Montpellier : 4ème assemblée des assemblées des Gilets Jaunes

lundi 11 novembre 2019.
 

Montpellier : des Gilets Jaunes de toute la France réunis pour réfléchir à la suite du mouvement

Gilets Jaunes : L’Assemblée des Assemblées vote la jonction à la grève du 5 décembre 2019

Quelques articles et vidéos

https://www.youtube.com/watch?v=Gce...

https://france3-regions.francetvinf...

https://www.20minutes.fr/societe/26...

http://www.leparisien.fr/economie/g...

https://www.youtube.com/watch?v=QwB...

Montpellier : 4ème assemblée des assemblées

https://actu.fr/occitanie/montpelli...

Tandis qu’ils fêteront dans 15 jours l’anniversaire du mouvement, 450 Gilets Jaunes venus de toute la France réfléchissent à Montpellier au devenir du mouvement.

La quatrième Assemblée des Assemblées se déroule actuellement dans l’ancien musée d’Agropolis, dit la Soucoupe, à Montpellier. 450 personnes, représentant 200 groupes de Gilets Jaunes, sont venues de toute la France engager jusqu’à dimanche un véritable travail de réflexion autour du mouvement. À quinze jours de célébrer le premier anniversaire, les interrogations sont nombreuses et les organisateurs, une centaine de Montpellier et ses alentours, comptent bien les aborder sans détour. Entre accords et désaccords, les Gilets Jaunes cherchent à construire.

Occupation de la Soucoupe

Malgré les demandes officielles auprès de la Ville, la Métropole, le Département et la Région qui ne leur ont apporté aucune réponse, les organisateurs montpelliérains de la 4e Assemblée des Assemblées des Gilets Jaunes ont dû se résoudre à passer par l’illégalité en jetant leur dévolu sur l’ancien musée d’Agropolis qui avait déjà été occupé une première fois durant un mois en 2017.

Ouvert en 1994 afin de déployer un ensemble scientifique et pédagogique autour de la nourriture et des agricultures du monde, le lieu est laissé à l’abandon depuis 2010 faute de financements. Un véritable gâchis confié à la seule usure du temps. Sujets d’expositions, vitrines, livres, documents administratifs, matériels… croulaient jusqu’à peu sous la poussière et les crottes de rats.

Si l’occupation de la Soucoupe, son surnom en raison de son architecture, est illégale et fut constatée par un huissier suite à la plainte de la Région, les Gilets Jaunes apportent une seconde vie, fussent-elles le temps d’un week-end, à ce lieu qui mérite beaucoup mieux.

Les « fourmis jaunes » à l’oeuvre

Depuis que les « ouvreurs » ont donné accès au bâtiment, les organisateurs se sont attelés à pouvoir accueillir plus de 500 personnes. Une centaine de Gilets Jaunes de l’Hérault et du Gard sont venus en renfort pour appliquer un grand coup de nettoyage, remettre l’électricité, organiser les espaces et préparer toute la logistique du week-end. Si le covoiturage et les solutions d’hébergement ont fonctionné à plein régime, tout a été fait pour que certains dorment sur place. Des repas sont également assurés grâce à des producteurs locaux qui plus est en aliments bio. Le tout financé grâce à la cagnotte en ligne qui a permis de récolter 3 000 €, additionné à beaucoup de bénévolat ou de dons directs.

Conscients de l’importance de cette quatrième ADA, les organisateurs ont ouvert en grand les portes aux médias avec pour objectif de présenter la meilleure image possible du mouvement. Si quelques restrictions compréhensibles sont imposées, le dialogue est ouvert et l’ambiance chaleureuse. À quelques minutes de rentrer dans le vif du sujet, des dizaines de « fourmis jaunes » s’affairaient aux derniers préparatifs dans une organisation calée au millimètre pour une week-end voulu intense en travail.

Points d’accord et de désaccord

Après Commercy, Saint-Nazaire et Montceau-les-Mines, Montpellier marque une nouvelle étape pour les Gilets Jaunes. « Le contexte en fait un moment charnière parce qu’il y a l’anniversaire du mouvement. C’est le bon moment pour se poser les questions à un peu plus long terme » explique Christophe, l’un des organisateurs qui fait le lien avec les médias, « La 4e ADA a lieu à un moment déterminant pour la suite du mouvement. Beaucoup de Gilets Jaunes ont une attente de ce qui va en ressortir. Mais il appartient aux participants de choisir quelles directions seront prises ».

Si les précédentes ADA ont débouché sur des appels, ce ne sera pas le cas de celle-ci. « On attend que les gens s’expriment et on est là pour rendre visible tout ce qui sera dit. À partir du moment où il y a ces expressions et que l’on fait apparaître des points d’accord nets, on imagine que les groupes locaux vont travailler à mettre en place des choses » complète Christophe.

Les sept thématiques de travail :

1/ Rôle et structuration de l’ADA : « Cela continue à faire débat. Doit-elle être ponctuelle ou activable à certains moments ? Est-ce que cela doit être un lieu de discussions et d’échanges ou doit-elle s’impliquer dans les appels et les modalités d’action ? ».

2/ Comment retrouver un lien avec la population ? : « Cela devient de plus en plus compliqué pour les Gilets Jaunes d’avoir une image positive ou encore un mot positif dans les médias ».

