À Bruxelles, une pétition demande le retrait des statues de Léopold II, tortionnaire du Congo

lundi 8 juin 2020.
 

Dans le sillage du mouvement Black Lives Matter, un jeune Bruxellois relance un sujet maintes fois dénoncé : la présence en Belgique de nombreuses statues du roi Léopold II, instaurateur d’un régime colonial sanguinaire au Congo.

“Noah N. L. n’aurait jamais cru qu’il rassemblerait des dizaines de signatures en aussi peu de temps”, écrit De Standaard. Ce jeune Bruxellois de 14 ans a lancé le 1er juin une pétition, relayée par le compte Instagram @statues_leopold2_bxl, demandant le retrait de Bruxelles des statues du roi Léopold II, colonisateur sanguinaire du Congo.

“La ville de Bruxelles accueille chaque année des millions de touristes et c’est ça qu’on veut leur montrer ?” demande Noah sur la page de présentation de la pétition. “À Berlin vous ne voyez tout de même pas de statues d’Adolf Hitler, déclare-t-il au Standaard. Ces statues m’énervent, je me sens mal quand je passe à côté d’elles à Bruxelles. Et le succès de la pétition montre que je ne suis pas le seul.”

Comme le rappelle le quotidien de référence flamand, “le roi Léopold II était le fondateur et le propriétaire à titre personnel de l’État indépendant du Congo”, un territoire dont la superficie correspond à 80 fois celle de la Belgique. Il s’en rend propriétaire en 1885 et le cédera en 1908 à la Belgique. “Sans y avoir jamais mis les pieds, il y a instauré un règne de la terreur.”

Comme le rappelle L’Écho, “on estime que Léopold II est à l’origine d’un génocide qui a mené à la mort environ 10 millions de personnes, soit le tiers de la population concernée, sans compter les mutilés, impossibles à dénombrer” – à une époque où le tranchage de mains était monnaie courante –, et l’asservissement de toute une population.

Ne plus porter de carapace

Noah N. L. a expliqué au Standaard que ses parents sont originaires du Congo, et qu’ensemble ils ont discuté du mouvement de colère aux États-Unis après la mort de George Floyd. “Et aussi de la situation en Belgique, dit-il. Il se passe tellement de choses qui ne sont pas normales, mais que je considérais comme normales jusqu’à présent.”

“Je parie que toutes les personnes noires en Belgique ont vécu quelque chose à cause de leur couleur de peau. À terme, on se met une carapace pour ne plus ressentir d’émotions quand on est confronté à quelque chose de raciste. J’ai peur de devoir porter cette carapace toute ma vie.” Comme le rappelle De Standaard, le débat à propos des statues et portraits de Léopold II n’est pas nouveau et ne se limite pas à l’initiative de Noah. Régulièrement, on remet en cause leur présence dans une ville ou sa maison communale. L’an dernier, un buste a été déboulonné par des militants décoloniaux et remplacé par un buste de Nelson Mandela.

Actuellement, une autre pétition demande le retrait d’une statue à Ostende, et en divers points du pays des statues ont été recouvertes de peinture rouge ces derniers jours, avec parfois des messages faisant clairement référence à la mort de George Floyd, indique encore le journal belge.

La pétition de Noah N. L. avait recueilli 17 000 signatures ce mercredi 3 juin dans la matinée, deux jours après son lancement. Son initiateur s’est fixé pour objectif le déboulonnage d’au moins une statue au 30 juin, date des 60 ans de l’indépendance du Congo.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message