Climat : La montagne en danger ?

mercredi 22 août 2018.
 

1) Climat : « Nos montagnes sont en danger »

Climat. Étés caniculaires à répétition, hausse moyenne des températures en altitude, les Alpes s’effritent, avec tous les risques que cela implique. Entretien avec Ludovic Ravanel.

Lors du 4e sommet sur la montagne durable, organisé la semaine dernière à Chamonix, la question du réchauffement climatique et de ses conséquences sur les montagnes a été au cœur des discussions.

Pouvez-vous expliquer ce que sont les zones de permafrost et quels rôles elles jouent pour la haute montagne  ?

LUDOVIC Ravanel C’est un terme géologique qui désigne un sol dont la température se maintient au-dessous de 0 degré sur de très longues périodes. En haute montagne, il se forme normalement dès 2 500 mètres d’altitude. Il permet la création de glace dans les fissures des parois. C’est comme le ciment des montagnes. Or, depuis plus d’une quinzaine d’années, il se réchauffe en raison des changements climatiques.

Que se passe-t-il quand ce permafrost passe au-dessus de 0 °C  ?

LUDOVIC Ravanel Cela peut avoir une incidence sur la stabilité des parois. En se réchauffant, vers moins 2 ou 3 degrés, il leur fait perdre leur stabilité. Cela se traduit par une augmentation des éboulements et des écroulements.

Revenons au réchauffement climatique, qu’observez-vous depuis quelques années  ?

LUDOVIC Ravanel Les parois dégèlent de plus en plus profondément – jusqu’à parfois plus de 10 mètres –, ce qui les déstabilise. Ce réchauffement a donc entraîné une augmentation de la fréquence des événements. Chaque été caniculaire dans les Alpes devient un danger. Le phénomène le plus emblématique est la disparition du pilier Bonatti en juin 2005. Dans la face ouest des Drus, sur une paroi de 1 000 mètres de haut, entre 2 700 et 3 700 mètres d’altitude, une partie de 700 mètres s’est détachée, soit 800 000 tonnes de granite. Et récemment, durant l’été 2017, 3,1 millions de mètres cubes ont dévalé les pentes du Piz Cengalo dans la région des Grisons, en Suisse. Il y a eu 8 morts et le village de Bondo a été touché.

Peut-on anticiper ces risques  ?

LUDOVIC Ravanel Nous manquons encore de recul. Mais on commence à savoir ce que seront les températures dans les années à venir. Cela nous a permis de modéliser l’évolution de la distribution du permafrost. Par contre, nous ne savons pas encore quel est le lien entre l’évolution des températures et la structure géologique.

Les Alpes pourraient-elles disparaître à cause du réchauffement climatique  ?

LUDOVIC Ravanel À l’échelle géologique, les Alpes sont vouées à s’écrouler pour devenir des pénéplaines. Le problème, c’est que ce processus va trop vite. L’érosion est trop rapide.

Que se passera-t-il si le réchauffement va plus loin que les 2 ou 3 degrés annoncés  ?

LUDOVIC Ravanel Pour l’instant, le permafrost joue son rôle dès 2 500 mètres, mais on s’attend à ce que, d’ici à la fin du siècle, pour un scénario climatique moyen, celui-ci ne se retrouve plus qu’à partir de 3 500 mètres d’altitude. À cela s’ajoute la disparition des glaciers qui, en altitude, permettent au permafrost de rester à bonne température. Tout cela aura des répercussions sur les montagnes, mais aussi sur les infrastructures qui s’y trouvent.

Cette situation est-elle irréversible  ?

LUDOVIC Ravanel Malheureusement oui. Même si nous arrêtions toutes nos émissions de gaz à effet de serre, le climat continuera à se réchauffer artificiellement pendant plusieurs siècles. Et la montagne se réchauffe, elle, deux à trois fois plus vite que la plaine. Voilà pourquoi nous assistons dans les montagnes aux effets les plus impressionnants de la planète.

Les politiques sont-ils conscients de la situation  ?

LUDOVIC Ravanel Oui, localement, mais, au niveau national et même international, les choses patinent. Notre défi pour le futur sera de nous adapter. Nous n’aurons pas le choix.

