Espéranto ou francophonie ? : un faux débat. Espéranto III

mercredi 25 novembre 2020.
 

Espéranto ou francophonie ? : un faux débat. Espéranto III

Il existe un intérêt général humain : préserver l’écosystème pour le rendre vivable. Il en existe un autre : permettre à tous les peuples du monde de pouvoir communiquer entre eux aisément par l’usage d’une langue neutre riche et équitable : cette langue existe, c’est l’espéranto.

On peut être extrêmement étonné que La France Insoumise n’ait pas encore intégré cette nécessité planétaire dans son programme qui se veut humaniste, indépendantiste et internationaliste. La défense de la francophonie n’exclut pas l’enseignement et l’usage de l’espéranto dans un contexte mondial où l’anglo-américain devient une langue hégémonique.

1–Tous polyglottes ?

a)En 1993, lors de la création de l’Union européenne, onze langues étaient reconnues comme officielles : l’allemand, l’anglais, le danois, l’espagnol, le français, le finnois, le grec, l’italien, le néerlandais, le portugais et le suédois. Elles sont maintenant au nombre de 24. On ne compte pas ici des langues régionales importantes qui sont parlées par 50 millions d’habitants dans lesi de l’Union Européenne.

b)Le nombre de langues parlées dans le monde et de l’ordre de 7000 selon les spécialistes.

c) En prenant les langues les plus parlées du monde, il faudrait parler 12 langues pour se faire comprendre d’environ 90 % de la population mondiale. Voici les langues qu’il faudrait savoir parler, classés dans l’ordre de leur utilisation dans le monde : 1 Mandarin (Chinois) ; 2 Anglais ; 3 Espagnol 4 Hindi (Inde) ; 5 Français ; 6 Russe ; 7 Malais ; 8 Arabe 9 Portugais ; 10 Bengali ; 11 Japonais ; 12 Allemand

Alors, bon courage pour les partisans du multilinguisme ! Rappelons que le nombre de locuteurs parlant le français dans le monde s’élève à 290 millions environ selon le chiffre le plus souvent cité. Existe-t-il un humain capable de parler 7000 langues ? Évidemment non. S’il existe effectivement quelques polyglottes capables de parler les 12 langues précédentes, ils sont relativement rares. Même en utilisant des traducteurs numériques, nous sommes encore très loin de pouvoir traduire automatiquement correctement autant de langues. En résumé, si l’on veut faire communiquer les locuteurs des 24 langues de l’Europe (en réalité 26) et utilisée en outre les langues les plus courantes dans le monde, il faudrait parler, lire et écrire dans 31 langues. Nathalie Arthaud, en réponse au questionnaire d’espéranto France à l’occasion des présidentielles de 2017, affirmait qu’il suffirait que les peuples pratiquent cinq à six langues pour se comprendre ! C’est doublement irréaliste.

2– Nécessité de disposer d’une langue auxiliaire universelle neutre et équitable.

Si l’on vont avoir la possibilité de faire communiquer un maximum d’humains entre eux, il faut donc construire une langue artificielle utilisant évidemment un bon nombre de données des langues naturelles. Depuis le Moyen Âge, 600 langues artificielles ont été créées et une seule a survécu : l’espéranto (et sa variante l’Ido). Espéranto : c’est le nom donné par un médecin polonais, Ludwik Lejzer Zamenhof (appelé en français Louis Lazare) à la nouvelle langue véhiculaire créée par lui-même en 1887, destinée à faciliter la communication entre personnes de langue maternelle différente.Il l’avait proposé afin de régler les conflits entre les pays. Son projet de langue a été signé sous le nom de plume Doktoro Esperanto, ce qui explique le nom de la langue.Actuellement utilisée par des centaines de milliers de personnes dans le monde. On considère que 2 millions de personnes ont appris espéranto dans 150 pays différents.

3–10 raisons d’adopter l’espéranto.

Pourquoi adopter l’espéranto comme langue internationale ? 1) c’est une langue dont la grammaire est simple, sans exception et dont la structure est extrêmement logique. 2) On peut l’apprendre relativement rapidement : il faut environ 10 fois moins de temps que pour apprendre l’anglais (150 heures au lieu de 1500 à 2000 heures). Sa Prononciation comme sa compréhension est beaucoup plus simple. 3) Elle permet de traduire toutes les nuances possibles de la pensée. Tous les textes littéraires français par exemple peuvent être traduits en espéranto. Il en est évidemment de même pour les textes de nature scientifique ou commerciale. 4) La structure de l’espéranto est relativement universelle : les mots utilisés sont pour 70 % d’origine latine et est une langue agglutinante comme par exemple Chinois. 5) C’est une langue neutre qui ne véhicule pas des schémas de pensée propre à une culture nationale déterminée comme c’est le cas de l’anglais du français par exemple. 6) Cette langue permet de s’arracher à la domination croissante de l’anglo-américain, l’expérience historique de la francophonie montre les limites de celle-ci pour résister à la progression de cette domination. La Chine, seconde puissance économique mondiale, a bien compris cela : 18 universités chinoises enseignent espéranto ce qui n’empêche pas ce même pays de faire apprendre l’anglais aux élèves de l’enseignement secondaire. 7) Il ne s’agit pas de remplacer une langue nationale par l’espéranto. Il n’y a pas de contradiction entre la francophonie et l’apprentissage de l’espéranto. Les associations espérantistes en France ont défendu le maintien de la langue française comme langue de communication dans l’union européenne face à la progression hégémonique de l’anglais. Les espérantistes ne sont donc pas opposés à la francophonie. Nombreux espérantophones français pratique une langue étrangère ou régionale. Rappelons que le fondateur de l’espéranto pratiquait cinq langues. 8) L’espéranto pouvant être apprises relativement rapidement n’est pas réservé à une élite poursuivant des études plus ou moins longues. Rappelons qu’avant la seconde guerre mondiale, cette langue était pratiquée par des artisans et des travailleurs manuels de diverses professions. Les congrès de la CGT de 1906, 1912 et 1919 en raison des difficultés de communication entre les ouvriers de différents pays avaient préconisé l’usage de l’espéranto permettant ainsi de construire des internationale ouvrière. 9) L’Esperanto est beaucoup plus qu’une simple langue qui permet de voyager dans de nombreux pays et d’être accueilli avec chaleur et fraternité, c’est aussi une démarche humaniste, un idéal. Comme le voulait son créateur, elle permet que se rencontrent non pas des Français avec des Sénégalais ou des Chinois, des Anglais avec des Brésiliens ou des Indiens mais simplement des Hommes avec des Hommes. Que chacun garde sa culture, sa langue, ses idées, sa façon de vivre, mais que l’Esperanto puisse être utilisé comme langue auxiliaire afin d’éviter toute domination au moins dans ce domaine. 10) L’adoption de l’espéranto comme langue auxiliaire internationale européenne, aurait déjà permis en 2005 d’économiser 25 milliards d’euros de frais de traduction selon le rapport Grin. (Voir le lien en annexe)

Nous n’examinerons pas ici toutes les critiques infondées contre l’espéranto que nous avons démontées dans un long article précédent. (Premier article en annexe)

4– Quelques documents sur l’espéranto et la francophonie.

