Hulot démissionne du gouvernement... début de décomposition du macronisme

dimanche 9 septembre 2018.
 

Déclaration de Jean-Luc Mélenchon

La démission de Nicolas #Hulot fonctionne comme un vote de censure contre Macron. Il confirme le diagnostic de mon discours de samedi. La macronie commence sa décomposition.

Nicolas Hulot démissionne (vidéo de son émission sur France Inter)

Nicolas Hulot a annoncé qu’il quittait le gouvernement ce matin au micro de Léa Salamé et Nicolas Demorand, dans le 7/9 de France Inter.

https://www.bfmtv.com/politique/nic...

Le désormais ex-ministre de la Transition écologique et solidaire a expliqué : « Sur un enjeu aussi important, je me surprends tous les jours à m’accommoder des petits pas. » Il fait probablement référence aux positions du gouvernement sur différents sujets chauds, comme l’huile de palme, les sargasses ou les chasseurs. Il n’en aurait pas informé Emmanuel Macron et Edouard Philippe, de peur d’être dissuadé.

Analyse de Pierre Montoya (France Insoumise 65)

Le non événement qui fait du bruit : Hulot a démissionné du gouvernement .

D’abord , il y est allé . Ensuite , il a tout cautionné .

Il n’est pourtant pas limité intellectuellement pour penser que ce gouvernement , allait faire une autre politique . Il est sûrement un opportuniste au sens le plus mauvais du terme .

Il représente ce qu’il y a de pire comme comportement électoraliste .

Les écologistes ont généré et semé des gens de pouvoir et des carriéristes en seulement quelques années comme jamais dans l’histoire . C’est une matière dans laquelle ils ont largement dépassé les pratiques de vieux partis qui ont mis près d’un siècle pour en arriver là et avec si peu de voix .

Le tripatouillage électoral a ses maîtres , les vieux radicaux ne sont que des apprentis à côté .

Se prétendre écologiste et défendre le systeme économique dominant en place , il y a une contradiction que seuls les opportunistes forcenés osent .

Ecologie : le départ de Hulot acte un an de démission du gouvernement

Le départ du ministre de l’écologie ne marque pas seulement un échec à agir. Il souligne la démission collective du chef de l’État et de l’exécutif face à la gravité des enjeux : climat, effondrement de la biodiversité, maladies causées par les pollutions, inégalités accrues. Le bilan, depuis un an, est catastrophique.

La démission de Nicolas Hulot mardi matin 28 août en direct sur France Inter résonne comme un coup de tonnerre pour l’exécutif : le mensonge n’est plus tenable, l’action du gouvernement ne pèse rien face à la destruction en cours du monde. « Je ne comprends pas que nous assistions à la gestation d’une tragédie bien annoncée dans une forme d’indifférence », ni pourquoi « ce sujet est toujours relégué dans les dernières priorités », a dit le ministre de la transition écologique, juste avant d’annoncer sa démission.

La voix nouée par l’émotion, le numéro 3 du gouvernement s’est décrit en homme trop isolé pour pouvoir peser sur l’action publique : « Je suis tout seul à la manœuvre. » Et a ajouté : « Ce n’est pas l’énergie qui manque, c’est un travail collégial, collectif. » Cet isolement personnel est le fruit d’une incohérence systémique du gouvernement d’Édouard Philippe : placer au sommet du pouvoir une personne défendant une décroissance énergétique et une forte intervention publique, tout en menant une politique de croissance industrielle et de libéralisation économique. « Nous poursuivons des objectifs contradictoires et incompatibles », a reconnu Nicolas Hulot. Résultat : une politique de « petits pas », a-t-il résumé, de plus en plus dérisoire et inutile face à l’accélération des effets du dérèglement du climat. Canicules, incendies dévastateurs en Californie, inondations meurtrières en Inde, effondrement de la biodiversité : l’été 2018 a offert une cruelle piqûre de rappel à celles et ceux qui voudraient encore ignorer la gravité des événements. Le ministre démissionnaire n’a reconnu que deux effets positifs de son mandat d’un peu plus d’un an : un « changement de tropisme » sur les pesticides et la sortie des hydrocarbures.

Face aux enjeux vitaux de pollutions de l’air et des eaux, de disparition accélérée des sols sous l’effet de leur artificialisation ininterrompue depuis des décennies, et d’hécatombes animales, le « en même temps » d’Emmanuel Macron n’est pas seulement ridicule. Il devient complice du désastre en cours, a dénoncé Nicolas Hulot : « On s’accommode de la gravité et on se fait complice. »

Ce verdict est brutal. Pour comprendre sur quels constats il repose, il faut oublier les communiqués de presse triomphants et les déclarations euphoriques que produisent à la chaîne les services de communication de Brune Poirson et Sébastien Lecornu, les deux secrétaires d’État de Nicolas Hulot. Et s’arrêter sur l’essentiel : la liste de ce que le gouvernement a choisir de ne pas faire depuis un an : trouver les financements pour la rénovation énergétique des bâtiments sans laquelle on ne réduira jamais suffisamment nos émissions de gaz à effet de serre.

Abroger les prolongations de permis d’exploration d’hydrocarbures. Réduire les 8,5 milliards de niches fiscales qui profitent chaque année aux énergies fossiles, et les affecter au financement de la transition énergétique. Inscrire dans la loi l’interdiction du glyphosate, cet herbicide toxique pour la santé. Maintenir les aides à l’agriculture biologique et en circuits courts. Préserver les petites lignes ferroviaires et les trains de nuit. Taxer la circulation des poids lourds. Écarter définitivement le traité de libre-échange CETA. Préparer la fermeture des réacteurs nucléaires, et faire la place aux sources renouvelables de production d’électricité.

