2017/10/ino...

Par Marion Kindermans. Publié le 4 oct. 2017

Le projet du lac de la Bassée, piloté par l’établissement public territorial de bassin (EPTB) Seine Grands Lacs, est dans les cartons depuis une bonne vingtaine d’années. Il est revenu dans l’actualité après la crue de juin 2016, qui a coûté plus d’un milliard d’euros en Ile-de-France. Face aux menaces d’inondations de la Seine, les quatre lacs réservoirs existant - Der-Chantecoq (sur la Marne), Temple et Amance (sur l’Aube), Orient (sur la Seine), Pannecière (sur l’Yonne) - ne suffisent pas.

L’idée de creuser un cinquième lac dans la vallée de la Bassée, en Seine-et-Marne, a été lancée en 2001. Le projet a été revu à la baisse au fil des études pour devenir, à l’issue de la phase de concertation de 2011-2012, un site pilote plus « modeste ». Il est basé sur un système non plus de stockage permanent mais de casiers qui se remplissent en cas de montée des eaux de la Seine.

7,8 kilomètres de digues

Les porteurs du projet, enrichi d’un programme de valorisation écologique, ont retenu en 2015 un site à cheval sur les communes de Châtenay-sur-Seine, Egligny, Balloy et Gravon. Cet aménagement sur une surface de 372 hectares, qui nécessite de construire 7,8 kilomètres de digues, permettrait de stocker 8,8 millions de mètres cubes d’eau.

Hors période de crue, le site serait ouvert à la vie quotidienne. En cas de montée des eaux, les bassins se rempliraient en deux à trois jours. Le coût est évalué à 100 millions d’euros. « Cet aménagement, à un point très sensible de jonction entre la Seine et l’Yonne, n’empêchera pas les inondations mais permettra de ralentir le phénomène », indique Frédéric Molossi, président de l’EPTB.

L’effet attendu est un affaissement de la ligne d’eau de 5 cm en moins à Paris. A terme, il pourrait y avoir une dizaine de casiers pour stocker 55 millions de mètres cubes.

Petits affluents

Le projet, qui fait partie du Plan programme d’actions de prévention des inondations (PAPI) de la Seine-et- Marne, rencontre la résistance des associations écologiques. Il a été présenté lors du débat public en même temps qu’un autre de plus grande ampleur, celui du creusement d’un canal grand gabarit par VNF qui effraie les défenseurs de l’environnement. « La concomitance des deux a brouillé le message », décrypte Frédéric Molossi. Mais paradoxalement, leur opposition s’est aussi renforcée après la crue de 2016. Alors que l’Etat a conclu à l’urgence du projet, France Nature Environnement (FNE) Seine-et-Marne a durci le ton. « Quel est le bien-fondé de ce projet gigantesque alors que les crues de l’an dernier ont eu lieu bien plus en aval, par le débordement des petits affluents, le Loing, l’Yerres, l’Orge. Les bassins de la Bassée n’auraient rien empêché », décrit Bernard Bruneau, président de l’association, qui s’inquiète aussi sur l’impact sur la biodiversité.

Reste aussi - et par-dessus tout - à régler la question du financement. L’enquête d’utilité publique est prévue pour 2019, avec un premier coup de pioche envisagé vers 2021.

Un an plus tard

11– Avancée du projet de la Bassée

Source : Sénat https://www.senat.fr/questions/base...

Question écrite n° 03225 de Mme Catherine Procaccia (Val-de-Marne - Les Républicains)

publiée dans le JO Sénat du 15/02/2018 - page 631

Mme Catherine Procaccia appelle l’attention de M. le ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire sur le site pilote de la Bassée. Le site de la Bassée, projet d’ouvrage de stockage temporaire des crues qui a fait l’objet d’une concertation publique en 2012 pour permettre d’emmagasiner environ 10 millions de m3 d’eau, pour un coût global de 110 millions d’euros, est depuis six ans toujours au point mort.

Tandis que le dernier bilan du 4 février 2018 fait état de 466 foyers coupés d’électricité et de 224 foyers de gaz à la suite des inondations dans le seul Val-de-Marne, il apparaît urgent d’accélérer le dossier pour mettre en œuvre ce projet de bassin réservoir pour aider à la diminution des niveaux de la Seine en crue.

À ce jour, la GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) multiplie les colloques sur ce thème, mais aucun tour de table financier n’a été organisé à l’initiative de l’État pour donner les moyens à l’établissement public territorial de bassin (EPTB) afin que ce projet aboutisse rapidement.

