Algérie : Le mouvement populaire s’inscrit déjà dans l’après 12 décembre

samedi 21 décembre 2019.
 

Le décor de l’Algérie post-22 février 2019 ne risque pas de changer après cette présidentielle contestée. Le mouvement populaire en cours, depuis 10 mois, n’est pas prêt de céder face au passage en force du pouvoir en place.

Les Algériens qui accentuent les manifestations pour faire barrage au scrutin présidentiel d’aujourd’hui, 12 décembre, se montrent déterminés à poursuivre cette révolution pacifique jusqu’à la réalisation de l’idéal rêvé : l’instauration d’une nouvelle Algérie démocratique. Une aspiration qui ne se réalisera pas, selon eux, avec une « mascarade électorale » imposée pour reconstituer un système en faillite qui risque d’entraîner dans son sillage l’Etat et le pays. Dans l’esprit du hirak qui se poursuit malgré la répression, la désinformation et la propagande, le nouveau cap est déjà fixé. C’est le vendredi 13. Ou peut-être le jour même de l’élection.

Les manifestations organisées hier à Alger et dans de nombreuses villes du pays sont déjà un prélude d’un nouveau départ pour cette révolution pacifique. Les milliers de partisans du mouvement populaire veulent déjà faire du jour de l’annonce des résultats de cette joute électorale qui se déroulera à huis clos le début de la disqualification de ce processus imposé contre la volonté populaire. Ils veulent aussi annoncer leur rejet de celui qui sortira des urnes de l’illégitimité. De nombreux appels à poursuivre la lutte sont déjà lancés.

A commencer par le groupe des 19 personnalités et intellectuels qui ont rendu publique, avant-hier, une déclaration adressée aux Algériens. En effet, les signataires, dont Ali Yahia Abdennour, Taleb Ibrahimi, Ali Benmohamed, Abdelaziz Rahabi, Mustapha Bouchachi, Noureddine Benissad, Arezki Ferrad, Hadi Hassani, Nacer Djabi et Abdelghani Badi, invitent « les partisans du hirak à considérer le rendez-vous du 12 décembre comme une étape parmi d’autres qu’il faut traverser avec succès pour préserver leurs pacifisme après cette date ».

D’autres appels invitent également les Algériens à sortir massivement ce vendredi pour exprimer le refus de l’élection et de ses résultats. C’est le cas du Pacte de l’alternative démocratique (PAD) qui, tout en appelant au rejet du scrutin d’aujourd’hui, exhorte aussi le mouvement populaire à rester mobilisé pour déjouer tous les plans du régime en place.

Les Algériens, prédit pour sa part le président du RCD, Mohcine Belabbas, lors de son passage, mardi soir, sur le plateau de Berbère TV, « ne vont pas rentrer chez eux après le 12 décembre ». « Les Algériens ont compris que plus on avance dans le temps, plus il faut aller vers d’autres actions de pression sur le pouvoir en place (…) Ils sont en train de dire au pouvoir en place qu’ils ne s’arrêteront pas après ce scrutin. Le peuple algérien est conscient qu’il est nécessaire de tout reconstruire, car on a eu un faux départ dès 1962 », souligne-t-il.

En tout cas, la résistance du mouvement citoyen à tous les coups de boutoir du régime, durant 10 mois, confirme qu’il s’inscrit dans la durée. La crise politique ne se règle pas avec un coup de force contre la volonté populaire.

Madjid Makedhi

EL WATAN 12 décembre 2019 à 10 h 20 min :


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