(Point de vue) Soudan et Darfour : quelques éclaircissements

jeudi 26 juillet 2007.
 

L’arrivée au sommet de l’agenda diplomatique mondial de la question du Darfour n’est ni l’effet du hasard ni la conséquence d’une aggravation dramatique et soudaine d’une situation conflictuelle existant depuis plusieurs années dans cette province occidentale du Soudan.

Le terme gravissime de « génocide » a été lancé en 2004 par COLIN POWELL au sujet du Darfour. L’abus de ce terme, en contradiction avec la définition qui en a été fixé par l’ONU dans la convention internationale contre les génocides adoptée le 9 Décembre 1948 et entrée en vigueur le 12 Janvier 1951, est une constante de la politique étrangère des Etats-Unis depuis la disparition de l’URSS bien qu’ils aient été au nombre des premiers signataires de la dite convention. Mais ils ont démontré ces dernières années qu’ils se souciaient comme d’une guigne du droit international existant et ils préfèrent accuser de ce crime le Soudan qui en est lui-même signataire que d’autres voisins : Tchad, Congo, République Centrafricaine qui ne le sont pas.

Alors pourquoi la mode, même si ce mot fait frémir quand il faut parler de souffrances humaines réelles de populations déjà très défavorisées, est-elle au « génocide au Darfour » ?

Un universitaire étasunien, ALEX DE WAAL, qui s’est récemment penché sur cette question conclut que s’il y a « génocide » au Darfour alors il y a aussi « génocide » au Congo, au Burundi, en Ouganda , au Nigéria et dans plusieurs autres pays.

ALEX DE WAAL est directeur du Programme de Recherche en science sociale à New -York et membre du Global Equity Initiative de Harvard. Il a publié deux livres très documentés sur Le Darfour dans lesquels il étudie les particularités sociales, ethniques et culturelles des habitants du Darfour , particularités réelles et d’une grande diversité mais qui n’ont rien à voir avec l’image , caricaturale et sans fondement d’après lui, véhiculée par les médias dociles selon laquelle les Darfouriens seraient des « Africains » victimes « d’Arabes » avec le sous-entendu dévastateur suivant : les Darfouriens seraient des « gentils Africains » victimes de « méchants arabes », comprenez le gouvernement de Khartoum. (Que des arabes aient traversé la Mer Rouge et se soient installés au Soudan est un fait historique mais il remonte à l’époque de Mahomet et le brassage a eu le temps de se faire.) Il y a donc deux façons de parler du Darfour : le mode humanitaire : dans une région pauvre d’un pays lui-même pauvre une « guerre civile » provoque de graves souffrances humanitaires le mode politique : le Soudan est l’enjeu des rivalités entre grandes puissances et il est mis à l’index par les Etats-Unis qui veulent faire tomber le régime soudanais actuel et la « guerre civile » n’est pas, loin s’en faut, que le fait de citoyens soudanais qui s’entretueraient.

Nous ne nous attarderons pas sur le premier mode qui est utilisé par les ONG générales, comme AMNESTY International, MSF, la Croix-Rouge et tant d’autres, soit par des ONG spécifiques qui se sont constituées pour les besoins de cette cause et recherchent surtout une influence sur les opinions publiques occidentales en vue de préparer celles-ci à approuver les actions politicomilitaires , clandestines et/ou publiques, contre le pouvoir soudanais, que projettent ou qu’ont déjà entamées leurs gouvernements. Le montage, rôdé en Yougoslavie, est aujourd’hui bien connu.

Pourquoi donc cet intérêt pour le Soudan ?

Le Soudan est le plus grand pays d’Afrique, assez peu peuplé : 33 millions d’habitants pour un territoire grand comme 5 fois la France, peu industrialisé peu équipé - il n’y existe qu’une seule route goudronnée - soumis à une énorme pression de l’appareil impérialiste occidental (le démontre à l’envie la visite officielle de KOUCHNER à Khartoum à peine un mois après son installation au Ministère des Affaires Etrangères)

Entre Tropique et Equateur, le pays s’étend sur plus de 2500 km du Nord au Sud et la haute vallée du Nil, qui sur son territoire se subdivise en deux grands affluents le Nil Blanc qui prend sa source tout au Sud du pays et le Nil bleu venu d’Ethiopie, constitue la colonne vertébrale de ce grand ensemble et concentre la majorité de la population y compris l’énorme Khartoum qui rassemble plus de 7 millions d’habitants. Il est divers tant par ses climats, ses reliefs que par ses populations et leurs cultures et pourtant, pour paraphraser Galilée, il existe.