Aussi, compte tenu des enjeux considérables de ces digues, qui serviraient à abaisser le niveau de l’eau de cinq à dix centimètres et seraient en mesure d’éviter une redite des inondations que nous venons de vivre, elle aimerait savoir si le Gouvernement entend intervenir pour que ce projet soit financé et se concrétise dans les meilleurs délais.

Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire

publiée dans le JO Sénat du 29/03/2018 - page 1527

Pour ce qui concerne le projet de la Bassée, l’État s’est engagé, dès la labellisation du programme d’actions de prévention contre les inondations (PAPI) Seine et Marne francilienne porté par l’établissement public territorial de bassin (EPTB) Seine Grands Lacs en 2013, à financer à hauteur de 50 % au titre du Fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM) les études relatives à ce projet.

Lors de la révision à mi-parcours en 2016, l’État a confirmé son engagement, certaines études nécessaires pour envisager la construction de l’ouvrage lui-même et valider son subventionnement n’étant pas finalisées (analyse coût-bénéfice, précisions concernant ses conditions de déclenchement). S’agissant d’un projet important pour le territoire francilien, tant en termes d’impacts environnementaux à maîtriser qu’en termes d’effets pour la prévention des risques et en raison de son coût, il est nécessaire de valider l’ensemble des hypothèses et des études avant d’envisager sa mise en place, avec un calendrier ambitieux.

Dans le cadre de la réalisation de ces études et la préparation des différents documents réglementaires visant à autoriser le projet, les services de l’État se mobilisent afin d’accompagner l’EPTB Seine Grands Lacs, porteur de projet, et permettre la finalisation des études préliminaires et une instruction rapide du dossier lors de sa phase d’autorisation. Le financement des travaux par l’État au titre du FPRNM sera soumis à l’avis de la commission mixte inondation lors d’un prochain PAPI, actuellement prévu à l’échéance 2019-2020.

Mais, il convient également de mobiliser les autres financeurs. En tout état de cause, ce dossier est particulièrement suivi par le préfet de la région d’Île-de-France, qui porte la plus grande vigilance sur la maîtrise des délais. Cette phase travaux est par ailleurs à articuler avec le positionnement des différents acteurs sur les modalités de reprise par les collectivités de la compétence GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations). Aussi les discussions sur le plan de financement des travaux du casier pilote ne pourront intervenir qu’une fois que les positions auront été clarifiées dans le cadre des discussions en cours sur le Grand Paris et sur les évolutions législatives associées sur la compétence GEMAPI.

(Fin de ces interventions)

** Commentaire HD

On peut être éberlué de la teneur d’une telle réponse alors que le dossier est en cours depuis 30 ans ! Les esprits naïfs et à faible culture politique, devant une telle réponse, have corrompt la responsabilité de la « lourdeur administrative, de la bureaucratie technocratique », ce qui n’est pas évidemment complètement faux.

Non, il s’agit simplement de la mise en œuvre d’une politique néolibérale qui ne veut pas investir suffisamment dans les projets de service public et les investissements de l’État sur le long terme.

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12–Les limites de l’unicité d’une solution préventive.

Mais pourquoi ne peut-on pas empêcher la Seine de déborder ?

Source : LCI. Matthieu Jublin

https://www.lci.fr/societe/crues-vi...

INONDATIONS - Pour éviter que la crue record de 1910 ne se reproduise, la France a construit au siècle dernier des lacs artificiels en amont de la Seine. Mais ce système ne peut empêcher toutes les crues.

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Comme en 2016, la Seine risque d’atteindre un niveau de plus de 6 mètres, inondant les quais parisiens et occasionnant son lot de dangers et de difficultés. Pour limiter les dégats, un réseau d’ouvrages h à la fin ydrauliques et de lacs-réservoirs artificiels existe déja. Leur but : contenir les crues de la Seine en hiver et maintenir un débit minimal en été.

Ce réseau est géré par l’établissement public territorial de bassin (EPTB) Seine Grands Lacs. Sa première mission est de gérer les quatres grands lacs construits entre 1949 et 1990 : le lac de Pannecière, le lac Seine, le lac Marne et le lac Aube.

Comment ça marche ?

Le principe est simple : en hiver, quand le débit des fleuves est élevé, ces lacs se remplissement progressivement, ce qui permet de modérer le débit en aval et donc d’éviter de trop grandes crues, tout en remplissant le lac-réservoir en prévision de la sécheresse estivale.

