Tout pour les riches, rien pour les pauvres !

lundi 2 novembre 2020.
 

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« Je ne dirai pas grand-chose du plan de relance parce que tout a déjà été dit par mes collègues à cette tribune. Je le résume de la manière suivante : ce n’est pas un plan, c’est un saupoudrage, sur deux ans, d’une somme qui ne correspond même pas au rattrapage des investissements que l’État n’a pas fait pendant les 3 ou 4 dernières années.

Deuxièmement ce n’est pas un plan global puisqu’il ne comporte aucune conditionnalité sociale ni écologique. Ce n’est pas non plus un plan de relance, à supposer qu’il faille relancer ce qui existait déjà plutôt que d’organiser le déploiement de ce qui devrait exister. Car nous allons réinjecter 2 points de richesse dans la circulation économique du pays là où il en manque 10, pendant que nos voisins allemands pour 6 points de perdus en réinjectent 20. Nos voisins allemands d’ailleurs faisant à eux tout seuls 57% du total des aides qui sont prévues en Europe pour les différents plans de relance. Ce qui veut dire que l’écart économique entre nos deux pays va continuer.

Non, je suis venu pour parler d’une seule chose : la pauvreté. La pauvreté explose. Vous avez déjà déposé un plan sur ce sujet samedi, soit la bouche du Premier ministre qui déjà est en train de le rectifier tellement les associations du secteur se disent sidérées par l’insuffisance de ce plan. Nous allons avoir un million de pauvres en plus en 2020. C’est une situation inédite depuis 1945. Nous allons dépasser les 10 millions de pauvres, dont un enfant sur 5. Le plan dit “de relance” ne leur accorde que de toutes petites miettes sur la table plantureuse où d’autres se gavent. 800 millions d’euros, c’est-à-dire 0,8% du plan dit “de relance” dont 600 millions sont déjà dépensés c’est-à-dire les ¾. Les 150 euros annoncés par M. le Président Macron qui représentent une dépense d’un milliard d’euros ne tomberont pas avant décembre et ne concernent que 3 millions de Français sur 10 millions de pauvres.

Et cela représente, en une fois et pour une seule fois, seulement un tiers des dépenses contraintes des plus pauvres pour un seul mois. Alors, évidemment encore une baisse d’impôts de 20 milliards aux entreprises. “Aux entreprises”, car je suis à peu près certain qu’on n’en retrouvera pas plus la trace dans la production qu’on a retrouvée trace dans la production et les investissements des sommes qui ont déjà été consenties par cette pluie d’allègement d’impôts qui, au cours des 10 dernières années, est tombée sur ces soi-disant entreprises. La vérité, c’est que cet argent est passé pour l’essentiel dans les dividendes qui ont augmenté de 70% en 10 ans, pendant que les investissements reculaient de 5%. Les investissements ont reculé de 5% alors qu’il y avait une manne incroyable de crédits d’impôts et de dons de cette sorte qui étaient faits. Et pour finir, les soi-disant entreprises qui vont bénéficier de ces sommes, en réalité elles ne seront que 0,01% du total des entreprises existantes à en bénéficier réellement. Non, ça ne peut pas être une fois de plus tout pour les riches et rien pour les pauvres.

Les associations vous demandent d’augmenter le RSA d’au moins 100 euros. Elles vous demandent de l’étendre aux jeunes de moins de 25 ans. Sans discuter des principes qui seraient alors en cause, pour la période de détresse, cette idée vaut la peine d’être entendue et suivie. Car pendant ce temps, nous savons où trouver la ressource. Pendant ce temps, tout va de mieux en mieux pour les riches tandis que tout va de pire en pire pour les pauvres. En effet, pendant le confinement, la fortune des milliardaires a augmenté de 45%. Il vous suffit donc, pour financer ces mesures que demandent les associations du secteur, d’une contribution exceptionnelle sur les grandes fortunes. Deux jours de gain des milliardaires égalent 3 milliards dans les caisses de l’État. Je vous le redis, ces gens abandonnés seront en définitive ceux qui empêcheront toute la dynamique de la société. Parce que celle-ci ne peut pas être accomplie si une partie d’entre-elle, de cette société, vit enfermée dans la servitude de la misère.

Je vous rappelle ce principe énoncé si clairement et si lucidement par Maximilien Robespierre : « Quel est le premier des droits imprescriptibles de l’homme ? Celui d’exister. La première loi sociale est donc celle qui garantit à tous les membres de la société les moyens d’exister. » Pour 10 millions de pauvres, cette réalité n’est toujours pas accomplie. »


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