Il existe : parce qu’au travers de son histoire il n’a pas, sauf pendant une brève période été intégré dans un empire du Nil qui aurait exercé son empire sur la totalité de l’immense bassin fluvial parce qu’il a échappé aux ferments de division tribale qui, en Afrique de l’Ouest, a conduit, avec l’appui déterminé du colonialisme européen et surtout français, à l’émiettement territorial parce que, a contrario, le colonisateur britannique a tout fait pour éviter qu’au moment de la décolonisation les officiers révolutionnaires égyptiens n’étendent leur pouvoir sur le Soudan parce qu’il y a deux facteurs d’unification : l’islam religion d’environ 60 % de la population, et la langue arabe elle aussi majoritaire et qu’en même temps ces deux facteurs d’unification n’ont pas conduit à l’élimination des minorités linguistiques culturelles et religieuses, ni même à un bloc musulman unifié, les appartenances tribales restant vivaces.

Le Soudan est donc un pays africain majoritairement musulman et arabophone qui à travers la résistance au colonialisme d’abord et confronté ensuite, après la décolonisation, à de fortes tendances sécessionnistes tant au Sud qu’au Nord-Est, s’est forgé, dans le combat et dans des conflits qui ont largement dépassé l’intensité de celui du Darfour, une unité. Mais on devrait se souvenir à Washington et ailleurs que le chemin de l’unité nationale n’est pas toujours tapissé de roses !

Son éclatement, d’intérêt secondaire pour l’impérialisme tant que ses richesses naturelles étaient difficiles à exploiter (vu l’immensité du territoire et la pauvreté ou l’inexistence des réseaux de transport) devient un enjeu central dès l’instant où ces richesses, au premier chef le pétrole, sont prometteuses, exploitables et commencent à l’être par des compagnies étrangères qui pour la plupart ne sont pas des compagnies « occidentales ».

L’impérialisme occidental a donc entamé une action multiforme, qui n’exclut pas les rivalités comme entre la France et les Etats-Unis, visant soit à favoriser la sécession de diverses provinces soit à entamer la « somalisation » du pays c’est-à-dire la destruction de l’Etat et l’installation d’un chaos où le pouvoir serait ramassé par des bandes armées vivant de la taxation des exportations (comme pour l’opium afghan). Mais cette seconde perspective est encore lointaine et ne parait guère réalisable sans intervention militaire US massive.

Ce type d’action a échoué au Sud (voir plus loin) mais pourrait être repris à l’occasion d’un référendum prévu par les accords de paix et devant se tenir en 2008 et il a été engagé au Darfour sitôt le calme revenu au Sud.

QUELQUES POINTS DE REPERE HISTORIQUES

L’histoire du Soudan est longue et complexe et notre propos n’est pas ici d’en faire un résumé même bref, mais certains épisodes de l’histoire contemporaine qui ont été des facteurs de l’unité soudanaise méritent d’être soulignés.

Ayant été colonisé par la Grande-Bretagne ce pays est peu connu en France et les publications en langue française le concernant sont rares. Il a bien existé un « Soudan Français » mais, au moment de la décolonisation, il a été remplacé par l’actuel Mali. Sa brusque émergence médiatique, au point que, dans la mise à l’écart presque complète des questions internationales dans la campagne présidentielle française, il a été une des très rares questions abordées et de la manière la plus consensuelle par les deux finalistes, si elle a de quoi surprendre s’avère être une opération très bien organisée.

L’Empire du MAHDI : le colonisateur mis à la porte

Rattaché à l’empire ottoman au début du 19° siècle le Soudan sera un des pays que l’impérialisme britannique en expansion lui arrachera pour assurer son contrôle stratégique sur la route des Indes : le Soudan a en effet 700 kilomètres de côte sur la rive occidentale de la Mer Rouge.