Quand l’été vient et que le débit du fleuve baisse, le lac-réservoir rejette l’eau accumulée pour permettre aux fleuves d’alimenter la population. Un cycle illustré dans cette vidéo produite par l’EPTB.

La localisation de ces lacs "ne doit rien au hasard : c’est une question géologique, ils ont été situés au seul endroit où les sols sont imperméables", indiquait Stéphane Demerliac, chargé de projet à l’EPTB, à 20 Minutes en 2016, lors de la précédente crue. "Comme on a besoin de stocker de l’eau, il faut que le sol de la cuvette du lac soit imperméable. Sinon, l’eau partirait tout de suite toute seule dans la nappe", poursuivait-il.

Pourquoi ces lacs n’empêchent-ils pas toutes les crues ?

Les quatre lacs artificiels "ont été pensés pour réduire la valeur des crues et non pas pour la supprimer complètement", expliquait encore Stéphane Demerliac, lors de la crue précédente. "Il y a plusieurs raisons à cela. Les lacs sont très loin en amont, donc il y a plein d’affluents intermédiaires sur la route des lacs. Donc, même s’ils étaient suffisamment grands, on ne pourrait pas stocker cette eau en plus de celle qui s’accumule pendant une période de crue", détaillait-il.

Ce mardi, selon Sébastien Brana, administrateur du site infoclimat.fr, le taux de remplissage des quatre lacs avait atteint 80%, pour une capacité totale de plus de 800 millions de mètres cubes. Ceux-ci permettent d’atténuer le débit de 520 mètres cubes d’eau par seconde.

Un cinquième lac pour pallier les insuffisances des quatre autres ?

Un projet d’un cinquième réservoir fait débat. Le lac de la Bassée, située dans la vallée de la Bassée, en Seine-et-Marne, est à l’étude depuis 2001. Pour le construire au niveau de la confluence Seine-Yonne, rappellent Les Échos, il faudrait ériger 7,8 kilomètres de digues et dépenser environ 100 millions d’euros.

De quoi permettre, selon le quotidien, un "affaissement de la ligne d’eau de 5 cm en moins à Paris". Mais des associations écologistes contestent l’utilité du projet et affirment que la crue de 2016 a eu lieu "bien plus en aval, par le débordement des petits affluents, le Loing, l’Yerres, l’Orge. Les bassins de la Bassée n’auraient rien empêché".

Mais, même avec ce cinquième lac, une crue équivalente à celle de 1910 ne pourrait être contenue. Il faudrait pour cela pouvoir retenir 7 milliards de mètres cubes d’eau...

Commentaire HD

L’argument donné par les écologistes invite à se préoccuper aussi de l’aménagement d’ouvrages de retenue et de régulation sur les affluents de la Seine concernés.

Mais ces arguments n’inffirment pas pour autant l’utilité de la construction d’un cinquième ouvrage complétant les quatre lacs–réservoirs actuels.

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13 Les moyens budgétaires ne suivent pas la réalisation des projets.

Financement à sec pour les lacs-réservoirs de la Seine ? 26/02/2018

Source : 94– citoyens.com. Florent Bascoul https://94.citoyens.com/2018/eptb-g... le

Alors que les récentes inondations de la Seine, la Marne et l’Yerres ont démontré la nécessité de prévoir les risques en amont, les investissements dans l’entretien des quatre lacs réservoirs qui ont contribué à limiter la crue, ainsi que dans le projet de plaines à inonder de la Seine Bassée, seraient à la peine, selon la Chambre régionale de la Cour des comptes (CRC). Un problème alors que ces sites servent non seulement à limiter les inondations mais aussi compenser les périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes.

Entre décembre 2017 et février 2018, ces bassins aménagés dans l’Aube, l’Yonne et la Haute-Marne ont stocké près de 800 millions de mètres cubes d’eau. L’établissement public territorial de bassin (EPTB) Seine Grands Lacs, chargé de leur exploitation, estime que sans les lacs, le pic de la crue de Seine à Paris aurait atteint 6,50 mètres, soit 40 centimètres au-dessus du niveau de 2016. Au contraire, lors de la vidange d’été, ces bassins permettent de maintenir le débit de la Seine à hauteur d’un tiers de son début moyen, voire les d²eux-tiers en période de sécheresse. Un rôle qui devrait être encore renforcé dans les années qui viennent, du fait du changement climatique et de l’augmentation de la population de la métropole parisienne. A la clef également : l’enjeu de la qualité de l’eau de la Seine, qui alimente une bonne partie des habitants en eau potable. C’est du reste dans le cadre d’une enquête sur l’alimentation en eau potable de la métropole du Grand Paris que la CRC a décidé d’étudier le fonctionnement de l’EPTB Seine Grands Lacs.