Document 1 : interview de deux représentants politiques par espéranto France à l’occasion des élections européennes de 2019.

Source : Espéranto France. Avril 2019 https://esperanto-france.org/espera...

Esperanto-aktiv’ : Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Laure Patas d’Illiers : Je m’appelle Laure Patas d’Illiers, j’ai 61 ans, je suis informaticienne. Je travaille au Ministère des Finances, où une partie de mon travail consiste à promouvoir les logiciels libres auprès des autres informaticiens. J’ai commencé à apprendre l’espéranto en 2012 et je suis encore en train d’apprendre, parce qu’on n’a jamais fini d’apprendre une langue, même sa langue maternelle.

Marc Anselmi : Bonjour, je m’appelle Marc Anselmi, j’habite Arras dans le nord de la France. J’exerce la profession de commercial sédentaire dans la distribution électrique. J’utilise très modestement la langue espéranto depuis environ 25 ans et dernièrement je suis devenu co-responsable de la commission Espéranto Langues chez EELV (Europe Écologie Les Verts).

Esperanto-aktiv’ : Pouvez-vous présenter votre groupe politique ?

Laure : En 2004, des espérantistes de plusieurs pays d’Europe se sont réunis à Strasbourg, près du Parlement européen. Ils ont décidé de mener ensemble une action dans le champ politique pour proposer l’espéranto à l’Union européenne. Ce jour-là naquit la fédération européenne Eŭropo Demokratio Esperanto. Des branches nationales se sont créées dans plusieurs pays d’Europe, dont la France, où la branche nationale s’appelle Europe Démocratie Espéranto. Depuis 2004, Europe Démocratie Espéranto n’a jamais raté un rendez-vous avec les Français. Aux élections européennes, en 2004, en 2009, en 2014, à chaque fois notre parti est là et porte son message. Nous sommes les seuls à parler de la fracture linguistique et sociale qui se creuse entre élite et populations, du fossé des langues qui sépare les peuples et taraude le sentiment d’être européen, de la discrimination basée sur la langue dont est victime la majorité des Européens au mépris de la Déclaration des droits de l’homme.

Marc : EELV défend depuis longtemps une transformation profonde de notre société pour sauver le climat, prendre en compte tous les enjeux écologistes et garantir de nouveaux droits sociaux et démocratiques. La charte des Verts mondiaux affirme la nécessité de changer radicalement les comportements, les valeurs et les manières de produire et vivre.

Ecinq lignes speranto-aktiv’ : En quoi est-ce important pour vous que les pouvoirs publics s’emparent de la question de l’espéranto ?

Laure : L’Union européenne est née d’un rêve magnifique, et malgré les difficultés et les risques d’effondrement qu’elle a traversés, elle tient bon et fonctionne, au moins cahin-caha. Mais les désillusions successives ont alimenté un euroscepticisme généralisé. Nous voulons apporter notre enthousiasme et proposer un trésor, l’espéranto, pour donner une âme au projet européen et donner vie au dialogue direct entre tous les citoyens.

Marc : Aujourd’hui les pouvoirs publics et donc aussi les mouvements politiques ont beaucoup de préjugés et d’ignorance vis-à-vis de l’espéranto en accordant une place importante et officielle au multilinguisme (la réalité c’est plutôt l’anglais). Même EELV a du mal mais a malgré tout accordé une petite place à la langue internationale dans son programme. Utiliser une langue neutre et équitable serait une avancée démocratique et économique.

Esperanto-aktiv’ : Quelles sont les mesures les plus importantes à prendre vis-à-vis de l’espéranto ?

Laure : ◾ Reconnaître l’espéranto comme langue des instances européennes, en compléments des autres, avec différents usages possibles (langue acceptée pour les embauches, langue pivot de traduction, langue aval de traduction avec compréhension passive...) ; ◾ Initier à l’école primaire tous les enfants à l’espéranto en tant que première langue étrangère ; ◾ Mettre en place un enseignement de l’espéranto parmi les autres langues étrangères enseignées au collège et au lycée, pour faciliter et encourager l’apprentissage des autres langues et en particulier celles des pays voisins ; ◾ Mettre en place des programmes d’échanges basés sur l’espéranto dans les établissements d’enseignement supérieur de l’Union européenne, à l’intention des étudiants, enseignants et apprentis, ainsi que dans le cadre de la formation tout au long de la vie ; ◾ Créer des médias européens en espéranto, pour permettre la genèse d’une opinion publique à l’échelle européenne, ciment de l’identité européenne, élément fondateur d’une véritable démocratie.

Marc : Au niveau politique, les mouvements favorables à l’équité linguistique sont très rares. EDE en fait partie mais le vote utile fait qu’il n’aura jamais d’élus. J’ai tenté en vain de les dissuader de présenter des bulletins de vote car l’éparpillement des voix accentue la présence de mouvements extrêmes, dangereux pour la cause espérantiste et écologiste. L’espéranto n’est pas la priorité d’EELV mais ce mouvement a toujours œuvré positivement quand cela a été possible. En dehors du vote, le soutien à la campagne pour l’espéranto au bac a ma faveur. Influencer aussi toutes les associations internationales dans leur sein en montrant les qualités de l’espéranto est aussi une bonne mesure malgré les difficultés financières, familiales et personnelles de chacun. Par exemple, les écologistes espérantistes français collaborent avec les écologistes espérantistes mondiaux http://www.verduloj.org dirigé par notre ami allemand Manfred.

Esperanto-aktiv’ : Comment peut-on vous rejoindre ou vous soutenir ?