3/ Comment travailler avec les autres mouvements ou secteurs en lutte ? : « Pour l’instant, ils ont tendance à manifester de manière séparée. Est-ce que l’on peut arriver à s’entendre et à mener des actions communes ? ».

4/ Comment s’organiser face à la répression ? : « Comment s’informer davantage pour se protéger, prévenir des arrestations… aider les gens à mieux vivre cette répression ou les emprisonnements ».

5/ Adversaires et alliés : « Il s’agit de déterminer qui porte atteinte finalement à la santé, à notre pouvoir d’achat… Qui sont ceux qui œuvrent dans le même sens que nous ».

6/ Les Municipales : « Comment allons-nous agir dans ce contexte ? Doit-on agir avec les institutions ou en parallèle ? ».

7/ Anniversaire du 17 novembre : « Cela fait un an que le mouvement existe. Comment se positionne-t-on au niveau national avec l’ADA ? ».

Sept thématiques sont soumises aux participants répartis en groupe de 20 personnes avant de remonter progressivement jusqu’à des séances plénières. Une méthodologie permettant à chacun de s’exprimer le plus possible et de faire remonter un maximum d’avis et d’idées. L’objectif étant d’identifier les points d’accord et de désaccord. La volonté affichée dès ce premier jour est de justement de pouvoir faire entendre toutes les voix.

« L’ADA n’est pas représentative de l’ensemble du mouvement car tout le monde n’y participe pas mais pour autant on y retrouve toute la diversité du mouvement » précise Christophe qui poursuit : « Il y a énormément de tendance au sein du mouvement. L’ADA n’est pas là pour définir une tendance à la place des participants. Il y a eu des positions asses claires sur le fait qu’une société capitaliste engendre fatalement tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés et qu’il était nécessaire d’inventer d’autres modes de fonctionnement ». La violence divise

Si la question de la structuration du mouvement pour lui donner une suite à long terme est sans doute nécessaire, une autre également centrale risque d’être sujet à débat. La violence qui est apparue comme une forme d’expression pour certains et une réponse à la répression pour d’autres, divise aujourd’hui le mouvement. Si les Gilets Jaunes se demandent comment retrouver un lien avec la population, ils pourraient trouver, en séparant de la question la répression policière, des réponses dans cette introspection.

Lire aussi : Montpellier / Gilets Jaunes : une 4e Assemblée des Assemblées pour structurer le mouvement ?

« Le gouvernement a essayé de renvoyer les Gilets Jaunes au monde des invisibles. Quand ils sont sorties dans la rue, au lieu de les considérer, il leur a appuyé la tête pour les remettre sous l’eau par la répression et une guerre médiatique qui a été menée » analyse Christophe « Cela a rendu invisible une partie très forte de nos soutiens et on réfléchit maintenant à pouvoir rendre visible à nouveau ce soutien populaire qui ne s’est jamais démenti ».

D’où l’importance de se poser la question dans cette ADA pour la suite du mouvement et bien au-delà car : « Sur le soutien populaire, sur les revendications, sur l’injustice… on a encore besoin de la majorité de la population ». Les Gilets Jaunes en baisse ?

Quand certains affirmaient que le mouvement ne passerait pas l’été ou qu’il serait actuellement en perte de vitesse car moins présent dans la forme d’expression que sont les manifestations du samedi, Christophe apporte des explications : « Le nombre n’a pas baissé mais il ne va plus spécialement le samedi parce que la répression a fait son travail. Le mouvement est rural et toutes les personnes qui ont été Gilet Jaune un jour n’ont à priori pas vu leur situation s’améliorer. Par contre, la détermination de certains a augmenté par rapport à toutes les injustices qu’ils ont subit ».

C’est pourquoi, à quelques jours du premier anniversaire des Gilets Jaunes, il prévient les commentateurs : « C’est une erreur de dire que le mouvement faiblit par la seule lucarne du samedi. Le mouvement c’est les gens qui le composent et ils sont disséminés dans toute la société et dans toute la France. Énormément de Gilets Jaunes essaient de continuer à se faire entendre très souvent de manière locale, ce qui fait que cela passe sous le radar des médias. Le mouvement est encore extrêmement actif par petites touches et par le biais de personnes qui essaient de propager des idées qui pourraient nous faire sortir de la crise ». Une réponse collective

C’est justement pour apporter une réponse collective que ces Gilets Jaunes sont réunis à Montpellier. Sans être la voix du mouvement dans sa globalité, cette Assemblée des Assemblées a le mérite de faire confronter les divergences. L’espoir des premières heures étant de réussir ce dialogue interne, les sourires étaient sur tous les visages laissant la colère momentanément de côté.

« Sur l’aspect humain, il y a une joie qui est perceptible de retrouver des Gilets Jaunes qui connaissent les mêmes problématiques, qui sont éparpillés à travers la France et qui se retrouvent dans un même endroit. Rien que pour ça cela vaut le coup » savoure Christophe qui sait que le plus important est encore à venir : « Mais maintenant qu’ils sont là autant leur proposer de travailler ensemble pour faire émerger des choses concrètes ».

Les participants ont jusqu’à dimanche pour faire vivre ce temps de démocratie. Et s’ils n’en furent pas à l’origine contrairement au Grand Débat par exemple, il est bien dommage que les institutions n’accompagnent pas ces Gilets Jaunes. Un dialogue étant toujours plus constructif à deux surtout après un an de combat et d’incompréhensions.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message