Qui doit payer, qui doit gérer ?

Aménagés, entretenus et exploités dès l’entre-deux-guerre par le département de la Seine (qui correspondait à l’époque à peu près au périmètre de l’actuelle Métropole du Grand Paris), les barrages-réservoirs ont vu leur gestion évoluer au gré des réorganisations territoriales. A la fin des années 1960, lorsque le département de la Seine a été divisé en Paris et trois départements de petite couronne (92, 93 et 94), la gestion de ce ces infrastructures a été confiée à une institution interdépartementale, l’EPTB Seine Grand Lacs, associant ces quatre départements. Avec la loi Maptam (création des métropoles) et la fin de compétence générale des départements, l’établissement a depuis évolué à nouveau en syndicat mixte pour pouvoir accroître ses compétence et intégrer d’autres collectivités territoriales qui bénéficient de ces ouvrages, en amont de la métropole parisienne. Alors que chaque collectivité court après ses dotations pour boucler son budget, l’un des enjeux pour accélérer le développement de nouvelles infrastructures de prévention tout en assurant l’entretien des quatre lacs réservoirs actuels est en effet qui paie pour quel service. Pour les départements de la métropole parisienne, les frais doivent être partagés par les communes en amont et l’EPTB a instauré depuis 2012 une redevance pour service rendu qui contribue désormais à 40% de son budget de fonctionnement. Une redevance, dénoncée comme une taxe et contestée en justice par une trentaine de communes de la Marne. Début 2017 toutefois, le Tribunal administratif a tranché en faveur de l’EPTB. En parallèle, la gouvernance de l’établissement évolue pour faire entrer de nouvelles collectivités. Ainsi, Troyes Champagne-Métropole et la Communauté d’agglomération de Saint-Dizier-Der et Blaise ont rejoint l’établissement en janvier 2018.

Quelle stratégie d’investissement à long terme ?

Dans ce contexte de léger décalage entre gouvernance et ensemble des parties prenantes, de baisse des dotations, et de besoins d’investissements dont on ne ressent l’urgence que lorsque l’inondation ou la sécheresse est là, les investissements n’ont pas explosé pour mener en temps et en heure certaines réparations non plus que financer les nouveaux projets comme celui des plaines à inonder dans le secteur de la Bassée (Seine-et-Marne) qui permettrait à la fois d’éviter les dégâts en aval et de contribuer localement à la reconstitution de zones humides. Ces espaces endigués par 58 kilomètres de talus pourraient faire baisser le niveau de la Seine à Paris de 25 cm lors des pics de crues. Une analyse coût/bénéfice citée par les juges explique que 1 euro investi dans ce projet permettrait d’éviter 1,95 euros de dommages.

Un projet qui a déjà vingt ans mais dont les 600 millions d’euros d’investissement sont loin d’être bouclés. Un site pilote est d’ores et déjà prévu, représentant un investissement de 100 millions d’euros, mais ne sera pas construit avant 2021, ce que regrette la CRC. Pour la Chambre, l’EPTB a sa part de responsabilité. « Le conseil d’administration de l’établissement a placé ce dernier en position de sous financement récurrent. Cela a conduit à un niveau d’investissement insuffisant pour maintenir les ouvrages dans un état satisfaisant, mais aussi à retarder des travaux nécessaires et cela a entraîné l’apparition de désordres graves sur les ouvrages. Cette situation a finalement imposé d’importants travaux de réhabilitation concomitants sur les deux ouvrages les plus anciens, le barrage de Pannecière (ndlr : situé dans la vallée de l’Yonne, ce barrage a été construit en 1936, en période de pénurie de ciment, et sa structure s’en est trouvée fragilisée, laissant apparaître des anomalies dès 1988.

Alors que la réhabilitation du barrage a été demandée en 2001, les travaux n’ont démarré que dix ans plus tard et vingt-trois ans après avoir constaté les premières anomalies. Les travaux, initialement estimés à 17,5 millions €, ont finalement coûté le double en raison de crues successives qui ont perturbé le déroulement du chantier) et le canal d’amenée Seine. En l’absence de plan pluriannuel d’investissement et de plan de financement associé, l’établissement a rencontré de grandes difficultés pour financer ces travaux, ce dernier ayant toujours limité son appel à l’effort contributif de ses collectivités membres.

