Le Macronisme, une sorte de fascisme inédit

mercredi 17 juin 2020.
 

par Jacques COTTA, le 1er juin 2020

Sur les rayons de l’his­toire, le fas­cisme cor­res­pond à une défi­ni­tion bien par­ti­cu­lière. Il n’est pas syno­nyme d’auto­ri­ta­risme, de dis­cri­mi­na­tion ou de racisme, assi­mi­la­tion qui a conduit les milieux de gauche notam­ment à uti­li­ser ce qua­li­fi­ca­tif à tort et à tra­vers durant des années, quitte à en bana­li­ser le contenu. La fas­cisme c’est tout autre chose que nous pou­vons aujourd’hui ana­ly­ser à l’aune du macro­nisme qui se révèle comme une sorte de fas­cisme tota­le­ment inédit.

Le fas­cisme cor­res­pond à une forme de domi­na­tion du capi­tal qui dans une situa­tion extrême a besoin de détruire phy­si­que­ment les orga­ni­sa­tions ouvriè­res, les syn­di­cats, les asso­cia­tions, les partis, les mili­tants. Lorsque la bour­geoi­sie ne par­vient plus à désa­mor­cer les contra­dic­tions explo­si­ves de la société, ce sont les bandes armées qui doi­vent assu­rer l’essen­tiel, la cen­tra­li­sa­tion du pou­voir d’État, la des­truc­tion des conquê­tes ouvriè­res, la liqui­da­tion des orga­ni­sa­tions ouvriè­res et démo­cra­ti­ques, l’anéan­tis­se­ment des syn­di­cats, des asso­cia­tions, des partis. La dic­ta­ture mili­taire et poli­cière permet de démo­ra­li­ser, de mar­ty­ri­ser, de tor­tu­rer, de har­ce­ler tout oppo­sant. Pour exis­ter, pour durer, pour rem­plir son rôle, un mou­ve­ment fas­ciste doit de plus obte­nir le sou­tien actif d’une partie signi­fi­ca­tive du capi­tal. Il faut à un mou­ve­ment fas­ciste avoir testé son effi­ca­cité dans des épreuves de force contre le monde sala­rié, contre le monde ouvrier.

Aujourd’hui le fas­cisme à nul besoin de bandes armées char­gées de détruire les orga­ni­sa­tions poli­ti­ques ou syn­di­ca­les pour détruire les conquê­tes ouvriè­res. Les gou­ver­ne­ments qui se sont suc­cé­dés, Les pou­voirs poli­ti­ques, les direc­tions suc­ces­si­ves s’en sont char­gées. Les partis sont ato­mi­sés. Les syn­di­cats sont mino­rés, inté­grés à l’union euro­péenne qui inter­dit toute réflexion ou action indé­pen­dante. L’appro­ba­tion der­niè­re­ment du plan de BCE et de l’UE par les res­pon­sa­bles de la CGT, de FO, de la CGC et de l’UNSA, sous la hou­lette de la CFDT, « pour répon­dre à la crise sociale consé­cu­tive à la crise sani­taire », vient confir­mer le diag­nos­tic.

Le macro­nisme ne dis­pose donc pas de bandes armées pro­pres à tout régime fas­ciste. Mais la vio­lence d’État carac­té­rise le macro­nisme. Elle s’abat sur les tra­vailleurs dés lors qu’ils expri­ment leurs reven­di­ca­tions. Depuis le mou­ve­ment des Gilets jaunes, la police, mais également la jus­tice avec la magis­tra­ture, font preuve d’un zèle digne de tout régime dans lequel les liber­tés démo­cra­ti­ques ont été ban­nies.

Les lois suc­ces­si­ves rabat­tent les liber­tés au compte de l’ordre social voulu, exigé par le capi­tal. Les lois d’urgence suc­ces­si­ves, de Hollande à Macron, mais aussi leurs com­plé­ments, les lois Avia, les lois ficha­ges, celle auto­ri­sant la gen­dar­me­rie à confec­tion­ner des listes liées aux opi­nions poli­ti­ques ou reli­gieu­ses ou celle liée au tra­çage télé­pho­ni­que, la loi inter­di­sant de dénon­cer la vio­lence poli­cière, de filmer les exac­tions, la loi qui assure l’impu­nité des « bandes armées offi­ciel­les », se suc­cè­dent à la vitesse de la lumière.

La crise sani­taire a été mise à contri­bu­tion. L’auto régu­la­tion impo­sée aux citoyens, la peur du virus lar­ge­ment dif­fu­sée et la répres­sion contre tout récal­ci­trant ont été une for­mi­da­ble école de la sou­mis­sion volon­taire que le gou­ver­ne­ment compte mettre à profit.

Emmanuel Macron per­son­ni­fie la volonté du capi­tal qui l’a porté au pou­voir. Peu importe le vrai, peu importe le sensé, peu importe la com­pé­tence. Ce qui compte aujourd’hui sous la macro­nie est le pou­voir assuré du capi­tal contre toute ten­ta­tive de remise en ques­tion, par tous les moyens, les plus vio­lents y com­pris.

Il a été de bon ton, voila plus de deux ans, pour une partie impor­tante de l’électorat, de gauche notam­ment, de voter Macron, puis de le ral­lier, offi­ciel­le­ment « pour éviter le danger fas­ciste Le Pen ». Mais il faut être lucide. Le capi­tal a fait son choix. Il est mille fois mieux servi par Macron et consorts que par la res­pon­sa­ble du RN. C’est Macron qui incarne le mal dénoncé hier. Les ques­tions socié­ta­les, PMA, GPA ou autres, mises en avant pour donner le change n’y pour­ront rien. Sur la domi­na­tion poli­ti­que, sur le rap­port de clas­ses, sur les métho­des uti­li­sées, sur la remise en cause des liber­tés élémentaires, Macron occupe la fonc­tion contre laquelle offi­ciel­le­ment il était can­di­dat, et pour laquelle il compte lor­gner sur un deuxième mandat.

Le macro­nisme, une forme de fas­cisme inédit ? Nous y sommes, voilà tout !

Emmanuel Macron s’ins­crit dans le déni de démo­cra­tie qui a vu se réa­li­ser en France un véri­ta­ble coup d’état lors­que le congrès réuni à Versailles déci­dait d’adop­ter le traité cons­ti­tu­tion­nel euro­péen que le peuple fran­çais avait rejeté en 2005. Il en est le pro­duit, regrou­pant autour de lui la gauche et la droite euro­péiste qui pré­fè­rent la mon­dia­li­sa­tion capi­ta­liste aux inté­rêts de la nation et du peuple fran­çais.

Voila aussi pour­quoi toutes les forces poli­ti­ques, syn­di­ca­les, asso­cia­ti­ves demeu­rées atta­chées aux liber­tés démo­cra­ti­ques et aux droits et acquis sociaux telle la santé que la macro­nie remet en cause aujourd’hui comme hier, devraient se rejoin­dre, par delà leurs diver­gen­ces, pour la défense de la démo­cra­tie, des liber­tés, des droits et acquis sociaux, pour l’abro­ga­tion de toutes les lois qui se met­tent en tra­vers.

Jacques Cotta Le 1er juin 2020


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