Laure : Le 26 mai, votez pour notre liste : Espéranto, langue commune équitable pour l’Europe Dès aujourd’hui, rejoignez-nous. Rejoignez-nous en ligne : ◾ le site du parti, e-d-e.fr (notre programme, les actus, comment adhérer, donner... ) ; ◾ le site de campagne (en construction) europe2019.org ; ◾ le site des militants et sympathisants actifs dans la campagne europe2019.org/aktiv (les outils : tracts, affichettes...) ◾ Abonnez-vous à notre page Facebook EuropeDemocratieEsperanto et à notre chaîne Youtube europe2019

Marc : Pour devenir adhérent ou coopérateur sur le site d’EELV et pour s’inscrire à la commission Espéranto Langues d’EELV sur le site. La commission est ouverte même aux personnes extérieures et aux membres des autres partis politiques. Aujourd’hui l’influence de notre commission est relative (par exemple il manque des membres franciliens). Pour un simple contact ou une info, notre adresse courriel est esperanto@eelv.fr.

Espéranto-aktiv’ : Merci à vous deux

T

Document 2 : Réponse de Charlotte Girard pour LFI à Démocratie Espéranto mars 2017. (La francophonie en guise de réponse)

Madame, Monsieur

Vous avez souhaité recueillir les réponses que Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise apportent sur un certain nombre de questions ayant trait à l’Union Européenne et la question de la langue. Le domaine linguistique est un domaine fondamental de la politique, la langue étant le lieu par lequel on pense, et un véritable vecteur d’idéologie universelle et d’égalité républicaine. C’est pourquoi notre volonté de développer la francophonie s’inscrit dans une volonté de résistance à l’encontre du tout-anglais, la langue du "business" et des affaires. Nous prendrons donc des mesures fortes en termes de politique linguistique, pour promouvoir la langue française, troisième langue la plus parlée au monde. Nos propositions, développées dans le livret thématique « Passer à la francophonie politique » sont les suivantes : • •Réorganiser les institutions de la francophonie en agissant pour son recentrage sur la défense, le rayonnement de la langue et son usage commun. • •Créer une académie, et un Erasmus de la Francophonie. • •Renforcer le réseau des Instituts\alliances français dans les pays non francophones et planifier les échanges d’étudiants et de lycéens • •Renforcer la présence des auteurs francophones ultra-marins et étrangers dans les programmes scolaires • •Elaborer des contenus éducatifs et des diplômes communs entre pays francophones. • •Développer au moins une revue scientifique internationale digne de ce nom en français. • •Défendre l’usage du français dans les institutions internationales à commencer par l’Union Européenne. • •Renforcer les médias audiovisuels francophones (RFI, France 24 et TV5 Monde) et les mettre en partage avec la communauté francophone.

Nous avons un programme de démocratisation de l’Europe, ayant pour objectif de redonner un sens à la souveraineté populaire, mise à mal par des années d’un processus oligarchique sans cesse accentuée de l’Union Européenne. Nous prévoyons ainsi qu’un mandat de négociation sera soumis à l’Assemblée Nationale comprenant la volonté : • •D’abandonner le traité budgétaire européen et la surveillance de la Commission sur les budgets nationaux. • •De mettre fin à l’indépendance de la Banque Centrale Européenne, modifier ses missions et statuts, autoriser le rachat de la dette publique directement aux Etats, interdire à la BCE de couper les liquidités à un Etat-membre.

courrier@jlm2017.fr

• •De mettre fin au dumping à l’intérieur de l’UE par une politique volontariste et rapide d’harmonisation sociale et fiscale par le haut dans toute l’UE avec inscription d’une clause de non-régression des droits sociaux.

Le résultat de ces négociations sera soumis par référendum au peuple français qui décidera souverainement de sa participation à l’Union Européenne refondée ou à une coopération dans un cadre nouveau avec les pays qui le souhaiteront. Nous prévoyons également de défendre et développer les coopérations avec les autres peuples d’Europe, pour promouvoir la coopération entre les peuples plutôt que la concurrence imposée par les traités européens. Nous voulons plus de coopération dans les domaines culturels, scientifiques, industriels, écologiques et sociaux, ainsi que : • •Une alliance des pays d’Europe du Sud pour sortir de l’austérité et engager des politiques concertées de relance écologique et sociale de l’activité. • •Renforcer la participation française aux programmes de coopérations plus large que l’UE, (Erasmus,) ou n’ayant rien à voir avec l’UE (CERN, Arianespace, Airbus) • •De nouvelles coopérations fondées sur la libre participation des Nations en matière sociale ou écologique (programme de dépollution, transition énergétique)

Vous souhaitant bonne réception de ce courrier, nous vous invitons également à retrouver l’ensemble du programme de la France insoumise, L’avenir en commun, sur le site https://laec.fr/ ou en librairie et les livrets thématiques sur le site : https://avenirencommun.fr/. Charlotte Girard Co-responsable du programme de la France Insoumise

Fin de la réponse de Charlotte Girard Commentaire  : on comprend après lecture de ce texte qu’aucune réponse n’a été donnée par rapport à l’espéranto dont l’existence est tout simplement ignorée. Il est donc logique qu’en 2019, Espéranto France n’est pas jugé utile de consulter La France Insoumise.

Force est de constater que c’est donc, outre le parti politique démocratie Europe Espéranto fondé en 2004 pour défendre l’espéranto, que c’est EELV et non pas LFI qui a comprit l’intérêt de soutenir une langue internationale indépendante. Rappelons aussi que Philippe Poutou pour le NPA avait répondu favorablement aux soutiens de l’espéranto dans sa réponse à l’élection présidentielle de 2017.

Commentaire de Démocratie espéranto de la réponse de LFI Suite à la réponse de J. M. Mélenchon, le 3 avril, il est nécessaire de changer un peu le texte ci-dessus : mettre quatre réponses au lieu de 3, mettre qu’un seul des cinq candidats principaux a répondu Mais la réponse de J.M. Mélenchon est aussi à côté de la question, bien qu’elle traite de francophonie. Elle ne parle pas de la communication directe entre les peuples européens, elle ne parle pas du rapport Grin et des divers scénarios, elle ne parle pas d’espéranto. . Document 3 : l’espéranto, une langue humaniste parlée dans 120 pays Source : Le Figaro http://www.lefigaro.fr/langue-franc...

ANNIVERSAIRE - Le médecin et linguiste Ludwik Zamenhof, aurait eu 158 ans ce 14 avril. À l’occasion de l’anniversaire de sa mort, il y a cent ans, en 1917, Le Figaro revient sur son invention : l’espéranto. Une langue aujourd’hui parlée par un peu plus d’un million de locuteurs, séduits par sa facilité, son aspect pratique et humaniste.

« *Saluton, kara leganto. Eble carmos vin, scii per la legado de tiu ci artikolo, ke Le Figaro ekuzas Esperanton ? Okaze de la 100-a morto-datreveno de la iniciatoro, nia gazeto ciuokaze estas felica festi kun vi la datrevenon. » Bonjour cher lecteur. Peut-être seras-tu charmé d’apprendre que Le Figaro s’est mis à l’espéranto en lisant cet article ? À l’occasion du centenaire de la mort de son créateur, notre journal est en tous les cas heureux de fêter avec toi, son anniversaire.

