De la Résistance aux Gilets jaunes... Les Jours Heureux restent une idée neuve

dimanche 30 décembre 2018.
 

Née de la volonté ardente des Français de refuser la soumission au capitalisme, la Résistance n’a pas d’autre raison d’être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée, sans cesse revivifiée.

Cette mission de combat ne doit pas prendre fin à la libération des consciences. Ce n’est, en effet, qu’en regroupant toutes ses forces autour des aspirations humanistes quasi unanimes de la nation, que la France retrouvera son équilibre moral et social et redonnera au monde l’image et le goût du progrès humain.

Unis quant au but à atteindre, unis quant aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce but qui est la libération rapide du territoire, les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques groupés au sein du CNR proclament qu’ils sont décidés à rester unis :

1) Afin d’établir le gouvernement de la véritable République démocratique et sociale ;

2) Afin de veiller à la condamnation des traîtres, des collabos et à l’éviction dans le domaine de l’administration et de la vie professionnelle de tous ceux qui auront pactisé avec l’ennemi du genre humain ou qui se seront associés activement à la politique des gouvernements de collaboration ;

3) Afin d’exiger la confiscation des biens mal acquis, des gains réalisés au détriment du peuple et de la nation pendant la période d’occupation ;

4) Afin d’assurer :

- l’établissement de la démocratie la plus large redonnant au peuple sa souveraineté par la désignation de ses commissionnaires avec possibilité de révocation, en se souvenant que la politique n’est pas un métier mais une fonction temporaire, en se souvenant que les meilleurs mandataires du peuple seront ceux qu’il se sera choisis en son sein ;

- la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression ;

- la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères ;

- l’accès à la diversité culturelle ;

- la liberté d’association, de réunion et de manifestation ;

- l’inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance ;

- le respect de la personne humaine ; la sûreté qui, en tant que garantie de ne pas être soumis à l’arbitraire, demeure un droit intangible ;

- l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi ;

- la justice fiscale ; la fin de l’évasion et de l’optimisation fiscales, deux faces hideuses d’une même hydre ; la confiscation des biens des évadés fiscaux, qui deviendront Biens nationaux ;

- le droit de jouir et de disposer de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son talent dans les limites définies par la loi en vertu de la justice sociale ;

5) Afin de promouvoir les réformes indispensables :

a) Sur le plan économique :

- l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, dénuée de tout groupe de pression, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ;

- une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général ;

- une production nationale, compatible avec la finitude du monde, qui satisfera les besoins de tous, et cela sans excès, ni exclusion ; la fin du néocolonialisme ; la fin de « l’extractivisme » forcené promu par un système absurde, sans scrupule, cancérigène et tyrannique ;

- l’accompagnement des changements de mode de vie, qui sont indispensables car la Terre ne nous appartient pas, nous ne faisons que l’emprunter à nos descendants ;

- le retour à la nation des grands moyens de production, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des moyens de communication, des compagnies d’assurances et des grandes banques ; le renforcement de la recherche scientifique et de l’innovation pharmaceutique publiques ;

- le développement et le soutien des coopératives de production, d’achats et de ventes, agricoles, artisanales et industrielles ;

- le droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la gestion de l’économie ;

- la maîtrise de la monnaie nationale ; refaire de l’argent non plus une fin en soi, non plus une idole mais un intermédiaire ;

- l’établissement de relations commerciales avec les autres nations basées sur l’équité et le troc ;

b) Sur le plan social :

- le droit au travail pour tous et le droit à l’absence de stress ; l’amélioration des conditions de travail ;

- un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine sans souci du lendemain ; la réduction de l’échelle des salaires ;

- le renouveau d’un syndicalisme doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ;

- le renforcement de la Sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés ; faire en sorte que chacun cotise selon ses moyens et soit bénéficiaire selon ses besoins ;

- la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement ; ne plus faire du salarié une variable d’ajustement ;

- l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rémunérateurs ; une agriculture respectueuse à la fois des Hommes et de la Biosphère ;

- l’amélioration de l’habitat ;

- la pérennisation du système de retraite par répartition ; la fin des prétendus « allègements de charges » car les cotisations sociales ne sont pas des charges mais des revenus différés, comme le travail n’est pas assimilable à un coût mais à une richesse ;

- l’irrigation du territoire par des services publics et des transports en commun adaptés aux besoins du quotidien ;

- le dédommagement des sinistrés et des allocations et pensions pour les victimes de la terreur capitaliste ;

c) La possibilité effective pour tous les enfants de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit leur origine, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que toutes les fonctions soient réellement accessibles à tous, afin d’avoir un brassage permanent.

Ainsi sera fondée une République nouvelle qui balaiera le régime de basse réaction instauré par l’État bourgeois, par cet État autoritaire et croupion qui se borne à jouer le super-intendant d’une puissance sans visage qui le dépasse, le domine. Ainsi cette véritable République rendra aux institutions démocratiques et populaires l’efficacité que leur ont fait perdre les entreprises de corruption et de trahison.

Ainsi sera rendue possible une démocratie qui unisse, au contrôle effectif exercé par le peuple et ses mandataires, la continuité de l’action politique tendue vers le Bien pour Tous.

L’union des représentants de la Résistance pour l’action dans le présent et dans l’avenir, dans l’intérêt supérieur de tous les Français, doit être un gage de confiance et un stimulant. Elle doit les inciter à éliminer tout esprit de particularisme, tout ferment de division qui pourrait freiner leur action et ne pourrait que nous desservir. (1)

N’oublions jamais que nos aînés, convaincus que l’oubli et le mépris des droits naturels et imprescriptibles pouvaient déboucher sur l’oppression et la tyrannie, proclamèrent en 1793 : « Il y a oppression contre le corps social lorsqu’un seul de ses membres est opprimé, il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé » ; « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » (2)

PERSONNE

NOTES

(1) D’après Les Jours Heureux, Le Programme du Conseil National de la Résistance, 1944

(2) Articles 34 et 35 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1793

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