François Ruffin et "Fakir" espionnés par LVMH, selon Mediapart

lundi 20 juillet 2020.
 

Selon Mediapart, l’opération aurait été supervisée par Bernard Squarcini, l’ancien patron des services secrets intérieurs.

LVMH, nid d’espions ? Le député France Insoumise, François Ruffin, ainsi que son journal Fakir, auraient fait l’objet d’une surveillance rapprochée de la part du groupe de luxe dirigé par Bernard Arnault, révèle ce mardi 21 mai le site d’investigation Mediapart.

L’espionnage de la publication et de son directeur, qui n’était alors pas encore député, se serait déroulé pendant au moins un an, de mars 2015 à février 2016. A l’époque, François Ruffin tournait son documentaire “Merci Patron !” dans lequel il venait en aide à une famille licenciée d’une entreprise sous-traitante du groupe de luxe.

Selon Mediapart, LVMH aurait fait appel à un cabinet privé, I2F, pour filer le journaliste et ses équipes. Si le patron de cette agence est Hervé Seveno ce n’est pas lui qui aurait supervisé l’opération pour le grand groupe, estime la police, mais Bernard Squarcini, dit le Squale, l’ancien patron de la Direction centrale du renseignement intérieur.

Reconverti dans le privé depuis 2012, il disposerait d’un bureau et d’une adresse mail chez LVMH. Ce sont d’ailleurs des soupçons sur un mélange des genres avec le groupe qui lui valent aujourd’hui une mise en examen pour “abus de confiance”, ajoute Mediapart.

Par ailleurs, à en croire un témoignage d’un ex-commissaire principal des Renseignements généraux, Jean-François Digeon, dans l’Obsen 2016, Bernard Squarcini aurait déjà fait espionner Fakir en 2014 à l’aide d’une taupe.

Des éléments de la vie privée de François Ruffin

Selon Mediapart, I2F a fourni différents types d’informations à LVMH. Si Hervé Seveno se refuse à dévoiler le nom du commanditaire, il assure avoir travaillé dans la légalité pour établir une “cartographie”, sa spécialité. Parmi les synthèses figuraient des détails sur l’organisation de Fakir, ses ramifications et même une information sur la compagne de François Ruffin, qui commente : “À l’époque, cette relation sentimentale n’était pas officielle. Tous les membres de Fakir n’étaient pas forcément au courant”.

I2F a également eu connaissance d’un mail sur une potentielle opération de Fakir au cours d’une assemblée générale de LVMH. Hervé Seveno assure qu’il a été obtenu par une source humaine : “Si on cite un mail dans un rapport, c’est que nous en avions entendu parler, mais il n’y a eu aucun hacking. Je ne sais pas faire”.

Bernard Arnault, qui a refusé de répondre à Mediapart, a été entendu sur cette surveillance en janvier dernier dans le cadre de l’affaire Squarcini, assurant alors n’avoir “aucune information”. François Ruffin n’exclut pas de se porter partie civile.


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