RADIO MACRON MENT …

mardi 15 janvier 2019.
 

On nous rabat les oreilles avec le respect que l’on doit aux journalistes, à l’indépendance irréprochable de la presse... Quand des évènements ont lieu au coin de notre rue, que nous en ayons été des participants, les comparaisons avec ce que nous raconte la télévision, nous montre cependant le hiatus qu’il peut y avoir entre la réalité et une fiction aux accents de propagande.

On pense bien sûr au mouvement social des Gilets Jaunes.

Mais de nos jours qu’est-ce qui anime nos reporters ou prétendus tels ?

Quel lien peut-il y avoir entre un Pujadas et un de ces journalistes honnêtes souvent emprisonnés, que défend l’association Reporters sans Frontières ?

Les jeunes, accro aux réseaux sociaux, se détournent desdits grands médias , non sans raison.

I. Au gré du sensationnalisme.

La presse se doit de faire le buzz mais ne pas pousser trop loin le bouchon, au risque d’alimenter, par exemple, la contestation sociale. L’exercice est d’autant plus périlleux que nombre de journaleux ont peu de capacité d’analyse politique, de bases culturelles. On se contente de se référer à ce que nous transmet l’executif par le biais des discours et des interviews. Le sens critique, comme partout, disparaît, est même combattu par les directeurs des rédactions.

Mais cela n’est pas sans jouer des tours.

Mi-novembre 2018 certains médias comme BFM , regardent, intrigués, d’un œil plutôt favorable, ces premières manifestations de Gilets Jaunes dont on ne cherche pas trop à connaître vraiment les revendications. Ces mêmes chaînes d’ « informations » voudront y voir surtout une remise en compte de la fiscalité, sans trop s’attarder alors sur le pouvoir d’achat, et les inégalités, dont celles afférentes à la fiscalité justement.

Pour ces grands médias télévisés le 24 novembre est alors un summum. The event. Il y a de la casse et ça brule sur les Champs Elysées.« C’est ça bon coco, là on fait le buzz » . Peu de choses sur les revendications des manifestants, de ces gueux qui ne savent, parait-il, même pas s’exprimer.

Ils n’ont même pas de chefs ! On met la responsabilités des « débordements » sur les casseurs certes mais sur ces Gilets Jaunes eux-mêmes accusés de ne pas savoir s’organiser. Ne fait-on pas d’une pierre deux coups ? D’un côté on tente d’affoler le bon peuple avec des images « terribles » . Et d’autre part on discrédite les manifestants. Mission accomplie ? Eh non : les sondages, aussi « tordus » soient-ils, révèlent toujours une large majorité de la population favorable au mouvement de contestation sociale... Pendant que Macron prend sa leçon de Berlin, la presse se fait tancer par des censeurs patentés : elle n’est pas seulement là pour informer mais pour « éduquer ». Air connu joué dans toutes les dictatures et aux heures les plus sombres de notre Histoire nationale, surtout quand il commence à être mis sérieusement en question...

Après une trop longue période de flottement, le discours du 10 décembre du Président marque une étape où chacun est sensé prendre ses marques. La droite parlementaire - « Les Républicains » - rentre dans le rang et Laurent Vauquiez n’aime vraiment plus qu’on lui rappelle que quelques jours auparavant il avait revêtu un gilet jaune.

II. De la tactique dAugustule le gendarme à l’alignement des grands médias.

L’exécutif, grace à Pierre Moscovici (1), a obtenu l’accord de Berlin pour « lâcher du lest »,dépasser les sacro-saints 3% d’augmentation de la dette publique. Mieux, le gouvernement allemand s’inquiète de l’absence de réactivité de Macron. Ouf de soulagement donc avec ce discours. Mais il ne calme pas vraiment le jeu : le mouvement social ne peut s’en satisfaire et il est toujours là malgré une moindre mobilisation en nombre des manifestants. Pire encore Macron aggrave lui-même la situation en remettant sur le tapis ses « réformes », en menaçant les chômeurs dans son discours du 31 décembre. A Berlin on se prend la tête dans les mains : ne pouvait-il pas attendre que les choses se calment avant d’en remettre une couche avec son zèle pro « européen » ? Voilà ce qui arrive avec un employé qui veut trop bien faire !

