Algérie : février 2019- février 2020 : l’An 1 du processus révolutionnaire

samedi 21 mars 2020.
 

Déjà une année est passée depuis le début du processus révolutionnaire en cours. Jamais le pays n’a connu dans son histoire et dans le répertoire des mouvements sociaux, un mouvement populaire aussi dense et qui dure autant dans le temps. Un mouvement interclassiste qui regroupe toutes les catégories sociales, dont les classes moyennes et les couches populaires déshéritées demeurent le fer de lance de ce Hirak populaire.

Certes, le déclenchement de ce processus est lié essentiellement au sursaut de dignité des Algériens face à un mandat de trop de Bouteflika, mais le peuple s’est révolté aussi contre ce que représente le « Bouteflikisme » comme système de répression, de prédation des richesses nationales et de soumission à l’impérialisme.

Déjà, depuis 2012, le régime s’est montré très agressif vis-à-vis des contestataires de tous bords et toutes velléités de contestation sociale, notamment des syndicats. Agressif sur le plan social avec ses plans d’austérité, de précarité sociale, de prédation aux profits des patrons « oligarques » et des multinationales. Pire encore, le régime s’apprêtait à modifier le Code du travail et revoir à la baisse des transferts sociaux. Les lois de finances adoptées par le Parlement depuis 2016 consacrent ce choix libéral hostile aux travailleurs et aux couches populaires. C’est cette somme de pratiques et de contradictions, conjuguées à la tentative du passage en force du 5e mandat qui sont à la source de ce large mouvement contestataire national.

La jeunesse précarisée au cœur du Hirak populaire

Malgré son hostilité à l’activité politique, la jeunesse précarisée des quartiers populaires demeure le fer de lance de ce processus révolutionnaire, une jeunesse laminée par les différents plans d’austérité et de manque de perspectives sérieuses, y compris pour ceux issus des classes moyennes. Une jeunesse exclue de toute forme de décision et de participation à la gestion des affaires politiques du pays. Les chants qu’on entendait dans les marches expriment amplement cette détresse et cette volonté profonde pour un changement radical. Jamais on n’a vu autant de fraternisation au cœur cette jeunesse, ce sentiment de fierté profonde pour avoir participé à cette œuvre de changement. Une détermination qu’on a senti aussi chez la jeunesse scolarisée qui s’est mobilisée au côté du peuple en lutte pour sa libération. Jamais on n’a vu cette symbiose populaire cette mixité sexuelle et générationnelle en pleine lutte.

Un mouvement profondément populaire

Comme nous l’avons signalé en haut, nous sommes devant un mouvement populaire interclassiste où toutes les classes et couches participent à ce grand mouvement Historique qui a touché l’ensemble du territoire national et la diaspora. Il est aussi profondément populaire par les langues algériennes utilisées et les slogans radicaux mis en avant. Avec de simples chants et slogans, ces derniers expriment ce à quoi le peuple d’en bas aspire, à savoir le refus de la continuité du régime et la construction d’une république authentiquement démocratique et sociale, loin de toute ingérence des puissances mondiales. Il exprime cette profonde volonté du peuple à conduire sa propre transition démocratique en toute souveraineté. Il exprime ce désir profond de mettre un terme à la rapine, au bradage de l’économie nationale et de l’austérité, comme exprimé sur le refus catégorique de la loi sur les Hydrocarbures, loi de finance 2020 et l’exploitation du gaz de schiste.

Il est temps de dépasser nos limites

Une année après le déclenchement de ce processus révolutionnaire, il est plus que vital que jamais que le mouvement populaire fasse un saut qualitatif pour résister aux chants de sirènes, sauvegarder son unité et imposer une véritable transition conduite par le peuple en lutte. La question de l’organisation demeure le grand handicap qui empêche la transcroissance du mouvement populaire. Car un mouvement qui n’avance pas recule. Les règles politiques les plus élémentaires nous indiquent que toute voie de changement politique radical passe d’abord par l’organisation et des objectifs politiques à atteindre. L’organisation va servir à débattre démocratiquement de la situation politique, construire et consolider notre dynamique populaire, puis définir la nature du changement que nous voulons.

Un changement qui répond aux aspirations démocratiques et sociales du peuple Algérien. Le peuple en lutte qui aspire profondément à construire une véritable démocratie qui consacre l’égalité entre citoyens et participe collectivement à la gestion démocratique des affaires de la cité. Un peuple qui aspire à voir un travail décent, accéder à un logement, une santé gratuite et de qualité, un système de formation performant et la construction d’une économie au service des besoins sociaux du peuple. Construire un pays autonome des puissances impérialistes et des règles du marché. En résumé, une République d’égalité politique et sociale, solidaire des peuples en lutte.

Samir Larabi

• Samir Larabi est membre du Parti socialiste des travailleurs.


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