« Je me surprends tous les jours à me résigner », a dit Nicolas Hulot : mais à quoi ? À des renoncements en série, et parfois, des reculs. Le plus spectaculaire est sans doute l’abandon de l’objectif de réduire à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité – voté sous François Hollande. En novembre 2017, c’est Nicolas Hulot lui-même qui a dû annoncer que le gouvernement se retirait de cet engagement, pourtant essentiel au développement des énergies renouvelables.

Dans la foulée, EDF s’est engouffré dans la brèche et a annoncé, sans être contredit par le gouvernement – pourtant actionnaire majoritaire – qu’il ne fermerait avant 2029 aucune autre centrale nucléaire que celle de Fessenheim. Dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), document de planification dont les décrets doivent paraître incessamment, il est probable que ne figureront aucun nom de réacteur et aucun calendrier de fermeture. Cette décision sabre toute la politique de transition vers une consommation plus sobre et une production réduite, moins polluante et décentralisée.

La loi « Hulot » introduisant un moratoire sur les nouveaux permis d’exploration et d’exploitation d’énergies fossiles n’a qu’une portée symbolique (elle concerne moins de 1 % des hydrocarbures consommés en France) (voir ici). La fin du diesel est programmée pour une date ultérieure à celle prévue dans la plupart des pays industrialisés, à un horizon où cette technologie sera de toute façon obsolète (voir ici). La taxe française sur les transactions financières (TFF), qui contribue à la lutte contre le changement climatique, a été réduite et sa version européenne, enterrée. Le ministère de l’agriculture a refusé d’inscrire l’interdiction du glyphosate dans la loi sur l’agriculture et l’alimentation, de même que l’interdiction de la castration à vif des porcelets et du broyage des poussins mâles, ou encore l’instauration d’un repas végétarien dans les cantines. Sur les transports, les contradictions abondent. Un grand plan vélo est annoncé en décembre, mais la prime à l’achat de vélos électriques est réduite. Les taxes aéroportuaires le sont tout autant alors que le trafic aérien est une cause croissante d’émissions de gaz à effet de serre. Sur un autre dossier emblématique, le commerce international, le bilan est amer. L’avis défavorable de la commission d’évaluation des impacts climatiques et environnementaux du CETA n’a été suivi d’aucun effet. Et un nouvel accord commercial a été négocié entre l’UE et le Japon – le JEFTA.

Par Jade Lindgaard

Nicolas Hulot quitte le gouvernement (Le Monde)

« Je ne veux plus me mentir », a dit l’ex-ministre de la transition écologique et solidaire, qui n’a prévenu ni le président, ni le premier ministre de sa décision.

Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire, a annoncé son départ du gouvernement sur France Inter mardi 28 août. « Je prends la décision de quitter le gouvernement », a-t-il affirmé, ajoutant : « Je ne veux plus me mentir. »

Il a assuré ne pas avoir prévenu ni le président de la République Emmanuel Macron ni le premier ministre Edouard Philippe de sa décision de quitter son poste. Tout en estimant que, s’il leur en avait parlé, ceux-ci auraient tenté de le dissuader, Nicolas Hulot a cependant dit son profond respect et son « amitié » pour M. Macron.

« J’espère qu’il tirera les leçons [de ma démission]. J’espère que ce geste sera utile, pour que chacun se pose la question de sa responsabilité. »

« Parce que les lobbys sont là »

Interrogé sur ses motivations, Nicolas Hulot a dit qu’il avait le sentiment que l’écologie n’était pas la priorité de ce gouvernement, alors que « ce sujet conditionne tous les autres ». Et d’ajouter :

« On s’évertue à entretenir un modèle économique responsable de tous ces désordres climatiques. (...) Sur un enjeu aussi important, je me surprends tous les jours à m’accommoder des petits pas. »

Et de citer ses batailles avec le ministre de l’agriculture :

« Je ne peux pas passer mon temps dans des querelles avec Stéphane Travert. »

Il a confié, las, qu’il se sentait « tout seul à la manœuvre » sur les enjeux environnementaux au sein du gouvernement. Et de déplorer que son poste était « à la croisée des lobbys. Parce que les lobbys sont là ». Interrogé sur la manière dont il avait vécu son poste, Nicolas Hulot a répondu :

« Puisque je suis dans un moment de vérité… oui, [ces douze derniers mois ont été une souffrance], sauf à basculer dans ce que j’allais devenir, c’est à dire cynique. (…) Je me suis surpris à des moments à abaisser mon seuil d’exigence (…) et là je me suis dit c’est le moment d’arrêter. »

Une démission évoquée de nombreuses fois

Face aux apparents compromis politiques concédés depuis sa nomination au mois de mai 2017, notamment sur la question de la fin de la production d’hydrocarbures en France ou sur l’interdiction progressive de l’utilisation du glyphosate dans l’agriculture, la possibilité de sa démission a été sous-entendue à de nombreuses reprises.

Dernièrement, Nicolas Hulot a particulièrement peu apprécié la présence de Thierry Coste, lobbyiste pro-chasse proche de M. Macron, lors de réunion à l’Elysée sur la réforme de ce loisir, lundi 27 août soir. L’ancien ministre a déclaré lui « avoir clairement signifié qu’il n’avait pas sa place » aux côtés du président de la République et du premier ministre lors de cette réunion.

Proche de la Fédération nationale des chasseurs, Thierry Coste conseille régulièrement Emmanuel Macron sur les dossiers cygénétiques, et plus largement sur les questions de ruralité. Il était également proche de Nicolas Sarkozy en 2007, et de François Hollande en 2012.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message