Il lui aura fallu au préalable prendre le contrôle de l’Egypte à l’issue d’un long affrontement avec la France qui ne s’achèvera qu’en 1881. La mainmise britannique sur le Soudan sera difficile et ne sera effective qu’à l’issue d’une guerre sanglante. Le chef soudanais MUHAMMAD AHMAD IBN ABDALLAH dit le MAHDI conduit la résistance au nom de l’Islam. En effet, à l’exception de sa partie Sud, le Soudan est islamisé depuis longtemps et sert de pays de transit à tous les pèlerins venus de l’Afrique subsaharienne qui se rendent à La Mecque. Le colonisateur s’est installé à Khartoum et le général anglais GORDON y commande une garnison anglo-égyptienne. Le 26 Janvier 1885, les troupes du MAHDI s’emparent de Khartoum, tuent le général GORDON et mettent fin à la toute nouvelle tutelle anglo-égyptienne sur le pays. Cet épisode est relaté, en adoptant le point de vue britannique colonialiste ? dans le film KHARTOUM (1966).

Le Soudan devient alors un Etat islamiste indépendant et va le rester pendant 14 ans. Mais il s’épuise dans des conflits avec ses voisins : L’Egypte et l’Ethiopie, qu’il tente de soumettre à sa loi et une nouvelle campagne militaire de 3 ans (1896-1899) permet à la Grande-Bretagne de faire tomber le régime du MAHDI. Le pays ne sera pas pacifié pour autant et de nombreuses révoltes auront lieu tant au Nord où elles sont animées par des islamistes qu’au Sud où les populations ont été christianisées.

Le régime NEIMEIRY

Sitôt renversée la monarchie égyptienne, voulant à tout prix éviter une annexion du Soudan par les officiers nassériens progressistes, la Grande-Bretagne accorde l’indépendance au Soudan. Cependant, en l’absence de lutte centrale de libération, il n’émerge pas de pouvoir politique national fort jusqu’à une stabilisation réalisée par le gouvernement militaire du Général NEMEIRY qui reste à la tête de l’Etat de 1969 à 1985.

Arrivé au pouvoir en compagnie des communistes, NEMEIRY les écarte et le régime suit en politique internationale une évolution parallèle à celle du régime égyptien et ne se signale ni par un engagement tiersmondiste ni par une position neutraliste. Mais malgré sa taille et sa diversité géographique, culturelle et ethnique, il reste uni et NEMEIRY est respecté dans le monde entier pour avoir réintégré dans le jeu politique national les régions sécessionnistes du Sud en dotant le pays d’une constitution fédérale qui donne de larges pouvoirs aux régions.

Le régime AL BASHIR NEMEIRY est renversé par un coup d’Etat sans effusion de sang ; la situation demeure instable jusqu’en 1989 où le 30 Juin un nouveau coup d’Etat militaire amène au pouvoir le général OMAR HASSAN AHMED AL BACHIR. Signe des temps, le nouveau gouvernement est appuyé par un mouvement islamiste : le Front national islamique (FNI) de HASSAN TOURANI. AL BACHIR est toujours à la tête du pays et contrairement à l’image qui a été véhiculée à l’extérieur, le régime n’est pas un régime islamiste radical. En fait, le FNI ne rallie ni tous les musulmans - les pratiquants - ni même tous les islamistes - les musulmans qui veulent faire de l’Islam la loi d’Etat - qui sont organisés dans d’autres groupes politiques et l’armée échappe assez largement à leur influence. Le nouveau pouvoir ne se laisse donc pas contrôler par le FNI. TOURANI est progressivement écarté du centre du pourvoir et, bien que la Charia soit officiellement inscrite dans la

Constitution, les militaires se gardent de tout excès doctrinal, bien conscients qu’ils sont que le maintien de l’unité du pays nécessite le respect de sa diversité de langues et de religions. Al TOURABI après avoir occupé d’importantes fonctions dans le régime est d’ailleurs retourné en prison en 2001.

La véritable raison de la mise à l’index du régime soudanais par l’Occident et les Etats-Unis en particulier est le soutien politique qu’il a apporté à l’IRAK au moment de la guerre du Golfe.

