En hommage à Jean Chesneaux (Attac France)

vendredi 10 août 2007.
 

Jean Chesneaux nous a quittés le 23 juillet 2007, à l’âge de 85 ans. En même temps qu’un long parcours d’historien engagé et une participation aux combats majeurs du dernier demi-siècle, il portait inlassablement le souci de l’équilibre écologique de la planète.

Son dernier ouvrage, L’Engagement des intellectuels, 1944-2004, est aussi le témoignage sur le monde et sa « face immonde » du voyageur infatigable qui ne cachait pas sa passion pour Jules Verne. Sinologue, il éclairait son itinéraire singulier par la citation d’un proverbe chinois : « Le vieux cheval connaît son chemin ». Membre du Conseil scientifique d’Attac, il a œuvré à la prise en compte par notre association de la dimension écologique des questions sociales et à la construction d’une nouvelle culture politique. Au Conseil scientifique, dans le groupe de travail « Écologie et Société » qu’il co-animait, il a contribué à la réussite du séminaire organisé par Attac le 24 mars 2007 : « Les mouvements sociaux confrontés à la crise écologique ». Représentant Greenpeace-France, il en a fait la conclusion et ce fut certainement une de ses dernières interventions publiques. Nous lui témoignons notre reconnaissance en lui laissant aujourd’hui encore le dernier mot :

« Acceptons-nous de prendre la mesure politique de ce moment tout nouveau ? Pour la première fois dans leur histoire multimillénaire, les sociétés humaines sont menacées dans leur existence physique, et cela du fait même de leur activisme économique et technique inconsidéré. L’humanité se révèle capable de détruire la base même de son être historique. On peut déjà anticiper, au moins dans leur ordre de grandeur, les effets funestes de processus comme la hausse du niveau des océans et le réchauffement des moyennes thermiques. Souligner que nous vivons un moment de tous les dangers, ce n’est pas céder à la panique. C’est affronter les exigences de ce qu’un intervenant a appelé ce matin la transition écologique. C’est-à-dire l’entrée dans une ère historique où le destin même de l’humanité dépend de son aptitude à préserver les conditions écologiques de son existence.

C’est pour affronter ce moment singulier qu’il nous faut élargir notre culture politique à de nouveaux outils conceptuels et de nouveaux indicateurs, devenir familiers avec de nouveaux types de dossiers et encore élaborer un nouvel imaginaire.

Construire une culture écologique à la mesure des nouvelles exigences politiques de notre époque, c’est donc construire les instruments politiques globaux, capables de faire face aux nouveaux périls que nous affrontons. Et nous n’attendrons pas l’hypothétique naissance d’un super-État mondial ... Vaste chantier, piégé mais inéluctable. Le global devient le cadre même, dans lequel s’organise désormais le périlleux face-à-face entre Société et Nature ; c’est dans le global que l’humanité doit aujourd’hui maîtriser son destin. L’écologie en crise met en péril l’avenir même de la société ».

Un hommage lui sera rendu pendant l’université d’été d’Attac à laquelle il devait participer. Une cérémonie publique sera organisée à Paris en septembre.

Jean Chesneaux était professeur émérite à l’université Paris-VII (histoire contemporaine de l’Asie orientale), directeur d’études à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales), président d’honneur de Greenpeace-France, conseiller à la rédaction de la revue Écologie & politique, membre du comité de rédaction de La Quinzaine littéraire.

Attac France, Montreuil, le 25 juillet 2007


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