Appel aux forces de gauche et écologistes à ne pas se résigner au pire, mais à rêver !

vendredi 2 octobre 2020.
 

Pourquoi n’existe-t-il pas dans ce pays de désir de gauche ? Et comment y remédier ? Tentative de réponse de Thomas Portes, militant politique et syndicaliste CGT-Cheminots.

Alors que la dernière enquête publiée par l’Ifop, le 22 juillet dernier, indiquait que le « bloc de gauche » était donné à 13%, le plus grand danger, dans cette période, serait le repli sur nous-même. Pourquoi n’existe-t-il pas dans ce pays de désir de gauche ? La gauche est épuisée. Épuisée de combat interne et externe. Épuisée de divisions. Et que dire de notre démocratie ? Abîmée, pour ne pas dire à l’article de la mort. Je crois à la dynamique populaire et aux passerelles entre mouvement social et politique pour redonner du souffle à toute une jeunesse. Il y a urgence à faire conjuguer l’avenir de notre pays avec sa devise républicaine : liberté, égalité, fraternité.

Je fais partie d’une génération de femmes et d’hommes qui n’a connue aucune victoire politique et syndicale majeure. Aussi je crois que nous avons collectivement la responsabilité de faire sauter les verrous qui abîment nos espoirs. Tant de générations ont par le passé pris leurs responsabilités pour ouvrir la voie vers un autre chemin. Rien n’est simple, doute et certitude cohabitent en permanence. Mais n’est-il pas venu le moment de renverser la table, sans renier son histoire, mais au contraire pour le mettre au service de la construction de nouveaux jours heureux ? C’est à notre génération de décider de son destin.

Mon engagement syndical à la CGT, et politique, sur les questions ferroviaires, et plus largement de transports m’a fait beaucoup réfléchir sur les questions écologiques et l’impérieuse nécessité de sortir d’un modèle post-productiviste qui enchaîne les âmes et brise les espoirs. Va-t-on continuer longtemps à regarder la planète brûler et les inégalités exploser ?

Cette question de la radicalité écologique doit en permanence être corrélée à la bataille pour le progrès et la justice sociale. Comment s’adresser à la jeunesse des quartiers populaires quand précarité, chômage et répression sont un quotidien dont nous n’imaginons pas la violence. L’horizon de fin du monde est lointain quand survivre jusqu’à la fin du jour est déjà un combat.

Les prochaines échéances électorales, si nous nous en donnons les moyens, peuvent être enfin un moment politique déterminant nous permettant de dégager Emmanuel Macron du pouvoir, tout en barrant la route à une extrême droite de plus en plus puissante, aussi bien dans les têtes que dans les urnes. En moins de 48 heures, la semaine dernière, des tags néo-nazis ont surgi en province, comme au cœur de Paris. Les prémices du pire sont là. Le climat est pestilentiel, l’odeur rance de l’extrême droite embaume la sphère politique et médiatique. Regardons le débat sur la représentante de l’UNEF ! Il y a urgence à agir. Macron ou Le Pen, nous n’en voulons pas. Personne n’a le droit de nous priver de cet objectif.

Et si nous rêvions ensemble ? Le rassemblement, et c’est un de mes combats depuis que je me suis engagé en politique, sera la clé de nouveaux conquis sociaux. Un concept souvent usurpé, dévoyé, mais qui pour moi est la condition pour créer le chemin des possibles.

Comme le dit si justement Angela Davis : « Les murs renversés deviennent des ponts ». Avec ces ponts, construisons des passerelles, respirons, ouvrons-nous. Notre société bouillonne de réflexions et d’expériences citoyennes. Oui, ouvrons-nous pour que ces passerelles deviennent des échelles vers une idéal progressiste, social et respectueux de l’environnement. Un engagement, c’est des convictions mais aussi une part de rêve. Et si nous rêvions ensemble ?

Aujourd’hui, je souhaite travailler, avec d’autres, et elles et ils sont nombreux, à la construction d’un projet émancipateur, post-productiviste, démocratique qui place au cœur de ses préoccupations la radicalité écologique et la lutte contre les inégalités sociales et économiques.

Ceci est un appel à ne pas se résigner au pire, se résoudre faute de mieux au moindre mal mais à rêver, innover, inventer, se surpasser. Il est temps.

Ce projet ne pourra émerger qu’à une condition : mettre en mouvement et en synergie les forces de gauche et écologistes, mais aussi toutes les expertises associatives, syndicales et citoyennes qui sont la richesse de notre démocratie. Je suis persuadé que c’est ce terreau, mouvant et toujours en évolution, qui doit permettre de sortir des logiques libérales qui nous étouffent.

Comment être utile ? Voilà une question qui guide mon engagement quotidien, avec toujours comme perspective de mettre l’intérêt général au cœur de mes actions. J’ai toujours agi avec passion et conviction, je souhaite aller encore plus loin car je crois que l’urgence impose de franchir une étape supplémentaire. Le jour d’après ne sera pas déposé sur un plateau, il faudra aller l’arracher. Tant de chose sont à faire, tant de combats sont à mener. Je souhaite m’y consacrer pleinement. C’est cela qui m’anime, et je le dois aussi grandement à mes parents qui m’ont transmis le sens des valeurs. Je ne peux me résoudre à être « la génération » qui va enterrer la planète car c’est cela dont il est question !

Ces combats sont là matrice de notre génération, le réceptacle de nos colères et et la condition de notre survie

J’entends m’y engager de toutes mes forces avec toute celles et ceux qui partagent ces motivations. Ceci est un appel à ne pas se résigner au pire, se résoudre faute de mieux au moindre mal mais à rêver, innover, inventer, se surpasser. Il est temps.

Thomas Portes, militant politique et syndicaliste CGT-Cheminots


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