Sans rentrer plus avant dans le récit de l’histoire du Soudan contemporain il faut noter que les divers régimes qui se succèdent, s’ils prennent le pouvoir par la force se font ensuite confirmer au pouvoir par des élections et que le fédéralisme, mis en place par la constitution de 1975 et qui va être approfondi par une nouvelle constitution en 1999, reste le mode d’organisation du pays. Donc malgré des révoltes régionales, au Sud, au Nord-Est, jamais l’unité du pays n’a été radicalement mise en cause ni de l’intérieur ni de l’extérieur, aucun de ses voisins n’intervenant si ce n’est de manière clandestine, contre le Soudan.

Guerres civiles au Soudan : silence sur les unes, tintamarre sur les autres Parmi ces révoltes régionales, la plus importante va se développer dans la Sud à partir de 1990. Ce n’est en fait qu’une réactivation d’une vieille opposition ressuscitée par l’arrivée au pouvoir à Khartoum des islamistes. Le précédent conflit entre les régions du Sud où l’Islam est minoritaire, la population étant majoritairement chrétienne et animiste (sans séparation nette entre les deux pratiques religieuses) et le pouvoir central s’était achevé en 1975 par les accords d’Addis-Abeba et la mise en place de la constitution fédérale. Mais la nouvelle guerre civile ne donnera pas lieu à une intense activité médiatique en Occident pour la simple et bonne raison qu’elle a d’importants soutiens en Occident même : chrétiens fondamentalistes des Etats-Unis et sionistes qui vont les uns et les autres s’employer à diaboliser le régime « islamiste » de Khartoum avec le secret espoir de parvenir à la partition du pays et à l’indépendance du Sud.

Le Mouvement pour libération du Soudan : le MPLS et son bras armé : l’ APLS, sont dirigés par JOHN GARANG, un officier formé aux Etats-Unis et il bénéficie de nombreuses sympathies à l’étranger : Etats-Unis bien sûr, Israël et l’Ouganda voisin par où arrivent armes et munitions. Mais ces sympathies ne s’arrêtent pas à l’idéologie. Le Sud Soudan renferme d’importantes richesses pétrolières. Les premières recherches et les premières découvertes avaient été le fait de sociétés occidentales au premier rang desquels l’étasunienne CHEVRON qui avait conduit des explorations à la fois en off-shore sur la Mer rouge et dans le Sud. Mais la guérilla du Sud rendait impossible la poursuite de cette activité et CHEVRON comme TOTAL ont abandonné la partie.

Or, pour pouvoir vendre le pétrole du Sud Soudan sur le marché mondial il faut traverser le centre et le nord Soudan et atteindre la Mer Rouge. Donc si le pouvoir central ne laisse pas passer le pétrole entre les gisements du Sud et la mer Rouge, il est inutile du point de vue d’une multinationale US ou européenne dont la préoccupation première n’est pas le développement du Soudan de l’extraire. L’idée peut alors germer de renverser le régime soudanais et d’utiliser la guérilla du Sud pour l’affaiblir. Une guerre civile de ce type, dont l’issue peut favoriser la capitalisme occidental, ne suscite aucune commisération dans nos médias ni aucun projet de « guerre humanitaire » comme il s’en déroulait une à la même période en Yougoslavie. Cette guerre a eu lieu, elle a causé d’importantes pertes humaines et d’importants déplacements de population, mais l’impérialisme qui la favorisait en sous-main ne lui a pas fait beaucoup de publicité. Le seul acte de guerre impérialiste direct sera le bombardement décidé par CLINTON d’une usine de médicaments de Khartoum supposée produire des armes biologiques et le prétexte en sera la présence sur le sol soudanais de « terroristes islamistes » accusés- à tort ou à raison - d’être impliqués dans le premier attentat contre le WORLD TRADE CENTER de New-York (1993).