Ainsi leur désengagement continu depuis 20 ans, en baisse de 40% en euros constants, s’est accentué ces dernières années. De plus, dans un contexte de crise des liquidités et de restriction de l’accès au crédit par les banques, l’établissement n’a pu recourir à l’emprunt comme il le souhaitait », note ainsi la Cour régionale des comptes qui souligne que “les nouvelles recettes constituées par la redevance, et qui devaient apporter des moyens supplémentaires pour réaliser les travaux sur les barrages, se sont en fait substituées aux subventions d’investissement. Elles ont également permis un substantiel désengagement des collectivités membres, et celles-ci ont réduit de 22 % leurs contributions entre 2013 et 2016.”

Concernant la redevance imposée aux communes en amont du périmètre de l’EPTB, la CRC note que seulement “quatre redevables supportent les trois quarts de cette redevance, pour certains pour des montants supérieurs à la contribution des départements constitutifs“. “Au final, les usagers métropolitains du service d’eau potable financent un quart des dépenses de fonctionnement et d’investissement de l’institution”, estime la CRC.

Dans ses conclusions, la CRC invite la collectivité à mettre en place une comptabilité analytique par activité, ainsi qu’un plan d’investissement pluriannuel complet mis à jour chaque année et accompagné du plan de financement correspondant. Elle recommande également à l’établissement public territorial de bassin d’élargir la catégorie des redevables et de mettre fin au traitement différencié dont bénéficient ou ont bénéficié deux sociétés de production de froid délégataires de la ville de Paris et des Hauts-de-Seine, et filiales d’Engie et d’EDF.

L’EPTB répond

« Ainsi que le note le rapport de la Chambre, l’Institution est “un opérateur du bassin de la Seine et ses actions ont un impact qui dépasse largement le territoire des quatre collectivités constitutives”. Cette différence d’échelle entre l’impact de ses actions et son organisation institutionnelle ne peut générer que des difficultés de gouvernance et de financement », s’est défendu Frédéric Molossi, président de l’EPTB dans sa lettre de réponse au rapport d’observations définitives, rappelant les efforts engagés par l’établissement pour faire évoluer sa gouvernance, dont l’avancement a été “contrarié” par la loi Maptam qui a changé à nouveau la donne. Le président de Seine Grand Lacs considère que la transformation de l’institution en syndicat mixte va permettre de poursuivre ses missions historiques, de développer de nouvelles activités, et de rechercher de nouveaux financements. Il s’inscrit néanmoins en faux concernant le fait que le projet de dispositif anti-crue de la Seine Bassée soit retardé faute de financement, estimant que les délais correspondent simplement à celui d’une opération complexe, entre les études et la concertation publique.

Télécharger le rapport complet de la chambre régionale de la Cour des comptes. https://94.citoyens.com/wp-content/...

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14 De nouvelles améliorations sont nécessaires pour gérer le risque d’inondation majeure à Paris et sur le bassin de la Seine.

Source : OCDE. 23/01/2018

https://www.oecd.org/fr/environneme...

Des initiatives importantes ont été engagées ces dernières années afin de prévenir le risque d’inondation majeure à Paris et dans la région Île-de-France – notamment après la crue de la Seine en mai et juin 2016 –, mais il faut mieux penser la planification urbaine et l’aménagement du territoire, renforcer davantage la gouvernance et rechercher des solutions de financement à long terme, d’après l’OCDE.

Tirant le bilan des progrès accomplis depuis son Étude de 2014 sur la prévention des risques d’inondation sur le bassin de la Seine, l’OCDE indique qu’en dépit d’importants efforts déployés pour améliorer la gouvernance de la prévention des risques, une structure institutionnelle fragmentée empêche de prendre des engagements envers des objectifs spécifiques et de long terme.

Le rapport d’étape, présenté aujourd’hui à la Direction régionale et interdépartementale de l’Environnement et de l’Énergie d’Île-de-France, cherche également à déterminer si les structures de financement des dispositifs de prévention des inondations sont suffisamment ambitieuses et pérennes.

Commandé par la Direction régionale et l’Établissement public territorial de Bassin Seine Grands Lacs, ce rapport explique que les autorités publiques ont réalisé des progrès pour donner suite à 10 des 14 recommandations formulées dans l’Étude de 2014. C’est surtout en matière de compréhension des vulnérabilités et d’amélioration de la culture de prévention des risques que les avancées ont été les plus notables.