Hier, dialecte local, l’espéranto est aujourd’hui un langage mondial. Malgré son manque de considération en France encore un siècle après sa création, le langage du docteur Zamenhof demeure bien vivant et résonne dans 120 pays. De la Russie au Brésil en passant par l’Europe ou l’Asie, son idiome a fait du chemin et connaît même depuis ces dernières années une nouvelle jeunesse, grâce aux technologies. Face à cet essor, Florence Robine, la n°2 du ministère de l’Éducation nationale s’est d’ailleurs dite dans une lettre datée du lundi 12 avril, favorable à la rencontre de directeurs d’école « souhaitant proposer à leurs élèves une démarche expérimentale intégrant l’enseignement de l’espéranto ».

« Celui qui espère »

Il est vrai que l’espéranto a de quoi séduire. « Facile », « pratique », « humaniste » selon les mots de ses locuteurs, l’idiome imaginé par Ludwik Zamenhof à la fin du XIXe siècle est une langue d’avenir. Ou du moins, « d’espoir ». « L’espéranto » est en réalité un langage « humaniste ». L’idiome nous précise le responsable de l’association Espéranto Strasbourg, Bruno Flochon, n’a « aucune vocation à supplanter des langues ou à rentrer dans une logique de domination comme l’anglais le fit sur le plan économique ».

À l’origine, l’espéranto, c’est la langue de « celui qui espère ». Né en 1859 dans la communauté multinationale de la ville polonaise de Bialystok -cité qui connut aux heures sombres du XIXe siècle de vives tensions ethniques- au carrefour de boutiques polonaises, allemandes ou encore juives, le petit Zamenhof se sent très tôt investi d’une mission de créer une langue universelle. Un idiome sans racines politiques, économiques ou historiques. En un mot : pacifique.

Un peu plus d’un million de locuteurs

Babel trotte dans sa tête. Après des études de médecine passées entre Moscou et Varsovie, le jeune médecin publie son fameux manuel en russe intitulé La langue internationale en 1887. Un premier recueil signé sous le pseudonyme de Doktoro Esperanto, « celui espère ». Le succès est sans précédent -la même année, nous apprend l’UNESCO, son ouvrage est traduit en quatre langues : le polonais, l’anglais, l’allemand et le français- et ne décroît pas.

En 1905, se souvient Le Figaro, le premier congrès mondial à Boulogne-sur-Mer attire quelque 700 personnes provenant de vingt pays. L’espéranto au début du siècle compte « plus de trente mille personnes ». Un chiffre qui s’élèvera à « environ 800 000 », dans « trente-neuf pays » ajoutera en 1922 notre journaliste Charles Touzot.

Si ces détracteurs mettront en doute l’utilité et la durabilité du « désespéranto », après la mort de son créateur en 1917, le XXIe siècle leur donnera néanmoins tort. S’il est difficile d’évaluer le nombre de ses locuteurs, on estimerait « qu’entre un million et un million et demi » pratiquerait l’espéranto à travers le monde selon Bernard Osser de l’AFP. « En France, on considère qu’il y a 2000 nouveaux locuteurs par an », nous indique Bruno Flochon. « Certains l’usent de façon indépendante ou le soutiennent ponctuellement, d’autres le parlent quotidiennement et enfin, d’autres l’abandonnent. »

L’espéranto devrait être enseigné comme première ouverture au monde, pour donner goût aux langues et montrer qu’il est possible et facile d’apprendre un autre idiome »

Bruno Flochon

Et les profils sont très éclectiques. Ne croyons pas un seul instant que ses locuteurs soient tous des nonagénaires. « Depuis Internet, l’espéranto connaît un regain de popularité », nous confie Didier Loison, vice-président de l’Association Espéranto France. « Les groupes fleurissent partout sur les réseaux sociaux. » Jeunes, vieux, « boulimiques de langues » ou simples curieux séduits par l’idée d’une langue « pratique » et « non idéologique », précise Bruno Flochon, il n’y a pas un individu type. L’objectif justement c’est de dépasser sa propre culture, aller au devant des autres. Rencontrer autrui.

« On est sur un pied d’égalité quand on l’apprend », nous confirme Quentin, 21 ans, étudiant en informatique. « La langue permet de rencontrer beaucoup de gens. Quand on la parle, on change chacun de langue. L’espéranto n’a donc pas vocation à s’imposer. Elle facilite l’échange. » Faciliter la vie de ses locuteurs, c’est également le projet qu’avait en tête son créateur et pédagogue Ludwik Zamenhof.

« En quinze jours, on comprend les bases grammaticales. En un mois, on commence à le parler », explique Bruno Flochon. « La fin des mots nous indique si c’est un nom, un adverbe, un verbe. L’espéranto est vraiment une langue simple et accessible. », ajoute Didier Loison. Et pour cause ! 70% de ses racines sont latines, ce qui rend donc ces constructions quasi transparentes pour les francophones.

Un premier examen blanc du baccalauréat en espéranto

Pas étonnant donc que la « langue humaniste » séduise les Français, qui ont toujours eu du mal à apprendre une seconde langue à l’école. Alors pourquoi ne pas en faire une langue d’enseignement ? C’est la question que s’est posé Alexandre André, professeur de mathématiques au lycée Charles de Gaulle de Chaumont dans la Haute-Marne, qui a créé en 2015 un club d’espéranto. « Depuis le début de cette année, 60 élèves ont participé à mes accompagnements personnalisés. » De bons résultats, qui l’ont d’ailleurs poussé en juin 2016, à organiser avec l’Association Espéranto-France un examen blanc du baccalauréat. Une première en France !

Alors qu’est-ce qui fait barrage ? L’éducation nationale. Contacté par Le Figaro, le Ministère nous explique que « l’enseignement de l’espéranto, au titre des enseignements obligatoires de langues vivantes, n’existe ni dans le 1er degré, ni dans le 2nd degré du système éducatif français » et que partant de ce postulat « l’espéranto est donc considéré, à l’instar de nombreuses autres langues, comme une langue vivante non enseignée. » Et de préciser : « Notre système éducatif dispense un enseignement de langues vivantes étrangères et régionales varié, garant du plurilinguisme et de la diversité culturelle sur le territoire. Actuellement, 59 langues vivantes sont déjà proposées aux candidats à l’examen du baccalauréat. » Une de plus, comprenons-nous, sera donc de trop.

