Nouvelle cochonnerie du PS. Pas de motion de censure pour Olivier Faure

mercredi 12 février 2020.
 

Ou pas tout de suite en tout cas. Peut-être juste à la fin de la discussion du projet de loi au Parlement. Si Macron lui en laisse le temps, bien entendu, et ne fait pas passer sa loi à grands coups de 49.3.

Inutile de dire que l’attaque de l’exécutif contre les retraites ne sera pas battu en brèche au Parlement mais dans la rue et par la grève. Malgré son entêtement, il n’est écrit nulle part que le tandem Macron-Philippe atteindra son objectif. Tout dépendra de la possibilité d’un rebond et du degré de mobilisation.

Sur le terrain institutionnel, néanmoins, le chemin du gouvernement est semé d’embûches avec, d’un côté, l’avis extrêmement négatif rendu par le Conseil d’Etat, le jour même où le texte sur les retraites était présenté en Conseil des ministres et, de l’autre, la guérilla parlementaire qui s’annonce avec 22.000 amendements déposés et censés être passés en revue en seulement deux semaines par la Commission des lois à l’Assemblée, avant la discussion du texte en séance plénière, pour une adoption prévue, selon Macron, le 3 mars.

C’est donc dans ce cadre, autant pour faire de l’obstruction - assumée en tant que telle – que pour occuper l’espace médiatique et politique, que le groupe La France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon ont déposé 19.000 amendements à eux seuls et proposé une motion de censure à présenter contre le gouvernement. « Niet », a dit le premier secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure, à l’émission « Questions politiques, ce dimanche.

Le PCF, en la personne de Fabien Roussel, stigmatise, « ceux qui font de l’obstruction », souhaitant, pour sa part, un référendum sur la réforme des retraites. Faure souhaite qu’il y ait « un débat jusqu’au bout », rajoutant même, pas dégouté pour un sou, qu’il souhaite le mener « les yeux dans les yeux avec ce gouvernement ». Le premier secrétaire du PS prétend ainsi « faire comprendre aux Français que ce projet est un projet régressif ». Mais dans quel monde vivent les socialistes ? Ils ne se sont pas rendu compte que même sans l’avis éclairé de leur premier secrétaire, une très large majorité de l’opinion publique rejette en bloc la casse des retraites de Macron ? Il compte nous apporter de nouveaux arguments ?

La décision du PS, véritable cochonnerie politique, cache en réalité trois petites manœuvres. La première, c’est qu’en se désolidarisant de la proposition de Mélenchon – et quand bien même la motion n’a aucune chance d’aboutir -, il empêche LFI d’avoir le nombre requis de députés pour en déposer une. La seconde petite manœuvre, associée à la première, c’est que Faure ne veut pas brusquer « l’aile gauche » de LREM, qui provient du PS et qui s’est constituée en tendance ce samedi. Alors, certes, Faure a traité Jean-Yves Le Drian « d’alcoolique anonyme » (grande classe !), mais la direction du PS ne veut pas insulter l’avenir dans le scénario très hypothétique où certains députés marcheurs seraient tentés par revenir au bercail socialo. Troisièmement, réduits à la portion congrue depuis la dérouillée socialiste post-Hollande, Faure et son parti ne savent plus comment faire un peu de bruit afin qu’on se rappelle de leur existence. Quoi de mieux, pour apparaître à bon compte comme des opposants de Macron, qu’une hypothétique motion de censure qui ne serait pas « un préalable » mais une « conclusion », à savoir une motion de censure qui serait déposée début mars, à deux semaines des municipales, histoire de faire oublier aux électeurs que le PS est à la peine et redorer un peu son blason. Pour cela, pas question de griller une cartouche aussi précieuse en plein mois de février.

Même réduit à presque rien, le PS n’a pas complètement perdu sa capacité de nuisance. Sans parler du fait que c’est sous le gouvernement précédent qu’a été adoptée la dernière réforme en date, sur le dossier des retraites : la réforme Tourraine. C’est à se demander si Faure, au bout du compte, ne roule pas encore pour Macron. Après tout, c’était un ministre de son ancien patron, François Hollande.


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