Même les patrons lâchent Macron

jeudi 6 février 2020.
 

Serait-ce la fin des haricots pour Macron ? Ça y ressemble beaucoup en tout cas. Son projet de retraites à points a réussi à unir les milieux populaires ouvriers, les cheminots, les électriciens, les gaziers, les portuaires et les dockers, les égoutiers et des pans larges des classes moyennes et moyennes supérieures allant des enseignants jusqu’aux avocats. Tous demandent le retrait pur et simple du projet de loi. Mais les ennuis continuent à arriver pour Macron. Ce sont désormais les patrons eux-mêmes qui critiquent ouvertement la réforme. Bien sûr eux ne critiquent pas le principe de la retraite à points. Ils sont tout à fait d’accord pour faire travailler les ouvriers, les aides-soignantes, les dockers ou les femmes de ménage jusqu’à 65, 66 ou 67 ans. Ils sont raccord avec l’article 55 du projet de loi qui fera payer aux retraités les prochaines crises économiques. Ils applaudissent des deux mains le gouvernement quand celui-ci exclu de revenir sur les 10 milliards d’euros d’exonérations de cotisations qui leur ont été offertes.

Mais ils craignent pour leurs cadres dirigeants. Le projet de loi prévoit, à son article 13, de ne plus faire payer de cotisations et de ne plus verser de pension dans le cadre du système par répartition au-dessus de 10 000 euros par mois. J’ai déjà expliqué sur ce blog en quoi il s’agit d’un cadeau pour les fonds de pension. Les personnes concernées se tourneront vers la retraite par capitalisation pour maintenir leur niveau de revenu à la retraite. C’est l’ouverture d’un marché pour les fonds privés comme BlackRock, co-inspirateur, avec la Commission européenne, de cette réforme. Cette opération est un nouveau très gros cadeau de Macron pour le capitalisme financier. Pour les caisses de retraites, cela représentera un trou de 7 milliards d’euros par an.

Mais si ce mitage par le haut du système par répartition plaît aux patrons du capitalisme financier, ce n’est plus le cas du reste du patronat. Eux commencent à s’affoler. Car les cadres concernés dans leurs entreprises, très peu nombreux – 240 000 personnes – sont aussi très mobiles. Et la sortie d’une partie de leurs revenus du système par répartition va entrainer pour eux une perte sèche immédiate. Par conséquent, ils vont faire jouer auprès de leurs employeurs la concurrence pour obtenir des compensations sonnantes et trébuchantes. Geoffroy Roux de Bézieux, le chef du Medef, l’a dit clairement lors de son audition devant la commission spéciale : « on aura un problème d’employeur vis-à-vis de ces gens là ». Il sait qu’il va devoir passer à la caisse. Et ça, les patrons n’aiment pas beaucoup.

Pour l’UIMM, la branche patronale de la métallurgie, les choses sont encore plus claires. Ces patrons demandent carrément le maintien de la retraite par répartition pour tous les salaires. Et donc est bien obligé de reconnaitre que la solidarité est plus efficace et plus souhaitable que le chacun pour soi. Qu’ils tâchent de s’en souvenir la prochaine fois qu’ils auront des idées pour demander des reculs des droits sociaux pour les travailleurs, la destruction d’autres pans de notre modèle social ou la privatisation des services publics. Mais n’espérons pas trop. En attendant, le socle de Macron s’est rabougri à son essence la plus étroite et la plus pure : la frange financiarisé du capitalisme global.


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