Un pas réel en avant vaut mieux qu’une douzaine de programmes

samedi 3 octobre 2020.
 

Un bon pro­gramme pour recons­truire un grand parti des tra­vailleurs capa­ble de s’oppo­ser à l’offen­sive capi­ta­liste et d’ouvrir la voie à un monde viva­ble pour demain, c’est abso­lu­ment indis­pen­sa­ble. Mais ce ne peut être, si on est réa­liste, qu’une pers­pec­tive à moyen terme. Certes, pour aller au moyen terme, il faut com­men­cer dès main­te­nant ! Mais pour com­men­cer, il faut une pers­pec­tive à court terme, sai­sis­sa­ble par le plus grand nombre et donc une pers­pec­tive réa­liste.

On ne pourra pas avan­cer sans dire com­ment en finir avec le macro­nisme et com­ment ne pas nous retrou­ver dans vingt mois devant une nou­velle édition du duel Macron-Le Pen. Pour cela il faut unir le peuple, la majo­rité de ce pays autour d’un can­di­dat por­teur d’une véri­ta­ble alter­na­tive poli­ti­que, mais aussi d’une alter­na­tive réa­liste.

Il faut un can­di­dat qui défende réel­le­ment et sur tous les ter­rains la sou­ve­rai­neté natio­nale, parce qu’il n’y a pas et il n’y aura pas demain d’autre moyen de lutter contre la catas­tro­phe économique. Produire en France, défen­dre nos emplois, recons­truire une indus­trie sérieuse et une agri­culture pay­sanne, réno­ver et déve­lop­per les trans­ports en commun, redon­ner à l’État les moyens d’être un État stra­tège par la sou­ve­rai­neté ban­caire, moné­taire et bud­gé­taire : voilà le petit pre­mier point qui sup­po­sera qu’on soit capa­ble d’envoyer pro­me­ner les ordo-libé­raux euro­péis­tes, si tou­te­fois il en reste encore dans vingt mois, ce qui n’est pas sûr du tout. En tout cas, une « tran­si­tion écologique » sérieuse n’est pos­si­ble que sur cette base.

Tout le monde le sait : les iné­ga­li­tés sont coû­teu­ses pour le pays. Il faut donc une poli­ti­que plus égalitaire de redis­tri­bu­tion, une poli­ti­que sociale qui redonne leur pleine ampleur aux conquê­tes socia­les de 1945 : Sécu, retrai­tes, pro­tec­tion contre le chô­mage, mais aussi ins­truc­tion publi­que gra­tuite pour tous.

Enfin, il est abso­lu­ment néces­saire de com­men­cer à chan­ger les ins­ti­tu­tions, à sortir de cette monar­chie élective dans laquelle nous sommes. Redonner sa place au Parlement comme expres­sion du légis­la­teur sou­ve­rain qu’est la nation. Redonner aux com­mu­nes et aux dépar­te­ments leurs droits et leur rôle dans la vie démo­cra­ti­que. Et sur­tout défen­dre la laï­cité ! Bref le can­di­dat de l’arti­cle 1 de la Constitution qui défi­nit notre répu­bli­que comme laïque, démo­cra­ti­que et sociale, une et indi­vi­si­ble.

Un can­di­dat qui pour­rait incar­ner ces trois gran­des direc­tions pro­gram­ma­ti­ques, un can­di­dat assez connu pour être cré­di­ble, un can­di­dat qui pour­rait grou­per autour de lui non seu­le­ment les plus convain­cus des convain­cus mais aussi les électorats socia­lis­tes lais­sés en déshé­rence par l’effon­dre­ment du PS, les com­mu­nis­tes, les électeurs « sou­ve­rai­nis­tes », répu­bli­cains des pro­grès et autres gaul­lis­tes sociaux (s’il en reste) : voilà ce qui serait néces­saire.

Inutile d’en deman­der plus, inu­tile d’écrire des pro­gram­mes de 10 km de long que per­sonne ne lira et qui pour­raient sur­tout servir à ali­men­ter des que­rel­les sté­ri­les. Il faut tour­ner le dos aux mino­ri­tés bruyan­tes et extra­va­gan­tes et s’adres­ser aux citoyens des villes et des cam­pa­gnes, à la « France péri­phé­ri­que » (C. Guilluy) et pas sim­ple­ment à la « gentry » des cen­tres-villes.

Messages


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message