La semaine du Roi de la Terre

samedi 6 octobre 2018.
 

À l’ONU, certes un peu hystérique, le « champion de la Terre » portait un joli costume en Glyphosate maintenu, une cravate en pur CETA et des bottines en JEFTA. Un peu de chlordécone en pochette, six EPR en boutons de manchette et toute la « French tech » était là. « Comment Macron séduit le monde » avait titré Le Journal du Dimanche. Alors maintenant qu’il s’agit officiellement du « champion de la Terre », on peut espérer que l’univers l’admire aussi.

Les coups de poings sur le pupitre n’y feront rien : le pouvoir macronien dévale quand même la pente. En France, il ne peut plus remonter sur le cheval. Il n’y a pas de base sociale pour sa politique. Pour une « effraction » comme celle de Macron, tout repose sur l’effet hallucinogène. Il est épuisé. L’affaire Benalla a coincé la machine du commandement politique. Le numéro sur la traversée de la rue a écœuré le commun des chômeurs, des précaires et de leurs familles. Les rats qui savent le mieux nager quittent déjà le navire. D’ailleurs, les indicateurs économiques déjà plongés dans le rouge vont encore se dégrader. Le régime va entrer en turbulences. Il lui reste deux scénarios de diversion. D’abord le retour au scénario de « moi ou le FN » qui veut tordre les bras aux votes de droite, du centre et du PS. Et, de l’autre côté la division qu’entretient sans trêve l’écumante hargne de la « vieille gauche » et de ses divers satellites d’extrême-gauche contre tout ce que fait ou dit LFI.

Je ne crois à l’efficacité ni de l’une ni de l’autre de ces tactiques. Bien sûr, dans certaines circonstances le moment peut être inconfortable comme lorsque les macronistes, la direction du PCF, le NPA et autres se coalisent pour faire de l’immigration la question numéro un de la vie politique du pays en servant la soupe, nolens volens, à ceux que ça arrange bien de ne pas parler d’autres choses. Le FN et LREM y trouvent un peu leur compte, c’est vrai. Car il va de soi que les grandes déclarations en faveur de l’abolition des frontières et le droit de libre installation, assénées sur le mode de la mise au pied du mur de la honte, fournissent des épouvantails confortables pour hystériser ce que certains appellent pourtant un « débat ». Et encore ne dis-je rien de cette affirmation « pistolet sur la tempe » selon laquelle il y aurait un droit d’accueil inconditionnel, « comme pour mon grand père juif » selon ce dirigeant du PCF, en décidant que toute discussion et volonté de lutte contre les causes de l’immigration est un bavardage hypocrite.

Mais je crois cependant que tout cela n’atteint pas les couches profondes du pays qui vivent dans l’angoisse du lendemain et la peur du quotidien désastreux que le régime leur inflige. Bien sûr cela peut grappiller des points pour remplumer les cotes en perdition. Macron peut espérer passer encore un peu l’aspirateur à droite. Les extrêmes-gauches peuvent penser picorer des miettes de rancœur. Mais la trajectoire fondamentale n’est pas déviée : le choc aura lieu entre le pays et le régime quelle que soit la distraction organisée. L’élection européenne doit être le moment de ce choc. Celui où le pouvoir perd pied sous un choc populaire démocratique. C’est à cela que nous sommes occupés et il ne faut pas s’en laisser détourner par les klaxons de la hargne.

Notre stratégie est de nous rendre disponibles au pays. J’ai bien dit « le pays ». C’est à dire le très grand nombre de ceux qui le composent. Non les cénacles qui agitent la mousse de sa surface sur les réseaux sociaux. C’est affaire de style plus que de contenus. Car notre activité à l’Assemblée nationale et sur le terrain nous permet de multiplier les émetteurs pour faire connaître tout ce que nous proposons comme politique alternative. Mais il s’agit aussi pour nous de faire converger tout ce qui est possible vers cet objectif : forces et évènements sociaux, militants de toutes origines et de tous types d’engagements. Plus la hargne et le micro-clanisme gagnent dans les ruines de l’ancienne gauche plus les militants positifs, ceux qui veulent agir concrètement se détournent de cette ambiance venimeuse. Ils peuvent et doivent être appelé et accueillis dans le combat réel.

« La France insoumise » est le label commun disponible pour ce combat global. Notre stratégie n’est pas de faire le rassemblement des castors qui « font barrage » et pensent faire illusion sur la profondeur de leur « unité » et de leur influence. Les divergences qui animent les organisations politiques de tous bords ne sont pas des « bisbilles » ou des « guéguerres » comme on le lit parfois dans une prose infantilisante assez pénible. Elles portent sur des questions fondamentales. Nous ne devons pas le nier. Car devant le grand nombre des gens qui observent ce spectacle, pourquoi nous discréditer et décrédibiliser notre position en jouant la comédie ? Faire comme si de rien n’était quand ce dirigeant communiste nous traite de nazis avant de nous proposer un « débat » et même l’unité avec Hamon et Besancenot ? Qui pourrait y croire ? Nous nous sommes habitués à être la cible permanente de certaines organisations de l’ancienne gauche qui pourtant ne cessent en « même temps » de parler « d’unité ». Les divergences qu’ils exposent, certes sur un mode inacceptable, sont réelles. Personne ne serait dupe si nous venions à faire « comme si ». Que le vote populaire tranche. C’est ce qui s’est passé à l’élection présidentielle.

Pour nous il s’agit de faire converger ceux qui sont d’accord sur le fond et sur l’essentiel. Pas ceux qui manœuvrent où sont en quête d’un rôle. Ceux que nous appelons sont les bienvenus d’où qu’ils soient, seuls ou en groupes, sans cartes ou dispersés, enclavés en minoritaires dans des organisations à la dérive devenues imperméables aux aspirations populaires. Pour eux aussi, le temps de l’action utile est venu. « La France insoumise » est un point d’appui sans équivalent dans notre pays. Ça vaut la peine de l’aider et de participer au grand combat qu’elle propose.


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