Donner goût aux autres langues

Des arguments incompréhensibles pour Bruno Flochon. « Il n’est pas question d’imposer la langue au baccalauréat mais de donner la chance aux élèves d’accéder à l’espéranto. Je pense qu’il serait utile qu’elle soit enseignée comme première ouverture vers le monde, première langue étrangère, pour donner goût aux langues et montrer qu’il est possible et facile d’apprendre un autre idiome. »

Alexandre André incarne cette brèche dans « le mur de verre » de l’éducation nationale. Aujourd’hui, l’espéranto s’est diffusé dans quelques établissements en France : à « Aix, Lyon ou encore Strasbourg ». Il existe un mouvement bien vivant dans les couloirs de nos écoles. « Et il serait temps de l’entendre », conclut Bruno Flochon. Dans ce contexte la lettre émanant de Florence Robine, directrice générale de l’enseignement scolaire vient comme un cadeau d’anniversaire. Fin de l’article

Document 4 : Socialisme et espéranto

Voici un court extrait d’un excellent article–conférence sur le mouvement socialiste et l’espéranto. Source : SAT Amicaro. 2001. http://www.sat-amikaro.org/spip.php... On n’y apprend que Jean Jaurès était partisan de l’espéranto : …En 1907 a eu lieu le Congrès International Socialiste à Stuttgart [13]. Deux socialistes français –un d’eux était le fameux orateur Jean Jaurès – ont mis la proposition à l’ordre du jour, que l’Esperanto soit utilisé dans les documents officiels du Bureau de l’International Socialiste à Bruxelles. Cette proposition relativement modeste échoua, principalement à cause de l’opposition tranchée de la sociale démocratie allemande. D’ailleurs, ce refus fut mal digéré par les sociaux démocrates du monde espérantiste et quelques uns d’entre eux– dont le pionnier de l’espéranto d’alors Edmond Privat- protestèrent dans une lettre publique où ils soulignaient le contraste entre l’internationalisme de principe des socialistes et leur conduite réelle [14]. Vaine protestation. Fin de l’extrait.

Document 5 : Michel Onfray fait l’éloge de l’espéranto.

Source : les deux bouts de la langue. Le Monde. Extrait https://www.lemonde.fr/idees/articl...

… A l’autre bout de la langue de fermeture, locale, étroite, xénophobe, il existe une langue d’ouverture, globale, vaste, cosmopolite, universelle : l’espéranto. Elle est la création de Ludwik Zamenhof, un juif de Bialystok, une ville alors située en Russie (en Pologne aujourd’hui). Dans cette cité où la communauté juive côtoyait celle des Polonais, des Allemands et des Biélorusses, les occasions de ne pas se comprendre étaient nombreuses. En ces temps, déjà, Dieu pouvait jouir de son forfait. Fin 1870-début 1880, l’espéranto se propose donc le retour au Babel d’avant la colère divine. A l’heure où le mythe d’une langue adamique semble prendre la forme d’un anglais d’aéroport parlé par des millions d’individus, on comprend que la langue de Shakespeare mutilée, amputée, défigurée, massacrée, dévitalisée, puisse triompher de la sorte puisqu’on lui demande d’être la langue du commerce à tous les sens du terme. Vérité de La Palice, elle est langue dominante parce que langue de la civilisation dominante. Parler l’anglais, même mal, c’est parler la langue de l’Empire. Le biotope de l’anglais a pour nom le dollar. Mais cette langue agit aussi comme un régionalisme planétaire : elle est également fermeture et convention pour un même monde étroit, celui des affaires, du business, des flux marchands d’hommes, de choses et de biens. Voilà pour quelle raison l’espéranto est une utopie concrète à égalité avec le projet de paix perpétuelle de l’abbé de Saint-Pierre, autant d’idées de la raison dont le biotope n’est pas "l’avoir" mais "l’être" - plus particulièrement "l’être ensemble" sans perspective d’échanges autres que de biens immatériels. L’espéranto propose d’habiter une langue universelle, cosmopolite, globale qui se construit sur l’ouverture, l’accueil, l’élargissement ; elle veut la fin de la malédiction de la confusion des langues et l’avènement d’un idiome susceptible de combler le fossé de l’incompréhension entre les peuples ; elle propose une géographie conceptuelle concrète comme antithèse à la religion du territoire ; elle parie sur l’être comme généalogie de son ontologie et non sur l’avoir ; elle est le voeu d’une nouvelle Grèce de Périclès pour l’humanité entière - car était grec quiconque parlait grec : on habitait la langue plus qu’un territoire - ; elle est la volonté prométhéenne athée non pas d’égaler les dieux, mais de faire sans eux, de quoi prouver que les hommes font l’histoire - et non l’inverse.


Philosophe, Michel Onfray

Fin de l’extrait

Commentaire : Proche idéologiquement de Michel Onfray, La Fédération Anarchiste est favorable à l’espéranto puisque sa radio Radio libertaire consacre l’émission tous les vendredis sur l’espéranto organisé par l’association SAT Amikaro https://media.radio-libertaire.org/... D’ailleurs l’IFA (International des fédérations anarchiste) a indiqué dans sa motion de congrès de 2012 (. 7) : «  Esperanto

Le congrès recommande l’étude et la pratique de l’esperanto pour les relations internationales et pour être utilisé parallèlement aux autres langues employées jusqu’ici. »

Document 6 : le célèbre linguiste Claude Hagège défend l’espéranto.

Source : Article : l’espéranto vu par Claude Hagège http://www.ipernity.com/blog/32119/... Claude Hagège Je considère que cette langue universelle, qui est une langue inventée — Zamenhof, ophtalmologiste de Bialystok, en Pologne à l’époque, 1887, sous l’autorité du tsar, a eu l’idée d’inventer — par rapport au yiddish qu’il parlait dans le ghetto, par rapport au polonais qui était la langue du pays, à l’allemand qui était la langue de beaucoup de commerçants, au russe, qui était la langue de l’autorité politique occupante — une langue inventée, à base de langues romanes, surtout de latin, mais qui est devenue une langue universelle comme il le voulait. Et donc cette langue, qui ne s’est pas éteinte en dépit de la forte agression involontaire mais factuelle de l’anglais, qui est devenu, du fait de la première et surtout de la seconde Guerre mondiale, une sorte espéranto de facto. Ça n’a pas tué l’espéranto. Ils se réunissent encore régulièrement. Il y a encore un grand nombre de pays dans lesquels l’espéranto est important. Donc je me permets de rappeler, pas seulement pour satisfaire les espérantistes qui nous écoutent — s’il y en a — mais aussi par ce que je crois que l’espéranto a lui aussi — bien que langue artificielle —, une vocation mondiale. […] Signataire de la pétition pour l’espéranto au bac, Claude Hagège avait déjà répondu sur France 5, le 10 février 2012, à l’occasion de la parution de son livre "Contre la pensée unique", comme invité du journaliste Axel de Tarlé dans l’émission "C à dire ?!" : "L’espéranto est une bonne chose. Ce n’est pas une langue derrière laquelle se profile la domination d’un pays. C’est une langue inventée et donc à vocation mondiale, je ne suis pas contre."… Fin de l’extrait Rappelons que Claude Hagège maîtrise 40 langues et est un insoumis à la domination de l’anglais.