Le pétrole rassemble au lieu de diviser Cependant, malgré la guerre civile qui se prolonge et fait des dizaines de milliers de victimes, la sortie de crise se met progressivement en place. Le Gouvernement soudanais ouvre la porte à de nouvelles compagnies pétrolières : chinoises, malaisiennes et indonésiennes. Elles reprennent les recherches dans le Sud, commencent l’exploitation et lancent en accord avec le gouvernement la construction d’un pipeline conduisant le pétrole d’abord à Khartoum où elles construisent une raffinerie et ensuite vers un nouveau port pétrolier sur la Mer Rouge au sud de Port-Soudan. Parallèlement est mis en place un accord de partage des revenus pétroliers entre la région productrice et le pouvoir central. Les conditions de la paix civile se trouvent donc progressivement réunies et en 2002 l’accord est signé entre le MPLS et le gouvernement de Khartoum. JOHN GARANG, qui mourra très peu après dans un accident d’hélicoptère vite classé, peut-être trop vite, comme dû à de mauvaises conditions atmosphériques, est nommé Vice-président du Soudan et le Soudan devient à partir de 1999 un acteur - de taille moyenne pour le moment mais les recherches se poursuivent et sont prometteuses - du marché pétrolier mondial au nez et à la barbe des multinationales US.

Le Sud pacifié, le Darfour entre en scène

Pour les stratèges en déstabilisation de Washington, le Darfour est un vrai cas d’école. Un région éloignée de la capitale, mal reliée au reste du pays par des routes qui ne sont pas toujours praticables, plus facile d’accès pour ses voisins : Tchad et Libye que pour le pouvoir central, une région porteuse de promesses pétrolières et une guerre civile conduite par deux groupes rivaux ayant plus de velléités de participer au partage d’une future manne pétrolière que d’indépendance politique. Le choix est clair : il faut faire mûrir l’abcès pour intervenir de plus en plus ouvertement. Bien sûr on peut sans tarder faire parvenir des armes aux rebelles par l’Ouest et la Tchad, copiloté par la France mais dont le dictateur entretient également de très bons rapports avec les Etats-Unis se prête volontiers à ce jeu en soutenant un des deux groupes rebelles : le MJE. Mais il faut frapper plus fort. Le Soudan est donc classé dans les pays dangereux et la campagne médiatique mondiale pour faire accepter l’idée d’intervention est lancée. On peut la dater du jour de 2004 où Colin Powell lance l’arme de destruction politique massive : l’accusation de « génocide ». Il consacrait ainsi la réussite de la campagne antisoudanaise lancée par le lobby sioniste aux Etats-Unis et entérinée par le Congrès US. Celui-ci avait adopté en effet le SUDAN PEACE ACT signé par BUSH en Octobre 2002 et qui donnait au département d’Etat les moyens financiers de ses interventions « humanitaires » en même temps qu’il sanctionnait économiquement le Soudan.

A partir de cette date, le projet d’intervention militaro-humanitaire est clair et officiel. Face à lui, le gouvernement soudanais résiste. Il accepte une présence militaire de troupes de l’Union Africaine au Darfour. Il refuse par contre la présence de casques bleus de l’ONU car, comme cela s’est vérifié au Sud Liban après l’attaque israélienne en 2006, les soldats de l’ONU sont presque tous des soldats des pays de l’OTAN. Il voit bien également que le Pentagone est depuis le début de la « guerre contre le terrorisme » en train de prendre pied de plus en plus solidement en Afrique Orientale : base militaire à Djibouti (dans des locaux aimablement mis à disposition par l’armée française, maintenant bombardement de la Somalie et invasion éthiopienne du territoire sous direction US. Il sait d’expérience que le régime Ougandais qui a apporté un soutien régulier au MPLS et à l’APLS pendant la rébellion du Sud est un allié fidèle des Etats- Unis et que les services secrets israéliens et les agences de sécurité israéliennes y sont très actives. Il sait que le TCHAD, pays considéré comme le plus corrompu d’Afrique par Transparency International, s’est beaucoup rapproché des Etats-Unis depuis que le pétrole tchadien est exploité par EXXON. L’Egypte ne lui est pas hostile mais elle est alignée sur les Etats-Unis. Le Soudan est quasiment encerclé.

Il va donc négocier avec les rebelles du Darfour et parvenir à un accord de paix très complet accordant de nombreux droits économiques et sociaux aux régions du Darfour. Cet accord de paix établi en 3 langues : arabe, français et anglais et que nous avons pu consulter pourrait servir de modèle de sortie de crise dans de nombreux pays où existent des conflits analogues. Malheureusement un des groupes rebelles, le MJE, soutenu par le régime tchadien, va refuser de le signer et le calme ne revient pas.


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