Ludovic Ravanel, Géomorphologue, chargé de recherche CNRS au laboratoire Edytem de l’université de Savoie Mont-Blanc

Entretien réalisé par Éric Serres, L’Humanité

2) La montagne en danger ?

Source : https://www.mtaterre.fr/dossiers/la...

L’impact des sports d’hiver sur l’environnement

Chaque hiver, dans toute l’Europe, des millions de touristes viennent profiter des régions montagneuses enneigées. Les stations sont envahies par des skieurs impatients de dévaler les pistes et heureux de finir la journée près de la cheminée en buvant un chocolat chaud.

Pourtant, l’industrie des sports d’hiver n’est pas sans impact sur les écosystèmes naturels. Ce sont quelques centaines de kilomètres de routes que parcourent les voyageurs pour se rendre au sommet. Des milliers de kilomètres de rampes, de télésièges et de neiges artificielles qui sont déployés chaque hiver pour assurer aux visiteurs un séjour sans fausses notes. Des installations imposantes auxquelles viennent s’ajouter les effets néfastes du changement climatique sur la montagne.

La montagne déjà touchée par le changement climatique !

Le marché des sports d’hiver est un secteur dépendant de son environnement. Il a besoin de conditions météorologiques favorables : de la neige !!!

Le réchauffement planétaire modifie le régime des pluies (et de la neige) et le rythme des saisons.

Depuis quelques années, dans de nombreux massifs, la neige se fait attendre. Les vacances de Noël permettent encore de belles balades… sans raquettes, mais pas toujours de dévaler les pistes de ski…

Les stations de sports d’hiver font face à un véritable défi écologique.

Le réchauffement des températures est beaucoup plus marqué en altitude. La hausse des températures pourrait augmenter le nombre d’hivers sans neige dans les années à venir, surtout dans les stations de moyenne altitude.

En plus des glaciers qui fondent, les sommets de granit sont fragilisés par l’érosion. Ils se cassent et provoquent régulièrement des éboulements.

Des solutions pour sauver l’activité touristique en hiver pas toujours très écologiques

Pour rendre les stations attractives et confortables pour les touristes, et combler les éventuelles fermetures de pistes, de plus en plus de stations investissent dans des projets d’aménagement et des pistes équipées de canons à neige. D’autres s’attaquent au modelage du relief naturel ou à la création de lacs artificiels qui leur servira de réserve d’eau pour faire fonctionner les canons à neige.

Pour satisfaire les envies des touristes, les stations diversifient les activités comme les commerces, magasins, centres commerciaux et restaurants ou les centres de soins, piscines chauffées, spas et hammams.

Ces pratiques ont des conséquences et des coûts considérables pour l’équilibre écologique de la montagne. Une réflexion émerge actuellement pour limiter les impacts de l’activité des sports d’hiver sur l’environnement et envisager l’avenir du tourisme plus durable en montagne.

Comment fabrique-t-on la neige artificielle

Pour fabriquer de la neige artificielle, il faut mélanger de l’air avec de l’eau. Les canons à neige se chargent de pulvériser de fines gouttelettes d’eau refroidie qui une fois dans l’air se transforment en petits grains de neige artificielle. La congélation de l’eau peut se faire entre -6 et -10 °C. Si les températures ne sont pas assez froides, alors des additifs sont ajoutés à l’eau pour favoriser le processus de congélation.

La production de neige nécessite des équipements importants gros consommateurs d’eau et d’énergie.

Des stations plus responsables

On voit aujourd’hui s’agrandir le nombre de stations qui s’engagent à réduire leurs impacts écologiques en développant des initiatives de développement durable en montagne.

L’Ecoguide réalisé par l’association Mountain Riders réalise depuis 2006 un état des lieux des destinations de montagne dans lesquelles des actions sont engagées sur les questions environnementales et sociales.

Aussi, pour développer le tourisme durable, l’association Mountain Riders a créé le label Flocon vert. Un label qui garantit l’engagement des destinations touristiques de montagne pour le développement durable.

À ce jour, 31 critères doivent être remplis pour qu’une station puisse être labellisée Flocon Vert. Huit domaines sont concernés : le territoire, le social, l’aménagement, l’énergie, le transport, l’eau, les déchets.


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