Un nouveau virus menace les cultures de tomates

vendredi 21 février 2020.
 

Quel est ce nouveau virus ?

Le tomato brown rugose fruit virus (ToBRFV) – littéralement virus de la tomate rendant les fruits bruns et rugueux – menace les cultures de tomates, piments et poivrons. Identifié pour la première fois au Moyen-Orient en 2014, il s’est propagé dans le monde : Mexique, États-Unis, Chine, Turquie. L’Europe aussi est touchée : Grèce, Pays-Bas, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni. " La France est à ce jour indemne. Mais elle se trouve dans une situation d’encerclement qui nous incite à exprimer le plus haut niveau de vigilance ", déclare Philippe Reignault, directeur de la santé des végétaux à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

Sur la base de l’expertise de son Laboratoire de la santé des végétaux à Angers, qui exerce une mission de veille sanitaire, l’Anses sonne l’alarme : elle juge " élevé le risque d’introduction et de dissémination du virus en France avec un impact potentiel conséquent sur les cultures, tant pour les filières professionnelles que pour les productions familiales des potagers ".

Pourquoi est-il particulièrement préoccupant ?

Le ToBRFV est très contagieux. Il peut infecter jusqu’à 100 % des plantes dans une exploitation. " Ce virus peut pénétrer dans la plante par des microblessures provoquées par un contact physique avec tout support porteur du virus : plantes, mains, outils, vêtements, insectes pollinisateurs, oiseaux ou eau d’irrigation ", détaille l’Anses. Le virus se propage ensuite dans toute la plante, contaminant aussi les graines et les fruits.

Les fruits présentent des taches jaunes ou brunes, des déformations et parfois des rugosités caractéristiques. Ils sont dès lors impropres à la commercialisation, même si le virus, spécifique des végétaux, n’est pas transmissible à l’homme. Aucun traitement (chimique ou biocontrôle), aucune variété résistante n’existe à ce jour contre ce virus. Les organisations de producteurs sont inquiètes.

" On observe l’évolution de cette maladie et la localisation des foyers, confie Michel Chiavassa, directeur de la coopérative maraîchère nantaise Océane. Ce virus ravage les serres et détruit toute la production. "

Quel plan de bataille l’Anses préconise-t-elle ?

D’abord un volet préventif pour empêcher le virus de rentrer en France. La Commission européenne impose que " les plants et semences de tomates importés doivent être certifiés exempts du virus ou provenir de pays, régions, zones de production indemnes ", précise Philippe Reignault. À cette mesure européenne, l’Anses ajoute une exigence supplémentaire : les tomates importées en France, elles aussi, devront provenir uniquement de sites de production déclarés exempts du virus. De plus, les jardiniers amateurs devront être sensibilisés au risque de contamination de ce nouveau bioagresseur. L’Anses pointe le risque d’entrée via le marché des semences achetées par les particuliers sur Internet.

Si malgré cette vigilance, le virus débarquait en France, l’Anses propose aux pouvoirs publics un plan national de surveillance et de détection précoce. Les foyers dépistés seront éradiqués par arrachage et incinération de la totalité des plants, suivis d’une désinfection et d’un vide sanitaire. " Cette stratégie a fait ses preuves dans la lutte contre le virus pépino et la bactérie clavibacter, deux organismes nuisibles émergents de la tomate qui sont sous contrôle ", évoque Philippe Reignault.


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