Document 7 : Éloge de la francophonie.

Pour comprendre les difficultés de la progression de l’espéranto en France, il est intéressant de comprendre les ressorts de l’attachement à la francophonie qui est en France trans partisane.. Voici un texte relativement exemplaire en la matière. Son auteur n’est pas du même bord politique que Charlotte Girard !

Francophonie : le français a-t-il encore un avenir ? Source : Le Figaro 29 mai 2017 http://www.lefigaro.fr/vox/monde/20...

Gaël Nofri est conseiller municipal et métropolitain de Nice et président du Groupe des élus niçois indépendants (DVD).

Dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, alors que la diplomatie états-unienne semble plus que jamais incertaine, que la Russie semble retrouver un rôle tout à fait fondamentale qu’elle avait perdu avec l’effondrement du bloc soviétique, que les conflits en Syrie, au Yémen et peut-être demain en Iran s’accumulent et s’enlisent, que les tensions en Asie, s’accumulent tant en Mer de Chine qu’en Corée du Nord, les diplomates, les politiques et les meneurs d’opinion ne cessent de parler de ponts à construire, de relations à nouer, de discussions à engager. Les attentes en matière de relations internationales sont particulièrement fortes ; partout réapparaît l’idée d’influence, le besoin de structurer les rapports entre nations, d’ordonner un monde décidément bien désordonné. Après deux décennies durant lesquelles a semblé triompher l’idée d’un monde globalisé et unipolaire correspondant à l’idée d’une fin de l’Histoire, le réel a repris le pas sur le fantasme.

Comme les autres, la France a besoin de réinvestir dans sa diplomatie si elle ne veut pas perdre en influence. Comme les autres, elle aura besoin de créer de nouveaux liens, de nouvelles dynamiques, si elle entend demeurer une puissance de premier plan et si, conformément à sa vocation historique, elle entend encore être porteuse d’un idéal universel. Pourtant, n’en déplaise peut-être à ceux qui demeurent persuadés que le passé n’est qu’un fardeau et que chaque génération a à refaire le monde à son image, des outils, des liens, des synergies existent déjà pour la France, encore convient-il de s’en souvenir et de, s’en étant souvenu, décider de les convoquer.

La France dispose d’un trésor fabuleux, inestimable mais hélas quasiment abandonné : la francophonie.

En matière de diplomatie et d’influence, la France dispose en effet d’un trésor fabuleux, inestimable mais hélas quasiment abandonné : la francophonie.

La francophonie n’est pas, comme voudraient le faire croire ses détracteurs, plus attachés à déconstruire qu’à voir le réel, une création néocoloniale retraçant la domination écrasante d’une population européenne sur le reste des territoires qu’elle a autrefois administré. Rappelons d’abord, que si le périmètre de la francophonie englobe l’essentiel des anciennes colonies françaises du XIXe et du XXe siècles, elle est aussi présente dans les terres dites de la première colonisation, c’est à dire notamment, celles des Amériques qu’elle a découvertes, peuplées et administrées. Rappelons aussi, qu’au delà, nombreux sont les pays membres de la francophonie qui n’ont jamais été des possessions françaises mais qui ont bénéficié de notre influence, de notre éducation, de notre culture. Combien de peuples, de part le monde, doivent encore aujourd’hui leur émancipation à la part prépondérante que pris notre pays à la formation intellectuelle de ses élites ? Cela aussi compte.

Par ailleurs, la francophonie n’est pas un fait néocolonial car, comme l’avait voulu le général de Gaulle, elle fut d’abord vécue comme nécessaire par ceux qui avaient reçu le français en apport, plus que par ceux qui l’avaient trouvé dans leur berceau. Boutros Boutros-Ghali se plaisait à dire que « la francophonie était née d’un désir ressenti hors de France ».

Toujours est-il qu’aujourd’hui la francophonie est, à bien des égards, une réalité.

Le français est la deuxième langue la plus apprise après l’Anglais.

Réalité humaine, car le français se trouve parlé par 274 millions de locuteurs de part le monde, ce qui en fait la cinquième langue la plus parlée dans le monde, mais aussi la deuxième langue la plus apprise après l’anglais.

Réalité géographique, car le français est réparti sur tous les continents. L’Europe et l’Afrique évidemment, mais aussi les Amériques avec le Québec bien évidemment qui mène, depuis tant de temps, une lutte admirable et tellement inégale face à l’hégémonie anglo-américaine ; sans oublier le reste des francophones hérités de l’Histoire au Canada, aux Etats-Unis et même, ceux qui en Amérique du Sud témoignent, par leur attachement à la langue française, d’une certaine idée de la France. Trop souvent oubliée, la francophonie, est aussi présente en Asie avec les Laos, la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam, mais c’est aussi notre porte d’entrée vers l’Inde où l’État de Pondichéry a gardé une fidélité inébranlable à la langue française et avec lequel tant de choses sont à créer.

Réalité politique aussi car l’Organisation internationale de la Francophonie regroupe aujourd’hui pas moins de 84 États. Grâce à eux, la langue francaise et sa culture représentent, pour la France, un outil formidable d’influence au service d’une diplomatie de la médiation et de l’échange, capable de créer des ponts entre les peuples.

Enfin, c’est une réalité dynamique. Face à une avenir qui devrait être marqué par les grands bouleversement démographiques, et notamment l’explosion du continent africain, l’espace francophone va être fortement influencé par ses évolutions en passant à près de 800 millions de locuteurs d’ici à 2050 soit près de 9% de la population mondiale, contre seulement 3,5 % aujourd’hui.

Le français sera demain la langue de la jeunesse

Ce chiffre doit nous interpeller car il dit beaucoup des enjeux à venir. Il dit d’abord que la francophonie est naturellement portée par une dynamique, qu’elle sera demain la langue de la jeunesse, mais aussi de son développement car nous ne pourront faire l’impasse d’un développement économique et technologique de l’Afrique, et, par là même de l’Afrique francophone. C’est un enjeu humain, politique et économique essentiel pour l’humanité et nul ne comprendrait que la francophonie ne soit pas au premier rang de ceux qui l’ont compris.

