Ni Macron-Juncker, ni Salvini-Orban ne sont une alternative

dimanche 16 septembre 2018.
 

A quelques mois des élections européennes, les mandataires des puissances d’argent, avec au premier rang M. Macron, sont à la manœuvre pour tenter d’enserrer les peuples dans une toile d’araignée. Ce scrutin se résumerait à un duel ou un choix entre la cause des difficultés et ses symptômes, entre la poursuite d’un ultralibéralisme autoritaire et un national-capitalisme porteur de haine et de divisions. C’est ce qu’ils appellent un choix entre « les progressistes » et « les nationalistes ».

Dans le camp des premiers, main dans la main, se retrouveraient le président français, bon nombre de figures de la droite française, Mme Merkel et ses amis allemands, d’autres chefs d’Etat, et M. Juncker, président de la Commission européenne. Tous ont en commun de partager la responsabilité d’avoir conduit, depuis des années, la construction européenne dans l’état où elle est. Tout le contraire d’une Europe de progrès !

L’objectif est d’étendre à l’échelle européenne le duel du second tour de l’élection présidentielle française pour continuer d’avoir les mains libres et ainsi pouvoir poursuivre et aggraver l’austérité, élargir la précarité du travail, détruire les services publics en les offrant au capital privé, continuer à prodiguer des flots de parole sur l’environnement en laissant la main invisible du marché détruire la biodiversité et réchauffer l’atmosphère. Autant de reculs sociaux, démocratiques et climatiques dont nos concitoyens ont un avant-goût en cette rentrée, un an après l’élection présidentielle, et qui sont à l’origine de leur mécontentement, parfois même de leur colère.

Ce jeu politicien est extrêmement dangereux. Il ouvre la porte du pouvoir à des forces nationalistes, xénophobes, racistes, anti-sociales et anti-féministes. On ne peut laisser le mot « progressiste » être ainsi dénaturé, détourné, embarqué pour couvrir une sale œuvre qui n’aboutirait qu’à détourner de plus en plus de travailleurs, de privés d’emploi, de tout projet solidaire et coopératif, de l’idée européenne elle-même. Ce serait dramatique tant notre continent a besoin de coopérations et d’ententes pour résoudre les difficultés qui l’assaillent et résister au rouleau compresseur de la mondialisation capitaliste. L’extrême droite qui monte dangereusement dans toute l’Union européenne trouve du carburant dans ces difficultés. On ne peut la combattre efficacement qu’en s’attaquant aux politiques nationales et européennes qui les génèrent. Les poursuivre reviendrait à offrir de nouvelles causes à son ascension, jusqu’à la rendre irrésistible !

Seul un changement radical de ces politiques pourra inverser l’actuel cours mortifère des choses. Le choix n’est donc pas entre M. Macron et Orban et Salvini. Ils siègent ensemble au Conseil européen. Si Salvini s’installe en Italie, c’est bien parce que l’ami de M. Macron et Valls, M. Renzi, qui disait lui-aussi incarner un « nouveau monde », leur a chauffé la place. C’est sur le terreau des politiques libérales ou prétendues sociales-libérales, le poison de l’austérité et du chômage, la surdité aux aspirations populaires, la mise en concurrence exacerbée, guerres économiques dont les tous les travailleurs européens sont les fantassins et les victimes, que se répand partout en Europe une nouvelle peste brune. Ceux qui ont imposé des traités visant à fortifier le capitalisme contre les droits sociaux, démocratiques et la justice environnementale portent une lourde responsabilité.

Le choix n’est donc pas entre Macron et Salvini mais entre d’un côté, l’un et l’autre, et d’un autre, un projet nouveau révolutionnant la construction européenne pour la mettre au service des solidarités entre les peuples, la promotion des biens communs humains et environnementaux. Un projet combinant accueil des exilés et réfugiés, refus de les laisser être exploités et projets ambitieux de coopérations avec les pays du sud visant un co-développement solidaire et écologique. Avec un changement radical du rôle de l’euro pour en faire une monnaie solidaire de coopération visant la réduction des inégalités, l’amélioration des salaires et un nouveau progrès social, qui serait efficace pour un nouveau mode de développement riche en emplois en Europe. Une monnaie de nature à contrer la dictature du dollar dont on voit l’usage qu’en fait Donald Trump. Les populations de notre continent ont le plus grand besoin de voir une impulsion européenne garantir un travail à chacune et chacun, combiné avec l’accès aux formations et au logement tout au long de la vie. Ainsi s’ouvriraient des perspectives enthousiasmantes pour des millions d’européens appelés à sortir de la précarité, de la pauvreté et du chômage. Ce nouveau développement pourrait être rapidement obtenu en lançant un fond de développement humain et environnemental lié aux banques institutionnelles européennes.

Révolutionner la construction européenne appelle une nouvelle conception, combinant coopération entre nations et peuples, respect des souverainetés populaires, pouvoirs nouveaux des citoyens du quartier jusqu’aux instances européennes et des travailleurs dans les entreprises. C’est donc un nouveau type d’union qu’il faut créer : une union des nations et des peuples libres, associés et solidaires. Telle est l’alternative transformatrice que porte mon ami Ian Brossat et que peuvent ouvrir les luttes et les prochaines élections européennes, tout le contraire d’une opération visant à se servir des extrêmes droites pour perpétuer les méfaits de l’Europe des marchands et de l’argent. Il faut donc de s’y intéresser au plus près.


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