Macron ou la « pédagogie » de la casse sociale

lundi 16 juillet 2018.
 

L’amendement des députés « En Marche » pour supprimer la Sécurité Sociale du texte de la Constitution a été (pour l’instant) retiré. La volonté de Macron reste pourtant entière : mettre à bas les systèmes solidaires de protection sociale conquis à la Libération. Tout cela masqué par un discours macroniste qui ose dire « agir pour l’intérêt général ». Nous ne sommes pas dupes.

Il ne faut pas s’y tromper, le retrait de l’amendement est un faux semblant. Tous les arguments qui le motivaient se sont retrouvés dans le discours de Macron à Versailles.

La logique de la Sécurité sociale c’est le partage des richesses. C’est la logique d’une nouvelle branche pour la prise en charge de la dépendance. La protection sociale nouvelle que propose Macron fait appel à la responsabilité des individus et non plus à des choix collectifs solidaires basés sur une répartition des richesses. Ce qui était possible après la guerre ne le serait plus dans la 7ème puissance économique.

Le marché contre la Sécurité sociale

Dans le nouveau système (du « nouveau monde » macronien), il y a des droits mais ils sont à minima. Ils ne sont pas financés par la Sécurité sociale sur la base de cotisations sociales prévues pour financer la maladie, la retraite, les nouveaux risques ou enjeux. Le financement repose sur l’impôt. Mais attention l’impôt va diminuer comme les cotisations sociales. Car l’enjeu pour ce régime n’est pas la solidarité. L’enjeu c’est la liberté du marché. Celle du renard dans le poulailler.

Les cotisations sociales ont été supprimées pour l’assurance chômage. Ce qui a commencé Macron entend l’élargir, puis le généraliser.

Macron ou les vieilles rengaines

Le paradoxe du « nouveau monde », c’est de reprendre les discours éculés de l’ancien. La question ne serait toujours pas de répartir les richesses mais d’en créer. Thatcher mais aussi Strauss-Kahn, Blair et Schmidt nous ont rabattu les oreilles de ces théories.

La crise qui a vu des bulles financières se former avec l’accumulation d’un capital de plus en plus financiarisé puis ces mêmes bulles éclater en appelant les États au secours a montré combien des systèmes de sécurité sociale solidaires étaient des amortisseurs de crise. Qu’importe ! C’est oublié.

L’urgence serait à la création de richesses avant de redistribuer. Comme si nous n’étions pas dans un pays où les salariés produisent déjà beaucoup de richesses, mais si mal redistribuées !

On a cassé le droit du travail, on casse le statut des cheminots, on prépare l’opinion à la casse de la Sécurité sociale.

Sur les bancs de Versailles, on applaudit le pédagogue de cette casse sociale annoncée sous couvert de modernité. On glose sur le nouvel État providence, la solidarité nationale ou le pilier social de Macron. Le nouveau patron du Medef va même jusqu’à signifier que le temps d’un Medef de combat est révolu. Et on comprend bien pourquoi : le chef du patronat de combat et de la finance est à l’Elysée.

République Sociale !

L’offensive idéologique, sociale, politique ne doit pas être sous-estimée. L’illusionniste de l’Elysée sait parer son offensive des atours de la modernité. C’est sa force tout autant que sa faiblesse.

Cette offensive doit être combattue. Elle peut être battue.

La bataille est culturelle au sens de la remise en cause des valeurs sur lesquelles a été bâti le contrat social de l’après-guerre il y a plus de 70 ans.

La tâche de l’heure est d’opposer à la contre révolution libérale un projet d’émancipation basé sur une autre répartition des richesses, sur la satisfaction des besoins de la majorité de la population, des jeunes aux retraité.e.s en passant par les salarié.e.s dont celles et ceux qui sont privé.e.s d’emploi.

C’est le projet de la République sociale, un projet qui s’oppose point par point au projet macroniste tant sur le plan social que sur le plan institutionnel qui vise à renforcer le pouvoir présidentiel au détriment du Parlement et des syndicats de salariés.

Construire la maison commune de la gauche

Cela suppose l’unité des forces, partis, mouvements dans le travail d’explication, de mise à jour des projets gouvernementaux en en révélant la nocivité derrière les habillages qui en sont faits.

Cela suppose mobilisation sociale, construction d’une alternative majoritaire et débouché politique. Cela doit s’incarner, dès la rentrée, dans un processus de rassemblement pour les élections européennes et au-delà. Car une des forces de Macron et de son monde tient dans la dispersion façon puzzle des forces de la gauche.

Il faut s’atteler sans relâche du local au national à construire la maison commune dont nous avons besoin.


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