C’est aussi un enjeu en terme de sécurité, de stabilité, et de gestion des flux migratoires. Seul un développement raisonné de cette partie là du monde évitera demain que ceux qui sont nés au sud de la Méditerranée ne tentent leur vie pour traverser ce bras de mer afin de rejoindre le nord où les conditions matérielles de vie y sont évidemment bien meilleures. Au delà, la grande majorité des pays du pourtour méditerranéen africain ou asiatique sont des membres de l’organisation internationale de la francophonie, certains en sont même des piliers et la francophonie est, là aussi, appelée à jouer un rôle dans la compréhension, l’accompagnement et la résolution de la problématique des déplacés en Méditerranée.

La francophonie est encore un enjeu économique car, outre d’être la 3ème langue d’affaires de part le monde, elle offre la perspective de débouchés multiples et d’échanges avec nombre d’espaces. En 2050, rappelons que l’espace francophone représentera un vaste marché, une fois et demi plus peuplé que l’Union Européenne et porteur de besoins immenses. La dynamique dont bénéficie aujourd’hui l’enseignement du français en Chine, troisième langue la plus enseignée du pays, témoigne de l’intérêt économique du français pour ceux qui se lancent aujourd’hui à l’assaut du marché mondial et notamment africain.

Cette dynamique existe et c’est là un point essentiel. Encore convient-il de la faire vivre, de l’accompagner, de lui donner toute sa place dans nos politiques publiques. Pour cela, la France des cinq prochaines années doit relever le double-défi de croire en la francophonie et de se doter d’un programme ambitieux au service de celle-ci. Croire en la francophonie, cela signifie en percevoir toutes les composantes, et par là même toutes les perspectives quant à l’avenir ; se doter d’un programme ambitieux au service de celle-ci, cela exige témoigner d’une volonté forte, et la traduire par des actes concrets.

Dans ce dernier domaine trois axes apparaissent comme particulièrement nécessaires à notre temps.

Une attention doit être portée à la formation de la jeunesse et des élites dans les pays où le français, langue officielle, n’est pas la langue principale d’usage des populations.

Le premier consiste à promouvoir, de part le monde, les capacités d’enseignement de la langue française. Cela suppose d’entretenir et de développer l’important réseau d’enseignement du français de part le monde, les alliances françaises et l’ensemble des structures qui concourent à son attractivité. La diffusion de la langue, l’enseignement de la culture, sont des enjeux essentiels si nous ne voulons pas que la dynamique naturelle et démographique ne soit freinée, voire annulée, par le phénomène de globalisation particulièrement à l’œuvre en matière d’enseignement et d’usage de la langue. Cela suppose notamment un effort dans les pays où le français n’est pas la langue officielle mais où son enseignement est recherché et apprécié. Cela signifie aussi de multiplier les échanges et les initiatives dans les pays où le français se trouve, comme langue officielle, en concurrence avec d’autres langues, afin d’en maintenir l’attractivité. Enfin, cela veut dire qu’une attention toute spécifique doit être portée à la formation de la jeunesse et des élites de demain dans les pays où le français, langue officielle, n’est pas la langue principale d’usage des populations.

Le second enjeu de la francophonie de demain est politique, il concerne la réorganisation, la réorientation et le sens à donner à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Celle-ci est aujourd’hui devenue l’inverse de ce qu’elle aurait dû être. Vaste organisation où se mélangent parfois pays francophones, pays francophiles et pays en mal de reconnaissance internationale, l’OIF s’est transformée en un fournisseur d’événements, de fêtes et de réjouissances, bien plus qu’un lieu de rencontre des volontés, d’échanges culturels et de diplomatie. Avec l’arrivée de Mme. Michaëlle Jean à la tête de son Secrétariat Général, l’OIF est en outre devenue le promoteur de valeurs qui, si elles présentent incontestablement un intérêt ne sont ni l’apanage ni le sens de la francophonie. Cette tendance n’a eu de cesse de se renforcer jusqu’au dernier Sommet de la Francophonie à Madagascar. Elle mène, sous l’impulsion de Justin Trudeau, le Premier Ministre fédéraliste Canadien qui s’est beaucoup investi dans ce champ diplomatique, une politique d’affirmation des communautarismes au point d’aboutir, ce n’est pas le moindre des paradoxes, à la promotion d’une société aux stéréotypes et aux valeurs profondément anglo-saxons. Face à cela, la France doit réinvestir l’Organisation internationale de la Francophonie, en faire un outil au service de la promotion des valeurs culturelles, philosophiques et politiques portées par la langue et la culture françaises, lesquelles ont été reçues en partage par tous les peuples de la communauté francophone.

Le français doit redevenir une langue ancrée dans son monde, une langue d’avenir, une langue de création, d’invention et d’innovation.

Mais cela ne suffit pas. Pour être vivant, le français doit redevenir une langue ancrée dans son monde, une langue d’avenir, une langue de création, d’invention et d’innovation. Une langue qui ne crée plus, une langue dans laquelle ne se pensent plus les concepts et les idées du monde de demain est une langue appelée à mourir. Le troisième axe d’une politique en faveur de la francophonie, le dernier et sans doute le plus important, est donc de prendre conscience que, pour demeurer, la francophonie ne peut se contenter de résister, elle doit investir le monde à venir. Cela passe par une politique universitaire résolument plus francophile, par un soutien aux publications scientifiques et techniques en français, par des accords internationaux d’échanges, par une renégociation des traités internationaux sur les brevets, par la promotion du français comme langue scientifique et culturelle, par le développement de la politique actuelle en faveur de l’audiovisuel et du cinéma francophones… Cela passe aussi par une prise de conscience, malgré l’égalitarisme ambiant, d’une composante éminemment élitiste d’une telle politique car la création et l’innovation sont d’abord le fait des élites techniques, scientifiques, culturelles et économiques.

Mais avant de convaincre ces élites de faire, de nouveau, confiance à la langue française et aux valeurs de la francophonie, encore conviendrait-il que nos propres élites politiques soient, elles aussi, prêtes à croire en elles. C’est tout le défi qui attend le nouveau Président de la République Française. A travers sa volonté de le relever ou non, se révèlera incontestablement une partie de ce que sera en réalité sa présidence.

Fin du texte

Document 8 : Le Monde diplomatique

L’espéranto, langue internationale unique

Source : Le Monde diplomatique . Novembre 1166 https://www.monde-diplomatique.fr/1...

