Macron, insolent d’inhumanité

mardi 11 février 2020.
 

Emmanuel Macron demande de « l’humanité » à sa majorité parlementaire. Une véritable exception à sa politique. Où était leur humanité au moment de voter la loi Asile et immigration, de mettre des lycéens en garde à vue, de précariser encore et toujours les plus précaires ?

« La violence est dans la société », a déclaré Emmanuel Macron en marge du Festival International de la Bande Dessinée, la semaine dernière à Angoulême. Après avoir posé, le temps d’une photo, avec le dessinateur Jul qui tenait dans sa main un t-shirt avec le logo du festival détourné d’un chat éborgné, sous-titré « LBD 2020 », le président s’est ainsi justifié : « La caricature est dans la culture populaire, nous sommes dans une démocratie qui aime l’insolence ».

Alors que la répression policière n’a jamais fait autant de victimes, notamment par les tirs de LBD – dont l’usage est critiqué jusqu’aux plus hautes instances de l’Union européenne –, Emmanuel Macron se la joue insolent. Celles et ceux qui ont perdu l’usage d’un œil, qui ont été blessés à la tête à la main ou au dos apprécieront. La violence est dans le geste. La violence est dans le mot. La violence est dans la politique, celle que mène le président de la République. Un Président ne devrait pas dire ça.

Une insolence sans limite. C’est aussi Emmanuel Macron qui, quelques jours après ces déclarations, a appelé son gouvernement et plus largement sa majorité parlementaire à faire preuve « d’humanité ». Cette petite sortie présidentielle intervient après le refus de la ministre du Travail, Muriel Penicaud, d’accepter un amendement présenté par le groupe UDI-Agir (proche de la majorité) visant à étendre le congé de deuil d’un enfant de 5 à 12 jours. La ministre a jugé, depuis les bancs de l’Assemblée nationale, que « ça va pénaliser les entreprises ». Le tollé est quasi général en dehors des rangs (godillots ?) de La République en Marche. Pour le député François Ruffin, il n’y avait pourtant pas de débat :

« Un député (de droite) propose d’allonger de 5 à 12 jours le congé des parents lorsqu’ils perdent un enfant. Sur le sujet je pensais qu’il n’y aurait pas de FI, pas de LR, de Modem, pas de En Marche. »

Et pourtant, d’humanité il a manqué sur les bancs de l’hémicycle (godillot ?)...

Emmanuel Macron, défenseur d’une politique « humaine » ? Vraiment ? Quand dans la loi Asile et immigration on rend possible l’enfermement de mineurs dans des centres de rétention jusqu’à 90 jours ; quand on enferme pendant plusieurs heures des lycéens pour avoir bloqué l’accès à un lycée laissant les parents sans nouvelles de leurs enfants ; quand on fabrique une réforme pour faire travailler les Français plus longtemps alors qu’ils vivent de moins en moins bien en bonne santé après 60 ans ; quand dans le même temps la même réforme pénalise les plus précaires, les femmes, les jeunes issus de quartiers populaires, les seniors, et organise une baisse généralisée des pensions de retraite ; quand on augmente les frais de scolarité des étudiants étrangers et qu’on envisage de réduire les conditions d’obtention de l’AME pour les demandeurs d’asile ; quand on est accusé par de nombreuses ONG et plus de deux millions de citoyens d’inaction climatique alors que la planète brûle... on ne peut se revendiquer de conduire une politique humaine.

Quand la politique conduite revient à remplir des tableurs Excel, à penser les chômeurs et les précaires comme des chiffres et des statistiques, à n’avoir pour religion que la réduction des dépenses et des effectifs, plutôt que de chercher à améliorer les conditions de vie du plus grand nombre, on ne peut pas donner de leçon. Certainement pas à ceux qui vous ont fait roi : ces ministres et députés qui s’exécutent aussitôt que le chef a parlé. Même le Medef a réussi à prendre le gouvernement sur sa gauche en soutenant la proposition du groupe UDI-Agir. Désormais, le rétropédalage des ministres et députés (godillots ?) est permanent. De farouchement opposés à la proposition du groupe UDI-Agir, les voilà désormais farouchement favorables. Godillots, disais-je.

Et c’est une ministre du Travail presque attendrie, aux bords des larmes, qui nous explique tout à coup combien la douleur de la perte d’un enfant est sans doute le drame le plus éprouvant pour une famille. Et de conclure que l’ensemble du texte n’a pas encore été adopté, qu’un nouveau vote sur ce vœu peut avoir lieu. Très bien. Cet aveu résonne comme un possible. Et puisqu’il est admis que l’on peut revenir sur un vote, il va falloir revoter beaucoup. Et revenir sur l’ensemble des décisions qui ont été prises au cours des deux dernières années. Parce que d’humanité, ils ont manqué.

