Macron : game is over !

vendredi 4 décembre 2020.
 

Emmanuel Macron n’est plus en capacité de "réformer". Il n’a ni le temps ni l’assise politique pour le faire – Covid oblige notamment. Jusque-là, chaque tentative de réforme s’est soldée par un échec. Macron a voulu gouverner seul. Il finira seul. Le quinquennat est terminé.

Game is over. Le délitement progressif de sa propre majorité isole Emmanuel Macron chaque jour toujours plus. Il ne se passera plus rien jusqu’en 2022. Sinon la violence illégitime de l’État. Raison de plus pour maintenir au chaud la mobilisation naissante et rester vigilants. Parce que sans la mobilisation et l’interpellation des syndicats, des associations, des « ultra-gauchistes », mais aussi des intellectuels et – fait exceptionnel – des artistes et des sportifs, pas sûr que le courage aurait été du côté des hommes et des femmes politiques pour mener la bataille. Parce qu’on sourit quand même de voir les socialistes manifester au son de « la liberté de la presse est menacée », allant même jusqu’à évoquer « une dérive autoritaire ». Tant mieux. Ça bouge.

La bataille n’est pas gagnée mais la marche des libertés de samedi dernier, partout en France, était un événement majeur. Une réussite, même si le problème reste entier. Parce que le problème, c’est Emmanuel Macron. Gérald Darmanin aussi, dans une tout autre mesure. Et bien d’autres encore. Mais c’est Emmanuel Macron le chef de l’État. Et si l’on se souvient bien, il a fini par céder sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes après des scènes d’une violence inouïe, provoquées par la police à l’endroit des zadistes. Il a aussi fini par céder sur la taxe carbone après avoir vu les images des Champs-Élysées, théâtres d’affrontements entre manifestants et policiers, faire le tour du monde. Faudra-t-il attendre à nouveau des violences pour que cette loi dite de sécurité globale, à commencer par son article 24, soit balayée ? N’avons-nous pas eu assez de violences ces derniers jours ? Quand on est à court d’arguments, on montre les crocs. Emmanuel Macron est contesté et il n’aime pas ça. Et ça va continuer.

On ne compte plus le nombre de fois où le Conseil d’État et le Conseil constitutionnel ont invalidé les textes du gouvernement. Déjà sous le précédent quinquennat, le plafonnement des indemnités prud’homales de la loi Macron avait été invalidé par le Conseil constitutionnel. Aujourd’hui, c’est une partie centrale de la réforme de l’assurance chômage qui vient d’être retoquée par le Conseil d’État après avoir déjà invalidé la réduction des critères de vulnérabilité en octobre dernier. En juillet encore, les interdictions du gouvernement en matière de manifestation publique avaient subi le même sort. Enfin, ce samedi, la préfecture de Paris a été contrainte de lever l’interdiction de la marche des libertés. La liste est longue et la récente mise en demeure inédite et presque historique du gouvernement par le Conseil d’État sur ses engagements climatiques restera comme une tache indélébile sur ce quinquennat qui a renoncé à mener une politique écologique.

« Soyez fiers d’être amateurs », avait lancé Emmanuel Macron aux parlementaires de la majorité. Pas de doute qu’ils assument. Qu’ils sont fiers. Et il était content et fier de lui, de son bilan, de son action, de ses annonces, de son calendrier, le président de la République lors de sa dernière allocution télévisée. Quelle indécence. Quelle médiocrité. Décidément, ça ne doit pas être facile tous les jours d’avoir raison tout seul.

Pierre Jacquemain


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