Nous recevons de M. A. Curtis, ex-délégué de l’Universala Espéranto Asocio, une lettre dans laquelle il nous assure, à propos de l’article de M. Fenaux, ambassadeur de Belgique, paru dans le numéro d’août de notre journal, que la langue internationale idéale est l’espéranto :

Si l’adoption d’une langue internationale, forcément difficile, peut limiter la facilité d’expression de ceux qui ne sont pas parvenus à la connaître au moins presque aussi bien que leur langue nationale, par contre il en va tout autrement avec l’espéranto. La raison en est bien simple, c’est une langue facile, exempte d’idiotismes, ces multiples expressions qui enserrent les langues nationales et en limitent les possibilités d’expression. Tandis qu’avec l’espéranto, la seule obligation est l’assemblage logique des éléments de la phrase suivant des règles très simples. Du fait qu’il n’y a pas d’idiotismes et que le vocabulaire est étendu, on peut très facilement exprimer toutes les nuances de la pensée sans courir le risque de parler « petit nègre ».

5–La France Insoumise et l’espéranto.

On peut être extrêmement surpris de l’absence de la prise en compte de l’espéranto dans le programme de La France Insoumise qui se veut être un mouvement humaniste, universaliste, internationaliste, pacifiste, indépendantiste et évidemment insoumis à l’ordre économique et social actuel.

En effet, l’espéranto se veut être une langue auxiliaire humaniste, internationale, favorisant la paix entre les peuples et la fraternité entre les individus et les groupes sociaux. La domination pour ne pas dire l’hégémonie de l’anglo-américain, langue de l’OTAN, de la finance internationale, des produits d’exportation culturels nord-américains ne semblent pas poser de problème pour LFI.

Pourtant l’espéranto est la langue de l’insoumission à la domination hégémonique de l’anglais.

D’autre part, depuis 1906, l’espéranto a été promu par différents congrès de la CGT, du mouvement anarchiste, 1970 et 2000, plusieurs projets de loi ont été déposés tantôt par des socialistes tantôt par des communistes pour permettre l’enseignement de l’espéranto comme langue facultative au sein de l’éducation nationale.

Rappelons en outre, que Jaurès, figure historique de référence pour Mélenchon, était un défenseur de l’espéranto.

L’argument de la francophonie ne résout aucunement le problème de la communication des peuples au sein de l’Europe et aux nouveaux mondiale.

Nous avons vu que le multilinguisme est une utopie totalement irréaliste.

On peut être encore plus surpris de cette situation depuis la création d’un mouvement européen « Maintenant le peuple » réunissant des mouvements politiques en alliance avec LFI .

Rappelons une évidence : l’apprentissage de l’espéranto n’exclut évidemment pas celui de l’anglais du français ! Donc l’espéranto n’est pas du tout antagonique avec la francophonie.

Mieux, l’apprentissage usage conjoint de l’espéranto avec le français écarte toute suspicion de nationalisme ou de chauvinisme dans la défense de la francophonie considérée par certains comme l’expression d’une culture colonialiste.

L’argument selon lequel : « l’espéranto, ce n’est vraiment pas une priorité » relève d’une conception à courte vue de l’action politique. La mondialisation des échanges économiques et culturels (dont le tourisme), les enjeux planétaires des questions écologiques et climatiques, l’existence de l’Internet invitent à l’usage d’une langue internationale neutre et ne favorisant pas une langue naturelle plutôt qu’une autre. Quelle langue a la capacité de véhiculer des informations culturelles de tous ordres, des informations économiques et sociales des informations écologiques et politiques ? Une telle langue existe : c’est espéranto !

Il a fallu 150 ans entre l’invention du système métrique et son adoption par la convention de 1792, faudra-t-il 150 ans et donc attendre 2037 pour que l’espéranto soit enfin reconnu comme la solution la plus raisonnable et simple pour que les êtres humains de notrplanète puissent communiquer entre eux et en particulier pour que les travailleurs de tous les pays puissent se coordonnr et s se concerter ?

La position de La France Insoumise sur la langue internationale espéranto est donc totalement incohérente et on peut souhaiter qu’une commission espéranto soit créée dans ce mouvement politique qui pour l’instant reste soumis à l’hégémonie linguistique de l’anglo–américain. En revanche, on peut se féliciter que le parti des Verts EELV se soit déjà préoccupé de cette question importante pour l’instant marginalisée par LFI.

Aux élections européennes de 2019, la liste EDE menée par Pierre Dieumegard a obtenu 18 567 voix soit 0,08 % des suffrages exprimés.

Annexe :

Espéranto : la raison commande de l’adopter comme langue auxiliaire européenne et planétaire (HD) http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Espéranto II : langue d’avenir. L’espéranto survit et survivra aux persécutions et crimes de guerre dont ont été victimes ses locuteurs et ses défenseurs (HD) http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Une petite vidéo : le top sept des arguments contre l’espéranto chanté puis démonté. https://www.jeanmanu.fr/2018/esperanto/

30 questions et réponses sur l’espéranto (Espéranto France) https://esperanto-france.org/30-que...

Le courrier de l’Unesco en espéranto. https://docplayer.fr/82917720-L-ann...

Le Monde diplomatique en espéranto https://eo.mondediplo.com/

China radio international (radio Pékin) en espéranto. http://esperanto.cri.cn/2521/2019/0...

Europe Démocratie Espéranto (EDE). Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Europ...

Réponse des candidats à l’élection présidentielle de 2017 à Europe Démocratie Espéranto https://www.google.fr/search?source...

Site espéranto France https://esperanto-france.org/

Association SAT– Amikaro . Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/SAT-A...

Association mondiale d’espéranto (UEA) Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Assoc... liste des associations francophones d’espéranto http://www.sat-amikaro.org/spip.php...

Les propositions de loi pour l’enseignement de l’espéranto. http://www.sat-amikaro.org/spip.php...

Le rapport Grin du Haut conseil de l’évaluation de l’école en 2005 Présentation par espéranto France : https://esperanto-france.org/le-rap... Résumé de ce rapport incontournable sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rappo...

Résolutions 2954 et 1985 de l’Unesco en faveur de l’espéranto. https://esperanto-france.org/UNESCO Année du fondateur de l’espéranto à l’Unesco en 2017 : https://esperanto-provence.org/2017...

Espéranto : article de Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip... Apprentissage de l’espéranto. Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Appre...

Apprendre gratuitement l’espéranto sur la plate-forme Duo Lingo https://fr.duolingo.com/course/eo/e...

Les langues parlées dans l’union européenne. Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Langu...

Hervé Debonrivage


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