En Biélorussie, les ouvriers rejoignent les manifestants

mercredi 26 août 2020.
 

Les ouvriers de nombreuses usines et entreprises du pays organisent des meetings et des marches de contestation depuis le 13 août : leurs revendications ne sont pas économiques mais strictement politiques.

Pour le deuxième jour de suite, des grèves et des actions de protestation se déroulent dans les usines et entreprises du pays, rapporte le site indépendant biélorusse Bielorousski Partizan. Les ouvriers sont de plus en plus nombreux à exprimer leur soutien aux manifestants qui, depuis le 9 août, affrontent les forces de l’ordre dans des manifestations contre la réélection du président Alexandre Loukachenko. Au moins 2 manifestants ont été tués par la police et quelque 7 000 ont été arrêtés depuis le 9 août. Le ministre de l’Intérieur, Iouri Karaïev, a d’ailleurs présenté le 13 août ses excuses pour les blessures infligées aux protestataires.

Aujourd’hui, 14 août, des ouvriers de l’usine de transformateurs électriques МЭТЗ et de la centrale électrique ТЭЦ-4 de Minsk, ainsi que de l’entreprise de construction immobilière Mapid et de l’usine de transformation pétrolière Naftan, se sont mobilisés dès le matin pour une action à la mi-journée. Ceux de l’usine de tabac et du combinat de viande devraient les rejoindre, selon les sources du site.

À l’usine métallurgique BMZ de Jlobine se sont réunis dès le matin les ouvriers qui venaient de terminer leur nuit de travail et ceux qui n’avaient pas encore pris leur tour en 3/8. Selon eux, la direction a licencié la veille, le 13 août, un salarié qui s’était déclaré en grève. Ils exigent la venue du maire et celle du chef des forces de l’ordre locales.

Le 13 août, un rassemblement massif a également eu lieu à l’usine de construction de bulldozers BelAZ de Jodino ; des meetings se sont tenus à l’usine de construction automobile MAZ de Minsk, et 159 ouvriers ont refusé de travailler dans les usines Terrazit et Grodnojilstroï de la ville de Grodno. Les ouvriers de l’usine Grodno Azot ont exigé le retour leurs collègues arrêtés dans des actions précédentes et le maire s’est déplacé jusqu’à eux.

Tous ces sites industriels sont de taille considérable, certains comptent de 10 000 à plus de 15 000 ouvriers. Comme le souligne le titre, les revendications des ouvriers n’ont aucun caractère économique. Elles sont strictement d’ordre politique et s’alignent sur celles des manifestants du pays contre les résultats de l’élection présidentielle du 9 août.

Les grèves d’ouvriers, un coup particulièrement dur pour Loukachenko

Alexandre a vivement réagi aux annonces de grèves qui se multiplient dans les usines. Comme le rapporte le site officiel biélorusse Belta, il a rappelé que l’économie mondiale redémarrait à peine après les restrictions liées à la pandémie mondiale. “Et tout le monde se bat pour les marchés. Si nous nous arrêtons, nous ne pourrons jamais relancer notre production [face à la concurrence]. Plus jamais !” a-t-il menacé.

Si les ouvriers se retournent massivement contre le pouvoir, “Batka” (“petit père”, comme il est surnommé) aura du mal à s’en remettre. Ancien directeur de kolkhoze lui-même, il a toujours choyé et privilégié le monde ouvrier et paysan. “Les collectifs de travailleurs constituent la base de notre société, vous connaissez ma position sur le sujet”, a-t-il redit aujourd’hui lors d’une réunion avec les responsables du secteur immobilier.

Courrier International


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message