Covid-19 (France) : La tragédie d’un reconfinement impérieux et prévisible

dimanche 1er novembre 2020.
 

Le reconfinement était écrit dans les courbes épidémiques. Mais depuis l’été, le gouvernement a laissé filer le virus, en agissant trop tard, jamais assez fortement. L’hôpital est donc de nouveau débordé par le Covid, alors qu’en Europe, d’autres font mieux.

À deux mois des fêtes de Noël, le gouvernement fait le choix d’un confinement allégé, auquel échappent une partie de l’économie – les usines, le BTP – mais aussi les écoles, collèges et lycées.

Comme au printemps, il rejette la stratégie de l’immunité collective : il évoque 400 000 morts si le virus n’était pas maîtrisé. Ce chiffre inclut probablement les morts directs du Covid, et les morts indirects, ceux dus à la saturation du système de santé.

Il prend aussi acte de l’inopérance de la stratégie « dépister, tracer, isoler », pourtant évidente depuis plusieurs semaines : le virus est désormais partout, les 1,9 million de tests hebdomadaires du Covid-19 sont pratiqués largement en vain.

Le virus est partout, il n’est plus maîtrisable en raison des nombreuses personnes porteuses du virus sans symptômes, qui ne sont pas détectées, ou le sont trop tard, et contaminent autour d’elles. La France ne sait presque rien des lieux de contaminations (notre article ici [reproduit ci-dessous]). Elle n’a plus qu’une seule arme, fruste, massive et indistincte, pour maîtriser le virus : maintenir à son domicile une majorité de la population afin de ralentir fortement les interactions sociales.

« Nous avons tous été surpris par l’accélération de l’épidémie », affirme-t-il, contre toute évidence. Dans nos pages, l’épidémiologiste Catherine Hill prévoyait pourtant, fin septembre, le débordement du système de santé (lire son interview ici) [1], et elle n’était pas seule.

Le président de la République tente ainsi de diluer sa responsabilité dans la gestion de l’épidémie en insistant sur la situation européenne, redevenue l’épicentre de la pandémie mondiale.

Seulement, la France est un mauvais élève depuis l’été, depuis qu’elle a vu repartir l’épidémie sans rien faire. En conséquence, depuis le début du mois d’octobre, la progression est linéaire, en pente très forte, quel que soit l’indicateur choisi : le nombre de cas positifs, le nombre de nouvelles personnes hospitalisées, le nombre de nouvelles admissions en réanimation, le nombre de décès.

La « tragédie » française, c’est cet été d’inaction, la chimère d’une « vie avec le virus » (lire notre article ici [2]), avant la généralisation du port du masque, puis les mesures insuffisantes égrenées comme un supplice chinois : la fermeture des salles de sport, l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes, les fermetures avancées de bars et de restaurants, puis le couvre-feu.

Pour être comprises, et admises, il faudrait au moins que ces mesures soient efficaces. Mais elles sont toujours trop tardives, trop faibles. C’est ce que montre la dynamique de l’épidémie dans plusieurs pays européens.


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