Pour les médias il n’ y a plus d’équivoque possible : il faut défendre le pouvoir, le défendre malgré lui, même si des failles de plus en plus béantes apparaissent dans ses argumentations. Place aux mensonges de lèche-culs et à la désinformation ! C’est pour le bien du Peuple, n’est-ce pas, pour lui éviter de tomber entre les mains des extrémistes. Les braves cœurs ! Désormais si l’on invite des manifestants, ou des opposants à la politique de l’Augustule, c’est d’abord pour leur faire abjurer la violence. La violence de qui ? Celle de la police, dénoncée déjà par Amnesty International ? Non bien sûr : celle des manifestants « séditieux » qui osent défendre des femmes matraquées ou gazées. Ne pas hésiter à leur couper la parole si les réponses « convenables » attendues ne sont pas données, si les pièges oratoires ne fonctionnent pas...

Mettre en avant l’électoralisme, le vote, qui permettrait de canaliser le mouvement social vers le « politiquement correct », le jeu politicien habituel qui ne remet rien en question, surtout pas la société capitaliste et l’exploitation de l’homme par l’homme. Vas y Firmin fais ton boulot !

Favoriser les « bons » Gilets Jaunes, ceux qui s’inscrivent dans le jeu du libéralisme et discréditer les « extrémistes », c’est à dire ceux qui expriment des opinions, des exigences inacceptables. Mais oui Nestor, tu as raison, il faut un certain mérite pour s’occuper ainsi des chiottes ...

Malgré tous ces efforts de mystifications, « ils » ne peuvent nier après ces fêtes de fin d’année que la mobilisation sociale est repartie de plus belle. Pour aboutir à une autre fête, nous promet-on....

Car derrière le projet de consultation populaire, il y a chez le Peuple, clairement annoncée depuis longtemps une exigence que tout le monde connait : Macron démission ! Ainsi qu’un changement institutionnel radical basé sur la vision d’une société de Démocratie Directe et d’Autogestion Généralisée. Sédition !

III. Caramba, encore raté !

Le plus inquiétant, pour les médias et le pouvoir, c’est la réaction populaire face à des discours de propagande d’une autre époque : malgré les images « terribles », les « violences », les faux débats que l’on passe en boucle, les sondages montrent toujours une profonde empathie envers le mouvement social. Autrement dit la propagande de discrédit desdits médias contre les Gilets Jaunes est contre productive. On en arrive même à se demander si lesdits médias ne vont pas faire d’un ex-boxeur qui a pêté les plombs, un véritable héros !

Alors que faire ? Ne plus parler des Gilets Jaunes comme on le ferait dans n’importe quelle dictature « honnête » (!) ? C’est difficile. L’audience dépasse celle des dernières élections présidentielles....

L’Augustule et son dernier carré de fidèles ne peuvent bien sûr admettre la remise en cause de plus en plus radicale de cette « belle » société libérale. Leurs efforts de dérive, de mystifications tordues, de criminilation des opposants semblent cependant voués à l’échec. Reste la matraque.

Et s’accrocher honteusement au pouvoir comme les macronistes le font encore, au nom d’une « légitimité républicaine » qu’ils ont perdu, ne fera que radicaliser la révolte, encourageant encore plus à renverser la table, à se laisser porter par le « ça ira » (2) et à devenir cruels.

Ne reste donc plus que la force pour la défense de l’ordre établi.

De vils, vous devenez infâmes, disait déjà Victor Hugo. Votre honneur ne se réduit-il pas à vous cacher derrière la matraque , Et comme dans les grandes heures des révoltes populaires, en tremblant, gardiens de l’Injustice et du Mensonge vous évoquez bien sûr « la canaille ».

Eh bien clairement j’en suis !

Nemo 3637

(1) Pierre Moscovici a obtenu l’accord de Berlin pour un dépassement de plus de 3% du déficit budgétaire. Au passage le déficit de l’Italie représente 130% de son budget ! Mais l’Italie ou la France ne sont pas la Grèce...). « En réponse, Paris promet que le déficit de la France passera à 2,5 % en 2020, avec l’arrivée à terme du Crédit impôt compétitivité et emploi (CICE) qui représente aujourd’hui 0,9 % du PIB. « À Bruxelles, un sommet européen de toutes les urgences » La Croix du 13/12/2018.

(2) Edith Piaf « Ah ça ira » : https://youtu.be/mMVN7qEh6_Q


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