Les raisons de la grève à Radio France

mardi 3 décembre 2019.
 

Les grèves se déchaînent sur les chaînes de Radio France

24/11/2019 (mis à jour à 20:47)

Par Eric Chaverou et Maxime Tellier

Source : France Culture site.

https://www.franceculture.fr/medias...

Nouveaux appels à la grève ce lundi et dans la semaine à Radio France. En cause avant tout : un plan de départs volontaires et 60 millions d’euros d’économies. Revue des mesures de la direction et de l’État, ainsi que des revendications syndicales ; après des résultats d’audience souvent inédits.

Il y avait déjà une Assemblée générale lors de la grève des personnels du 18 juin 2019 contre le plan de la direction de Radio France. Assemblée générale lors de la grève des personnels du 18 juin 2019 contre le plan de la direction de Radio France.• Crédits : Nathanael Charbonnier - Radio France

Au vu des très nombreux préavis de grève et tracts syndicaux, la semaine sociale promet d’être très agitée à Radio France. Les syndicats sont particulièrement mobilisés contre le plan de départs volontaires de la direction touchant environ 7% des effectifs de l’entreprise et contre les 60 millions d’euros d’économies demandées. Mais pas seulement.

Après une journée de grève particulièrement suivie le 18 juin dernier (après une première mouture du plan de la direction), ils partent toutefois en ordre relativement dispersé. Unis dans leur appel pour ce lundi, mais avec différentes stratégies pour la suite, notamment liées à leurs ambitions en vue du 5 décembre. Une journée de mobilisation ce lundi donc à l’appel de l’Unsa et de FO, cinq jours pour le SNJ, Sud et CFDT et un préavis reconductible tous les jours pour la CGT.

Tour d’horizon de leurs revendications et des mesures annoncées par la direction et l’État. Un nouveau bras de fer renforcé par d’excellents résultats d’audience révélés la semaine dernière et avec en toile de fond l’avenir dessiné par la tutelle de l’audiovisuel public via une nouvelle loi et la holding "France Médias".

299 postes supprimés d’ici 2022, dont 236 ouverts à un plan de départs volontaires

"Les audiences montent, le moral baisse", lance un des très nombreux tracts qui tapissent les couloirs de la maison Ronde. La maison gronde face à un plan de départs volontaires inédit à Radio France depuis sa création en 1975. Avec, d’ici 2022, 299 postes supprimés et la création en parallèle de 76 postes : 50 pour le numérique et 26 pour les besoins de la réorganisation. Sur un total de 4 403 CDI au 30 septembre.

La PDG de l’entreprise, Sibyle Veil, a détaillé son projet Radio France 2022 en comité social et économique central (CSEC) le 14 novembre dernier, avec ainsi 236 départs volontaires d’ici trois ans. La direction de l’établissement - comprenant les fonctions d’accueil, de courrier ou d’entretien - est particulièrement touchée, amputée de 50 postes. Le choeur de Radio France devra se passer de 30 choristes sur 90. La documentation perd 28 postes, l’informatique 26 postes et les techniciens supérieurs du son presque autant. Les journalistes n’y coupent pas, avec 17 postes dont les 4 de Fip qui perd ses journaux (avec également la fermeture annoncée de ses antennes locales à Strasbourg, Bordeaux et Nantes) et les 4 postes des bureaux régionaux de Toulouse et Marseille amenés à disparaître.

Selon l’intersyndicale, la motivation économique d’un tel plan demeure injustifiée. La CGT d’affirmer que ces suppressions de postes auraient aussi pour conséquences, dès 2020, "l’augmentation du recours à des précaires sans possibilité d’embauche par la suite" ou "la mise en difficulté de l’encadrement, avec un risque de transfert de la pression sur les salariés".

60 millions d’euros d’économies d’ici 2022

La PDG de Radio France avance une règle de trois : 20 millions d’euros à la demande de l’Etat, 20 millions d’euros en prévision d’une augmentation des charges de la société et 20 millions d’investissement en faveur du numérique. La première part venant d’une baisse annoncée de la part de la redevance audiovisuelle attribuée aux radios publiques.

Parmi les clés avancées dans le projet Radio France 2022, cinq millions d’euros d’économies pourraient venir des "coûts de diffusion" et le double du "redéploiement des moyens."

Les syndicats rappellent que pour atteindre de telles économies, les congés, le compte épargne-temps et l’organisation du travail devraient aussi être rapidement touchés. Même si le texte actuel de la direction n’en parle plus. Ils y voient une "deuxième lame", et de façon globale du "toujours plus avec toujours moins" pour "une nouvelle casse du service public". Un "tour de vis au-delà de la volonté assumée de l’Etat de réduire sa contribution à l’audiovisuel public".

Préparer l’avenir, selon Sibyle Veil et Franck Riester

La PDG de Radio France a écrit, parlé et répondu aux employés. Observant en revanche ces dernières semaines un silence médiatique. Dans un mail adressé en interne, elle dit préparer l’avenir pour "que Radio France continue de conquérir pour être toujours demain la référence de service public – ce que nous sommes aujourd’hui –, dans un contexte financier qui, vous le savez, est très contraint." Fin juin dernier, sur France Inter, le ministre de la Culture Franck Riester a appuyé cette démarche en déclarant notamment que "C’est quand ça va bien qu’il faut se transformer", "c’est un effort, que je ne sous-estime pas, mais qui est tout à fait acceptable, possible pour l’audiovisuel public et pour Radio France en particulier. Ce sera un plan de départs volontaires, je fais toute confiance en Sibyle Veil et son équipe (...)".

Sibyle Veil, qui fut recrutée au sortir de la grève historique de 2015 par Mathieu Gallet, souligne que personne ne sera obligé de quitter l’entreprise s’il ne le souhaite pas. Avec des départs "progressifs" et "des mesures d’accompagnement en vue d’un départ à la retraite ou d’un nouveau projet professionnel".

La dirigeante insiste également sur un périmètre préservé, "nos 7 chaînes de radio et nos 4 formations musicales", quand il avait été question en 2015 de la disparition de l’un des deux orchestres maison.

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Des records d’audience

Hasard du calendrier, des résultats d’audience souvent records ont été révélés la semaine dernière, salués par la présidence de l’entreprise. Ils renforcent les interrogations de quantité de salariés désormais informés du détail par service des postes visés. "Pourquoi un tel plan si les résultats sont déjà aussi bons ?", se demandent-ils avec les syndicats.

France Inter a par exemple conforté sa place, historique, de première radio de France. Et France Culture atteint à nouveau une écoute sans précédent. Quand bien même le média radio perd toujours plus d’auditeurs dans le pays.

Des résultats salués par la présidente de l’entreprise qui a remercié les équipes : "L’engagement et le coeur que vous mettez à faire la radio se voient !"

Eric Chaverou et Maxime Tellier

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