« Je ne pense pas qu’on puisse dire dans un état de droit, dans une démocratie extrêmement solide comme celle de notre pays, qu’il y a des violences policières [...] Quand il y a eu des fautes, elles sont systématiquement sanctionnées. » (16/01/2020, France Inter)

du Festival International de la Bande Dessinée, la semaine dernière à Angoulême. Après avoir posé, le temps d’une photo, avec le dessinateur Jul qui tenait dans sa main un t-shirt avec le logo du festival détourné d’un chat éborgné, sous-titré « LBD 2020 », le président s’est ainsi justifié : « La caricature est dans la culture populaire, nous sommes dans une démocratie qui aime l’insolence ».

Alors que la répression policière n’a jamais fait autant de victimes, notamment par les tirs de LBD – dont l’usage est critiqué jusqu’aux plus hautes instances de l’Union européenne –, Emmanuel Macron se la joue insolent. Celles et ceux qui ont perdu l’usage d’un œil, qui ont été blessés à la tête à la main ou au dos apprécieront. La violence est dans le geste. La violence est dans le mot. La violence est dans la politique, celle que mène le président de la République. Un Président ne devrait pas dire ça.

Une insolence sans limite. C’est aussi Emmanuel Macron qui, quelques jours après ces déclarations, a appelé son gouvernement et plus largement sa majorité parlementaire à faire preuve « d’humanité ». Cette petite sortie présidentielle intervient après le refus de la ministre du Travail, Muriel Penicaud, d’accepter un amendement présenté par le groupe UDI-Agir (proche de la majorité) visant à étendre le congé de deuil d’un enfant de 5 à 12 jours. La ministre a jugé, depuis les bancs de l’Assemblée nationale, que « ça va pénaliser les entreprises ». Le tollé est quasi général en dehors des rangs (godillots ?) de La République en Marche. Pour le député François Ruffin, il n’y avait pourtant pas de débat :

« Un député (de droite) propose d’allonger de 5 à 12 jours le congé des parents lorsqu’ils perdent un enfant. Sur le sujet je pensais qu’il n’y aurait pas de FI, pas de LR, de Modem, pas de En Marche. »

Et pourtant, d’humanité il a manqué sur les bancs de l’hémicycle (godillot ?)...

Emmanuel Macron, défenseur d’une politique « humaine » ? Vraiment ? Quand dans la loi Asile et immigration on rend possible l’enfermement de mineurs dans des centres de rétention jusqu’à 90 jours ; quand on enferme pendant plusieurs heures des lycéens pour avoir bloqué l’accès à un lycée laissant les parents sans nouvelles de leurs enfants ; quand on fabrique une réforme pour faire travailler les Français plus longtemps alors qu’ils vivent de moins en moins bien en bonne santé après 60 ans ; quand dans le même temps la même réforme pénalise les plus précaires, les femmes, les jeunes issus de quartiers populaires, les seniors, et organise une baisse généralisée des pensions de retraite ; quand on augmente les frais de scolarité des étudiants étrangers et qu’on envisage de réduire les conditions d’obtention de l’AME pour les demandeurs d’asile ; quand on est accusé par de nombreuses ONG et plus de deux millions de citoyens d’inaction climatique alors que la planète brûle... on ne peut se revendiquer de conduire une politique humaine.

Quand la politique conduite revient à remplir des tableurs Excel, à penser les chômeurs et les précaires comme des chiffres et des statistiques, à n’avoir pour religion que la réduction des dépenses et des effectifs, plutôt que de chercher à améliorer les conditions de vie du plus grand nombre, on ne peut pas donner de leçon. Certainement pas à ceux qui vous ont fait roi : ces ministres et députés qui s’exécutent aussitôt que le chef a parlé. Même le Medef a réussi à prendre le gouvernement sur sa gauche en soutenant la proposition du groupe UDI-Agir. Désormais, le rétropédalage des ministres et députés (godillots ?) est permanent. De farouchement opposés à la proposition du groupe UDI-Agir, les voilà désormais farouchement favorables. Godillots, disais-je.

Et c’est une ministre du Travail presque attendrie, aux bords des larmes, qui nous explique tout à coup combien la douleur de la perte d’un enfant est sans doute le drame le plus éprouvant pour une famille. Et de conclure que l’ensemble du texte n’a pas encore été adopté, qu’un nouveau vote sur ce vœu peut avoir lieu. Très bien. Cet aveu résonne comme un possible. Et puisqu’il est admis que l’on peut revenir sur un vote, il va falloir revoter beaucoup. Et revenir sur l’ensemble des décisions qui ont été prises au cours des deux dernières années. Parce que d’humanité, ils ont manqué.

Pierre Jacquemain


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