Voulons-nous un système de santé à l’américaine ? (Pierre Carassus, MARS-Gauche républicaine)

samedi 2 juin 2007.
 

Un peu inquiet, la main endolorie, l’homme attend le diagnostic du médecin. C’est en fait un devis que celui-ci lui propose, car son patient, pardon son client, souffre de fractures à deux de ses doigts. Le prix de la « réparation » sera donc évolutif, suivant les soins prodigués. Or l’accidenté n’a pas les moyens de se faire traiter les deux doigts, et il l’annonce au praticien. Le médecin pose alors cette question à peine croyable : « Quel doigt voulez-vous que je vous soigne ? »

Cette scène est tirée du dernier film de Michael Moore, consacré au système de santé américain. Plusieurs chaînes de télévision en ont parlé. Est-ce vers cette médecine à deux vitesses que la France se dirige ? On peut le craindre, car la dérive libérale est chez nous bien amorcée.

Et nous ne manquons pas d’exemple dans le sud 77 avec les 2 projets de partenariat public-privé des centres hospitaliers de Melun et Fontainebleau.

En effet le projet du futur hôpital de Melun répond à la politique de la droite en matière de santé. Il prévoit une répartition minutieuse qui donne au privé la chirurgie, la cardiologie, la propriété du bloc opératoire, bref toutes les activités les plus lucratives et laisse au public la psychiatrie, le long séjour, la maternité, tout ce qui est jugé coûteux.

Le projet de l’hôpital de Fontainebleau est moins avancé, mais il s’inscrit dans la même démarche Déjà on a fermé l’activité chirurgicale de l’hôpital de Nemours pour la transférer à Fontainebleau. On peut fortement redouter que cette réduction des activités de l’hospitalisation publique ne se traduise là aussi par des fermetures totales au bénéfice du privé. Il s’agit d’une profonde remise en cause du principe même de service public de santé.

Alors que, les dépassements d’honoraires pratiqués dans les structures privées entraînent l’exclusion d’une partie de la population. Au fil du temps, lorsque l’offre publique de soins comme la chirurgie aura définitivement disparue, ces pratiques s’amplifieront. Il faudra montrer carte bleue pour être soigné ! Pourtant, des moyens existent pour financer les hôpitaux publics, par exemple : il faut en finir avec les exonérations de cotisations patronales, qui représentent 23 milliards d’euros par an, et supprimer la taxe sur les salaires pour les hôpitaux publics.

Le projet de l’Hôpital de Melun doit rentrer au plus vite dans sa phase de réalisation, on a trop tergiversé. Pour autant, nous affirmons que l’accès réel à des soins de qualité pour tous suppose que le Centre Hospitalier de Melun, 1er établissement de santé publique du sud 77, dispose d’un plateau technique de chirurgie performant et soit en capacité de développer dans tous les domaines (médecine, chirurgie, obstétrique...) les réponses à vos besoins de santé et de prévention.

Pierre Carassus

Maire de Vaux-le-Pénil


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