Faut-il se ressembler pour s’assembler ? (sociologie politique de La France Insoumise)

dimanche 1er mars 2020.
 

Nicole Lapierre, anthropologue, a fait paraître en ce début d’année 2020 un livre intitulé : Faut-il se ressembler pour s’assembler ?

Voici des émissions traitant de ce livre intéressant et d’actualité 1) France Culture du 08/02/2020 https://www.franceculture.fr/emissi...

2) La grande table. 29/01/2020. France Culture https://www.franceculture.fr/emissi...

3) Vidéo : interview sur ce livre https://www.youtube.com/watch?v=xA2...

Présentation du livre Faut-il se ressembler pour s’assembler ? Par l’éditeur, les éditions du Seuil.

Le livre coûte 17 €

http://www.seuil.com/ouvrage/faut-i...

Commentaire

J’ai toujours défendu l’idée sur ce site qu’une organisation politique progressiste démocratique et se voulant de masse devait intégrer les apports des sciences sociales et que l’expérience pratique ne suffisait pas à construire un mouvement efficace susceptible de changer en profondeur la société.

Ainsi, par exemple, la théorie des organisations telle qu’elle a été développée par Vincent Lemieux , la théorie des représentations sociales, l’anthropologie politique constitue des outils précieux. Cela peut éviter par exemple des dysfonctionnements organisationnels pouvant provoquer des départs d’adhérents et même éviter des scissions. Il est alors possible à la fois de concilier les impératifs de l’unité et l’absence de dogmatisme ou de sectarisme.

Cet ouvrage d’anthropologie concerne particulièrement le mouvement La France Insoumise qui est un organisme politique particulièrement hétérogène par la diversité des itinéraires politiques ou associatifs des individus qui la composent et aussi par la diversité des activités professionnelles et repères culturels de ces derniers.

Mais en même temps, Jean-Luc Mélenchon rappelle souvent que ce mouvement s’inscrit dans une continuité politique (« notre famille ») depuis la Révolution française au travers différents courants politiques émancipateurs : socialistes, libertaires, communistes, républicanistes notamment.

Ce sont ces courants qui se sont sans cesse battus pour améliorer les droits sociaux, en particulier pour la diminution de la durée du travail contrairement aux courants conservateurs qui ont défendu et défendent encore l’ordre bourgeois capitaliste.

Il existe donc une dialectique entre ressemblance (le progressisme social par exemple) et dissemblances par la diversité des organisations et des stratégies politiques au-delà des variantes idéologiques par exemple.

Ce qui fait le grand intérêt de la sociologie politique de LFI, c’est que cette organisation tente de faire converger, de faire la synthèse de différents courants de pensée émancipateurs du mouvement social. On trouve donc dans ce mouvement des individus issus des courants communistes, d’un authentique socialisme, des écologistes, des féministes, des altermondialistes, des décroissants, des libertaires, des animalistes, des militants issus de différentes associations luttant contre les discriminations et les inégalités. Pour pouvoir coexister ensemble, tous ces gens ont bien compris qu’il ne fallait pas être sectaires ou identitaires, questions abordées dans le livre de Nicole Lapierre qui affirme l’importance de l’empathie et d’un humanisme relationnel.

La filiation d’une politique émancipatrice n’est pas univoque mais se nourrit d’une multitude de courants qui partagent, au-delà de leur diversité, une communauté de destin ou de but : l’émancipation et la libération des hommes de leurs contraintes matérielles et mentales notamment idéologiques, c’est-à-dire de les libérer des rapports de domination et particulièrement d’exploitation.

Un objectif organisationnel du mouvement et de faire coexister des structures de décision démocratique dans une double dimension : verticale et horizontale.

Sur le plan économique, c’est de trouver un juste équilibre, une juste coordination entre le pouvoir central de l’État et les pouvoirs économiques et politiques locaux notamment les entreprises autogérées qui ne doivent pas sombrer dans une concurrence de type capitaliste.

Cela passe par un pouvoir renforcé de décision des citoyens à tous les niveaux, une réflexion nouvelle sur le droit de propriété et sur les communs. Une telle réflexion est déjà mise en route depuis toujours années par différents chercheurs et différentes expérimentations locales. Cela signifie aussi que les idées dites minoritaires ne doivent pas être écartées étouffer mais être démocratiquement prises en compte.

Hervé Debonrivage

Annexe

Modélisation des formations politiques, syndicales, associatives et des réseaux citoyens


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