Aux États-Unis, le « Mur des mamans » prend de l’ampleur contre les violences policières

jeudi 13 août 2020.
 

Tout a commencé le 18 juillet dernier, avec l’appel d’une mère, Bev Barnum, habitant à Portland, dans l’État de l’Oregon, au nord-ouest des États-Unis. Sur Facebook, elle invite d’autres mères de la ville à descendre dans la rue pour se joindre aux manifestations antiracistes. Depuis, le mouvement s’est répandu dans tout le pays.

Elles portent du jaune, brandissent des tournesols et chantent des berceuses. Elles, ce sont les mères de Portland mais aussi de tout le pays qui ont décidé de se rassembler pour manifester. Elles sont des centaines à se tenir bras-dessus bras-dessous pour former une barrière humaine entre les manifestants antiracistes et les policiers fédéraux envoyés par Donald Trump pour « rétablir la loi et l’ordre », comme le clame son slogan de campagne. Ensemble, elles ont créé un mouvement, le « Wall of moms » ou le « Mur des mamans », qui a maintenant une envergure nationale.

Tout a commencé avec un simple message Facebook posté par une mère de Portland, dans l’Oregon, Bev Barnum. « Ça disait quelque chose comme : je ne sais pas vous, mais moi je n’ai jamais manifesté », raconte à l’AFP cette mère de famille de 35 ans. « Je pense qu’on devrait faire quelque chose. Et si vous aviez cent mamans derrière vous et qu’elles fassent la différence ? », poursuivait le message. Quelques heures plus tard, sa messagerie était saturée de mères emballées par sa proposition.

La symbolique derrière ce mur de mères protectrices est forte : elle fait écho aux derniers mots de George Floyd, ce citoyen américain noir mort étouffé sous le genou d’un policier blanc lors de son interpellation, le 25 mai dernier, à Minneapolis, dans le Minnesota. Lors de son agonie, filmée, il appelait sa mère à l’aide. En créant le mouvement, Bev Barnum a choisi la couleur jaune pour s’allier au noir de Black Lives Matter et rappeler les abeilles.

Tensions avec la police fédérale

Black Lives Matter et le Mur des mamans ou encore Don’t Shoot Portland ont décidé de poursuivre les forces de l’ordre fédérales pour les avoir gazés à la bombe lacrymogène lors d’une manifestation pacifique devant le tribunal fédéral de Portland, selon leWashington Post et CNN. Les manifestants affirment que leur présence était pacifique et protégée par la Constitution.

La semaine dernière, l’Union américaine pour les libertés civiles a attaqué en justice l’administration Trump et le département de police de Portland pour des attaques présumées sur les street medics, ces volontaires qui s’occupent de soigner les blessés dans les manifestations.

A Portland, les manifestations antiracistes se sont tendues lorsque sont arrivés dans la ville, mi-juillet, des policiers fédéraux. Des heurts ont eu lieu chaque nuit aux abords du tribunal fédéral.

Un Mur des mamans de 50 personnes a défilé à Seattle le week-end dernier, alors que les affrontements entre police et manifestants s’intensifiaient. Des mamans vêtues de jaune ont aussi commencé à se rassembler pour manifester ensemble en Californie, au Colorado,dans le Missouri, en Caroline du Nord, en Alabama, au Texas, ou encore dans le Maryland.

Mercredi 29 juillet, Kate Brown, gouverneure de l’Oregon, a annoncé que le vice-président américain Mike Pence avait accepté un retrait par phases du déploiement d’agents fédéraux à Portland, qui a nourri un conflit entre les maires démocrates et Donald Trump sur le recours à des forces fédérales dans leurs villes.

En tout cas, le Wall of Moms a fait des adeptes… chez les papas ! Pour eux, la couleur de ralliement, c’est l’orange, souvent associé aux équipements de bricolage. Désormais, chaque nuit, une escouade de papas munis de souffleurs à feuilles pour dissiper les gaz lacrymogènes se ruent en avant lorsqu’une grenade explose pour éviter aux manifestants d’être gazés.

1) Le “mur des mamans” né à Portland se répand dans les manifestations américaines

https://www.courrierinternational.c...

Le 18 juillet dernier, quelques mères se sont présentées, vêtues de jaune, à une manifestation dans la cité de l’Oregon pour former un Wall of Moms. Le mouvement à depuis essaimé dans de nombreuses villes américaines et pris une envergure nationale.

Dans le flot de vidéos des manifestations de Portland et de messages sur les réseaux sociaux, “elles sont partout”, affirme le New York Times. Le plus souvent habillées en jaune (voir ci-dessous la vidéo publiée par le Washington Post), elles “chantent des berceuses”, défilent “bras dessus, bras dessous” ou forment “une barricade humaine” entre les manifestants et les agents fédéraux envoyés par Washington pour rétablir l’ordre dans la cité de l’Oregon. Certaines portent “des masques à gaz et des casques”. D’autres “distribuent des tournesols”.

Le mouvement du “mur des mamans” (Wall of Moms), comme le groupe se nomme lui-même, a été créé par Beverley Barnum, 35 ans, mère de deux enfants de Portland. Après avoir vu sur les réseaux sociaux des vidéos d’agents fédéraux interpellant des manifestants dans des véhicules banalisés, elle a rallié sur Facebook quelques dizaines de mères “qui se sont ensuite présentées à une manifestation dans la nuit du 18 juillet”, rapporte le quotidien new-yorkais.

Depuis, le Wall of Moms réunit chaque nuit à Portland des centaines de femmes vêtues de jaune. “Un ‘mur des papas’ a également rejoint les premières lignes des manifestations, beaucoup d’entre eux portant des souffleurs à feuilles mortes pour rediriger les gaz lacrymogènes”, indique le New York Times.

Oakland, Seattle, Aurora ou Chicago

D’après le quotidien, de nouvelles sections du mouvement Wall of Moms sont apparues plus récemment dans tous les États-Unis, et plusieurs d’entre elles ont participé aux importantes manifestations du samedi 25 juillet. Un “mur des mamans” d’environ 50 participantes a défilé à Seattle alors que les affrontements entre la police et les manifestants s’intensifiaient.

À Oakland (Californie) et Aurora (Colorado), deux autres groupes ont défilé avec les manifestants. Des “murs des mamans” se constituent également dans le Missouri, en Caroline du Nord, dans l’Alabama, au Texas, à Chicago et dans le Maryland.

Gia Gilk, 45 ans, mère de famille à Albuquerque (Nouveau-Mexique), a expliqué au New York Times avoir lancé un groupe Facebook pour créer une section locale du Wall of Moms la semaine dernière, pensant attirer 30 ou 40 membres. Mais en vingt-quatre heures, près de 3 000 mères s’étaient inscrites, à sa grande surprise :

“Je n’ai jamais organisé quelque chose comme ça avant. Je pense qu’il est temps pour nous de nous mobiliser.”

Ces “murs des mamans” sont composés de femmes majoritairement blanches qui ont attiré une attention “que les mères noires manifestant à Portland pendant des mois n’ont pas reçue”, observe toutefois le quotidien. Mais pour Jennifer Kristiansen, 37 ans, avocate et membre du Wall of Moms, qui a été arrêtée lors d’une manifestation à Portland, les mères noires sont “à la tête de ce mouvement” :

“Elles ne sont pas arrivées il y a seulement quelques nuits. Les mères noires ont toujours été là.”


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