Le président du Parlement européen vante Mussolini

jeudi 28 mars 2019.
 

En expliquant que Mussolini avait aussi fait des choses positives, Antonio Tajani a soulevé une vague de protestations, certains l’accusant de caresser l’extrême-droite dans le sens du poil, à l’heure où la campagne pour les élections européennes est en train de démarrer.

Ce n’est ni un lapsus, ni une « petite phrase ». C’est à une explication circonstanciée que s’est livré mercredi après-midi sur une radio italienne, l’actuel président du Parlement européen, Antonio Tajani. L’ancien porte-parole de Silvio Berlusconi a déclaré à propos du fondateur du fascisme : « On peut ne pas être d’accord avec sa méthode ( sic )… mais il faut être honnête. Mussolini a fait des routes, des ponts, des bâtiments, des installations sportives. Il a réaménagé tant de parties de notre Italie. D’une manière générale, je ne considère pas son action au gouvernement comme positive, mais il y a des choses qui ont été faites. » Des propos qui ont déclenché un flot de réactions scandalisées sur les réseaux sociaux en Italie, mais également au sein du Parlement européen. « Le Parlement européen ne peut pas être représenté par un président qui tolère l’action du fondateur du fascisme », ont réagi les députés de la Gauche unitaire européenne (GUE-GVN), rappelant que Mussolini avait anéanti le parlement italien dès le début de son régime.

« C’est lui qui a donné l’ordre de tuer ou d’emprisonner ses opposants politiques, comme le leader socialiste Matteoti, assassiné en 1924, ou Antonio Gramsci, emprisonné en 1927 » ajoute la GUE. Même réaction outrée du côté des Verts (ALE). La présidente du groupe, la députée Ska Keller, a qualifié les propos d’Antonio Tajani d’ « indignes et absolument inacceptables. » Pour elle, Antonio Tajani « doit retirer ses propos banalisant le fascisme ou démissionner de la présidence du Parlement européen, » le rôle d’un président devant être « d’être en première ligne pour défendre les valeurs européennes. » Or, rappelle Ska Keller, « Mussolini avait aboli la liberté de la presse et le droit de grève avant la guerre ».

Pour elle, ces propos constituent « une insulte à la mémoire des Italiens qui ont souffert sous le régime de Mussolini. » Le co-président du groupe écologiste au Parlement européen, le député belge Philippe Lamberts ( Verts-ALE ) a rappelé de son côté que « ce n’est pas la première fois que Tajani tient des propos flirtant avec l’extrême-droite, » alors qu’en tant que président du parlement européen, il « ne peut représenter aucun parti en particulier. »

Jeudi matin, Antonio Tajani a installé les contre feux, assurant dans un communiqué qu’il était « un antifasciste convaincu », et s’excusant auprès de tous ceux que ses propos auraient pu choquer. Pas question, a-t-il ajouté, de justifier un quelconque « régime antidémocratique ou totalitaire. » Tajani a cru bon de rappeler que d’ailleurs l’ « Europe avait été fondée sur la défaite du fascisme. » N’empêche. Dans sa sortie sur Mussolini, Antonio Tajani, dont le mandat de président du Parlement européen s’achèvera avec les prochaines élections, a-t-il voulu adresser un signe à l’extrême droite italienne actuellement au pouvoir ? Philippe Lamberts ne semble pas loin de le penser quand il affirme que ce n’est pas la première fois que Tajani « abuse de son statut de président du Parlement européen à des fins de politique intérieure italienne. »

Sans compter que les groupes d’extrême-droite et le groupe des conservateurs (PPE) étant, selon le dernier sondage, au coude à coude dans les prochaines élections européennes, on a du mal à penser que la référence à Mussolini soit de nature à renforcer le groupe des conservateurs, dont Tajani fait pour l’instant partie.

Source : https://www.humanite.fr/les-propos-...


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