Vers un nouveau krach bancaire et financier ?

samedi 5 octobre 2019.
 

Du 17 au 19 septembre dernier, la Réserve fédérale des Etats-Unis a injecté plus de 200 milliards de dollars dans les banques qui manquaient de liquidités (credit crunch) et ne pouvaient s’en procurer ni sur le marché interbancaire ni auprès des sociétés financières sans licence bancaire (Money Market Funds). C’est la première fois que cela se produit depuis 2008, date de la chute de Lehmann Brothers suivie de la faillite bancaire et financière internationale que l’on a connue.

C’est un signe supplémentaire de l’approfondissement de la crise économique financière mondiale. Avec une croissance faible dans les pays industrialisés, une décroissance forte de la croissance chinoise, avec des taux de profit dans l’économie réelle toujours très faibles (caractéristique de la phase actuelle du capitalisme et qui entraîne la baisse de l’investissement productif dans les entreprises malgré le gonflement de la masse des profits !), les profits des entreprises sont de moins en moins réinvestis dans la production et donc de plus en plus investis dans la spéculation financière internationale.

Les principales banques centrales du système capitaliste (BCE, Etats-Unis, Japon, Grande-Bretagne et Chine) accompagnent ce fonctionnement en faisant des injections massives de liquidités dans les banques (c’est la planche à billets !), en diminuant les taux d’intérêt (jusqu’à les rendre négatifs !). Nous aboutissons donc à une baisse de la production à cause de la surproduction en regard de la demande solvable, phénomène bien expliqué par notre vieux barbu du XIXe siècle : « Dès leur naissance, les grandes banques, affublées de titres nationaux, n’étaient que des associations de spéculateurs privés s’établissant à côté des gouvernements et, grâce aux privilèges qu’ils en obtenaient, à même de leur prêter l’argent du public. » ( Karl Marx, 1867, Le Capital, livre I, Œuvres I, Gallimard, La Pléiade, 1963, chapitre 31) ou encore « La crise elle-même éclate d’abord là où sévit la spéculation et ce n’est que plus tard qu’elle gagne la production. L’observateur superficiel ne voit pas la cause de la crise dans la surproduction. La désorganisation consécutive de la production n’apparaît pas comme le résultat nécessaire de sa propre exubérance antérieure mais comme une simple réaction de la spéculation qui se dégonfle. »( « Crise, prospérité et révolutions », Marx-Engels, Revue de mai à octobre 1850 in Marx-Engels, La crise, 10-18, 1978, p. 94). 1)

Donc l’oligarchie capitaliste a le choix entre continuer l’accroissement exponentiel de la dette publique mais surtout privée ou le resserrement du crédit ; or ces deux voies mènent au krach. D’autant que les contenus toxiques des anciens prêts n’ont pas été nettoyés et continuent à polluer les produits titrisés des banques. Par ailleurs, beaucoup de PME, n’ayant pas la possibilité de recourir à l’émission d’obligations pour se financer comme les firmes multinationales, entrent dans de grandes difficultés.

Tout cela entraîne la baisse de la masse des salaires directs mais aussi la baisse des prestations sociales de redistribution, mais encore l’augmentation du chômage (pour connaître le chômage en France, il convient d’additionner les catégories A, B, C, D, E de chômeurs et non se borner à la seule catégorie A comme le font les médias aux ordres du néolibéralisme : nous avons alors 6,5 millions de chômeurs et près de 10 millions de personnes sous le seuil de pauvreté.)

Il reste toujours la possibilité d’une solution alternative mais elle est contraire aux intérêts de l’oligarchie capitaliste. Elle exige donc que les forces de transformation sociale et politique soient prêtes à prendre le pouvoir au moment des crises paroxystiques qui sont fréquentes au sein du capitalisme. Car les forces de transformation ont toujours pris le pouvoir dans des crises paroxystiques (Révolution française, révolution russe, etc.).

Mais pour cela, il faut fédérer le peuple (constituer un nouveau bloc historique, dirait Antonio Gramsci) 2). Et c’est là que le bât blesse tant dans le mouvement syndical dit de lutte que dans les organisations politiques souhaitant la transformation sociale et politique : leurs lignes stratégiques actuelles ne leur permettent pas de réaliser ces conditions nécessaires.


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