La crue de la Seine qui s’est produite en mai et juin 2016 a causé des dommages supérieurs à un milliard EUR et provoqué d’importantes perturbations de nombreux réseaux de transport. Deux personnes sont mortes tandis que 17 500 ont été évacuées de chez elles. Une inondation comparable à la crue historique de 1910 pourrait affecter jusqu’à 5 millions de citoyens et causer jusqu’à 30 milliards EUR de dommages directs, selon les estimations de l’OCDE produite antérieurement en 2014.

L’OCDE estime que les projets d’infrastructure, de développement et de renouvellement urbain du Grand Paris, renforcés par la perspective d’accueil des Jeux Olympiques à Paris en 2024, représentent des opportunités à saisir pour améliorer et pérenniser la résilience de la capitale française et de sa région face au risque d’inondation majeure, tout en en faisant un modèle innovant d’adaptation au changement climatique.

Pour de plus amples informations, les journalistes sont invités à prendre contact avec Charles Baubion, Analyste en politique de gestion des risques à l’OCDE, ou avec la Division des médias de l’OCDE (tél. : + 33 1 45 24 97 00).

Lisez l’article de L’Observateur de l’OCDE : Crue de la Seine : le spectre de 1910.

15. Déclaration de projet pour l’aménagement du site pilote de la Bassée entérinée. Le 27/11/2020)

Seine Grands Lacs

https://seinegrandslacs.fr/actualit...

Le Comité syndical de l’EPTB a entériné, le 12 novembre 2020, la déclaration de projet pour ’aménagement du site pilote de la Bassée.

Conformément au code de l’environnement, l’EPTB Seine Grands Lacs a réalisé une évaluation environnementale qui a fait l’objet d’une enquête publique du 10 juin au 10 juillet 2020. La déclaration de projet confirme la réalisation de l’opération et prend en considération l’étude d’impact, l’avis de l’autorité environnementale, ainsi que le résultat de la consultation du public, notamment le choix d’un transport des matériaux, nécessaires à l’édification des digues, majoritairement par voie d’eau.

Télécharger la délibération **

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16–Documentaire « Quand la Seine montera ».

Source : France 3, région Île-de-France. Vidéo. 25/01/2015

https://france3-regions.francetvinf...

Retrouvez en intégrale, notre émission spéciale Les Dossiers du Grand Paris, sur le thème : « Quand la Seine montera... », avec un débat présenté par Sébastien Thomas et la diffusion du documentaire « 1910, Paris sous les eaux », réalisé par Eric Beauducel et Olivier Poujaud...

Par Christian Meyze Publié le 25/01/2015

Retrouvez en intégrale, notre émission spéciale Les Dossiers du Grand Paris, sur le thème : « Quand la Seine montera... », avec un débat présenté par Sébastien Thomas et la diffusion du documentaire « 1910, Paris sous les eaux », réalisé par Eric Beauducel et Olivier Poujaud...

Paris n’est pas à l’abri d’une nouvelle catastrophe.C’est ce qu’affirment de nombreux experts. Car c’est un fait : le souvenir des inondations de Paris en 1910 laisse des craintes d’une nouvelle catastrophe dans le siècle à venir. Surtout que, depuis 1910, la région parisienne a connu plusieurs inondations remarquables.

Si un tel évènement se reproduit : Paris et sa région seraient-elle prêtes a affronter une crue ? Des travaux ont-ils été effectués ? A-t-on anticipé sur : l’arrêt des transports, l’alimentation électrique, la vie quotidienne des Parisiens, les milliards d’euros de dégâts...? Quels seraient les enjeux sur une économie paralysée ? Retrouvez ici le documentaire et le débat Autre lien possible :

https://www.youtube.com/watch?v=QiT...

Annexe

Exemple de construction de lacs réservoirs pour prévenir les inondations https://mesnil.org/la-realisation-d...

Lac du Der–chantecoq. Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Lac_d...

Risques (dommages) des inondations. Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Endom...

les pires crus à Paris en 400 ans https://fr.sputniknews.com/france/2...

Les catastrophes naturelles. Wikipédia. https://fr.wikipedia.org/wiki/Catas...

Coordonnées de E et PTB Seine Grands Lacs

Adresse : 12 Rue Villiot 75012 Paris

 Tél : 01 44 75 29 29 hydrologie@seinegrandsLacs.fr

Hervé Debonrivage


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