Affaire Platini : Emmanuel Macron a-t-il essayé de l’aider dans ses déboires judiciaires  ?

mardi 7 juillet 2020.
 

Selon une vaste enquête de Mediapart, Emmanuel Macron et un haut magistrat, proche du président de la République, auraient tenté d’intercéder en faveur de Michel Platini, mis en cause dans des affaires liées à la Fifa.

Emmanuel Macron a-t-il essayé d’aider judiciairement Michel Platini, mis en cause dans une affaire de corruption concernant l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar  ? C’est ce que semble révéler une enquête menée par Mediapart, qui évoque notamment un "discret" rendez-vous entre les deux hommes à l’Élysée et des écoutes téléphoniques.

Selon le média en ligne, tout commence en mars 2018. Trois mois après avoir été perquisitionné et auditionné comme suspect dans le cadre de l’enquête préliminaire pour "corruption" menée par le Parquet national financier (PNF) sur l’attribution du Mondial 2022, Michel Platini est discrètement reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron. L’entrevue est organisée par Jacques Vendroux, alors chef du service des sports de Radio France et ami des deux hommes.

Il évoque une simple conversation entre deux amateurs de foot. "Celle d’un président de la République qui avait envie de faire la connaissance d’un des meilleurs joueurs du monde, et Michel qui avait envie de faire la connaissance du plus jeune président de l’histoire de la Ve République". Si le journaliste confirme qu’Emmanuel Macron a bien demandé à Michel Platini : "Vous en êtes où dans vos histoires"  ? Il affirme que le président "n’a jamais dit : Je vais m’occuper de vous. Jamais, jamais, jamais".

L’Élysée dément aussi et répond à Mediapart que "le président de la République, qui a de l’intérêt pour le football, a reçu le joueur de football, l’icône Michel Platini, mais en aucun cas le justiciable Michel Platini". Un haut magistrat sollicité  ?

Mais lors d’une conversation téléphonique datant du 24 mai 2019, Michel Platini a dit à Jean-Pierre Chanal, directeur général adjoint des services de la Ville de Marseille, placé sur écoutes par le PNF, dans le cadre d’une enquête sur la mairie : "Moi, j’ai envoyé un truc à l’Élysée en disant que le président il a dit qu’il m’aiderait. Ça serait bien qu’il le montre maintenant". Quelques jours plus tard, Michel Platini déclare encore : "J’ai envoyé à l’Élysée, j’ai envoyé au responsable des sports à l’Élysée. J’ai dit il serait temps de sauver le citoyen français". De son côté, Jean-Pierre Chanal lui répond qu’il va "appeler Michel."

Il s’agit en l’occurrence de Michel Debacq, avocat général à la Cour de cassation, ancien chef de la section antiterroriste du parquet de Paris et proche d’Emmanuel Macron. Selon Mediapart, plusieurs échanges entre lui et Jean-Pierre Chanal laissent supposer que le haut magistrat, qui ne s’occupe pas l’affaire, a tenté d’intercéder en faveur de Michel Platini dans la procédure pour dénonciation calomnieuse qu’il a initiée contre Sepp Blatter et son ex-directeur juridique Marco Villiger afin que celle-ci débouche sur l’ouverture d’une information judiciaire.

Si Michel Debacq affirme de son côté n’avoir rencontré Michel Platini qu’à titre amical, le parquet général de Paris a confirmé à Mediapart avoir saisi la Direction des services judiciaires du ministère concernant d’éventuels manquements déontologiques du magistrat, tout en affirmant qu’il n’y avait eu aucune interférence extérieure dans le dossier. La plainte de Platini n’a d’ailleurs pas donné lieu à l’ouverture d’une information judiciaire en France, mais la justice suisse s’est, elle, finalement saisie de l’affaire.

Reste que quelle que soit l’aide reçue, Michel Platini a depuis subi plusieurs revers judiciaires, à commencer par l’ouverture, en France, le 20 janvier 2020, d’une information judiciaire dans l’affaire Qatar 2022, ce qui ouvre la voie à d’éventuelles mises en examen, rappelle Mediapart.


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