Ventes d’armes au Yemen La France complice du massacre

dimanche 12 avril 2020.
 

« C’est pure démagogie que de dire d’arrêter de vendre des armes à Ryad ». C’était la réponse du Président Macron, fin 2018, à la « pire crise humanitaire au monde » qui sévit au Yémen. Pas de condamnation mais au contraire une légitimation assumée de sa politique d’exportation d’armes françaises à l’Arabie Saoudite qui participe aux massacres et à l’aggravation du conflit.

Depuis 2015, le Yémen est le théâtre d’une guerre civile et régionale. La coalition menée par l’Arabie Saoudite et soutenue par les États-Unis y mène une guerre ininterrompue, dans le silence coupable des grands médias et des gouvernements occidentaux. Le bilan s’aggrave jour après jour. Selon les chiffres officiels, on dénombre près de 10 000 morts, et 70 000 selon diverses ONG. Du fait des embargos et de la destruction des infrastructures civiles, une famine sans précédent menace 16 million de Yéménites. Parmi eux, 5 million d’enfants touchés par la malnutrition.

Dans ce contexte, la diplomatie française ne sert ni la paix ni la souveraineté des peuples. Elle s’efface pour mieux s’aligner sur les objectifs d’exportations d’armes et le suivisme aveugle de la coalition aux couleurs étasuniennes. En la matière, la France occupe une place de choix, étant le troisième fournisseur d’armes de l’Arabie Saoudite, derrière le Royaume-Uni et les États-Unis, ces derniers étant loin devant. L’argent coule à flot pour l’industrie de l’armement, au prix d’un pays ravagé et d’une région durablement déstabilisée.

Cette politique détestable engage directement la responsabilité du gouvernement. Le Traité sur le commerce des armes, ratifié par la France en 2014, interdit pourtant toute exportation d’armement susceptible d’être utilisé contre des populations civiles. Une ratification passée aux oubliettes pour les 6,6 milliards d’euros d’armes exportés à l’Arabie Saoudite entre 2012 et 2017.

Ni le vote du Parlement européen en faveur de la suspension des livraisons d’armes à la coalition, ni l’affaire Jamal Khashoggi, ni le vote récent du Sénat américain n’auront suffi à infléchir la stratégie de Trump et Macron, tous deux acquis à la cause de l’export plus qu’à celle de la paix.

Pour mettre fin à l’opacité, la France insoumise défend a minima un contrôle parlementaire sur les exportations d’armes alors que le gouvernement décide seul de l’attribution des licences d’exportations. Surtout, les députés insoumis ont demandé la création d’une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur l’implication de la France dans le conflit au Yémen et y mettre fin.

Sylvain Noël


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