Européennes 2019 : L’art de faire une liste

samedi 14 juillet 2018.
 

Comme on le sait, la liste des Insoumis aux élections européennes prend forme avec la sélection de 70 candidatures retenues sur 600 déposées. Je ne me suis mêlé de rien dans cette affaire et je n’ai pas l’intention de le faire à présent, quoi que je pense de certaines absences et de certains classements. Pour autant, je ne prends pas mon appréciation pour un critère de qualité global. Je soutiens donc sans réserve le travail accompli par le comité. Son compte rendu de travail permet de se rendre compte de la masse et la qualité de ce qui a été accompli.

Après l’appel à candidature et les 600 réponses reçues, la plateforme a été ouverte pendant quinze jours aux remarques et critique de tous. 848 observations ont été reçues et étudiées une par une. Celles qui posaient question ont reçu une réponse. Un premier rapport de mission a été établi et publié à mi-parcours. Puis les candidats ont été auditionnés. Puis appelés un par un au téléphone. Je ne sais pas combien de comptes rendus de ce type seront produits venant des autres partis. Je ne veux pas répéter ici tout ce que j’ai lu dans le rapport final. Mais en le lisant, j’ai découvert une situation qui m’a bluffé. Je ne savais rien de tout ça. Rien à voir avec la calomnie en circulation sur l’opacité et le secret des délibérations. Mais ce n’est pas la presse qui le notera, évidemment.

Je suis d’autant plus reconnaissant à ce comité électoral que je n’ai jamais aimé faire ce type de tâche dans le passé. Trier des amis est une épreuve pénible. Ça l’était déjà pour moi quand j’étais chef de courant au PS. Ce serait encore plus pénible aujourd’hui où je n’ai que des amis comme candidats. 600 candidats, 600 « proches » d’une façon ou d’une autre. J’ai été content d’être déchargé de tout ça. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas été harcelé par les Narcisses qui depuis nous ont quittés. Je leur répondais que je n’y avais aucune part. Ils ne me croyaient pas. Leur esprit de courtisan leur interdisait de le croire.

Il y avait 32 membres dans ce comité électoral. 18 avaient été tirés au sort. Une majorité. Des gens simples. Ils ne vivent pas de la politique. Pas davantage que les autres membres issus des divers secteurs du mouvement. Leurs week-ends et soirées passées à soupeser, consulter, téléphoner, ont permis une enquête approfondie dont je n’ai jamais vu la pareille une seule fois dans ma longue vie de militant. Ici, il n’y avait ni quotas de courant, ni retours d’ascenseur de congrès comme je les ai connus au PS. Rien pour se défausser du devoir de faire une liste et non une collection d’individus. Leur responsabilité était donc totale. Je comprends leur minutie au travail. Je les remercie de tout cœur.

La feuille de route avait été tracée à l’Assemblée représentative du mouvement : faire une liste qui ressemble au pays autant que possible, une liste populaire, une liste bigarrée. Je vois que l’objectif est atteint. Si l’on s’en tient à ces seuls critères, oui, la liste est conforme au mandat. Après cela, bien sûr, chacun aurait peut-être préféré ceci ou cela. Moi comme les autres. Mais si on ne sait pas accepter la conclusion de ce type d’exercice, il ne faut pas participer à un organisme collectif du type de notre mouvement. Il ne faut pas déléguer une tâche à un groupe si c’est ensuite pour démolir son travail pour un désaccord dans la liste. Et si c’est pour mépriser l’honnêteté de ses membres s’ils ne cèdent pas à vos pressions.

Évidemment, la presse s’est concentrée sur les pleurs indignes d’une ou deux personnes qui s’estiment mal classées parce qu’elles ne sont pas dans les cinq premiers. L’un a même osé se dire « écarté » alors qu’il était à la huitième place ! Dans le seul but de nuire, il a inventé une divergence politique et même un changement de ligne sur l’Europe alors que tout le monde lui a expliqué, comme je le vois dans le rapport, qu’il s’agissait d’éviter que le mouvement perde le siège de conseiller régional, puisque nous interdisons les cumuls. Évidemment, il y a eu aussi la comédie de la dénonciation du comité par quelqu’un qui ne s’était jamais plaint de rien et avait même fait un message Facebook de félicitation au comité. Un blog dans Médiapart lui assure l’heure de gloire que son égo réclamait ! Ça reste une opération de noyautage à l’ancienne, finalement assez glauque. Dans les deux cas, il ne s’agit que de personnes particulièrement hypocrites qui écrivent et déclarent une chose en public et tentent en privé de négocier pour elles-mêmes.

Dès lors, toutes les mouches à merde ont bombiné. Ici je passe sur les grosses ficelles sexistes et autres à propos des liens personnels, présents ou passés, que j’ai avec telle ou telle candidature. En deux mots, des vies entières de militantisme réduites à néant pour le seul bonheur du sexisme ou de la joie de flétrir. Tant que nous n’avons pas encore créé au Mouvement une commission autorisée sur ce sujet et aussi longtemps que l’assemblée représentative ne se sera pas prononcée sur le sujet, il est dans ma mission de ne pas laisser s’enkyster de telles pratiques. Elles sont une façon de détruire les rapports de fraternité exigés pour partager notre combat en première ligne. Les auteurs de ces méthodes sont donc bannis de notre collectif. La peine de bannissement est indolore pour l’intéressé. Il est juste retiré de tous les fichiers et de l’accès à la plateforme commune. Il en sera ainsi, car en plus d’être une communauté politique nous sommes aussi une communauté humaine avec ses règles de vie et de respect mutuel.

Mais je ne veux pas me gâcher le plaisir non seulement de cette belle liste mais surtout du succès de la méthode absolument nouvelle pour y parvenir. Je laisse donc de côté tout ce qui tient à cette face sombre de la vie en société et du pullulement des narcissismes dans les zones qui entourent toute scène où brille la lumière. À mes yeux, nous avons trouvé une méthode de travail qui fera école et qui sera caractéristique de la méthode spécifique d’un « mouvement » de notre type. Elle est différente de celle d’un parti. Et la qualité de la liste en atteste : c’est une bonne méthode. Elle mérite d’être analysée en détail et racontée. Ce sera fait le moment venu en plus de ce qui en est dit par le rapport de la commission électorale elle-même.

Mais bien sûr, je trouve normal qu’on soit déçu quand on n’est pas retenu si on y tenait beaucoup. 530 personnes peuvent l’être dans ce cas. Mais la déception ou même la critique n’ont pas besoin d’être exposée pour en faire un argument contre tous les autres candidats. Ce n’est d’ailleurs pas ce qui s’est passé. Les récriminations publiques se sont limitées à deux personnes spécialement narcissiques. Pour le reste, tous et toutes ont déposé leur candidature avant tout pour « être utile », et si besoin. Nombre l’ont fait d’ailleurs en précisant qu’ils ne souhaitaient pas être dans les vingt premiers éligibles. Hier, quelqu’un du comité que je rencontrais à Marseille me raconta aussi comment quand des gens étaient appelé pour faire le point sur leur candidature, ils soutenaient alors le plus souvent quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes dans la région. Nombreux parmi ceux qui sont sur la liste, quelle que soit leur place, se sont sentis très honorés et ils l’ont dit publiquement. Cela m’a beaucoup ému. Par comparaison avec ce que j’ai connu ailleurs, je suis fier d’avoir fondé un mouvement composé de personnes de cette trempe.

À présent, le plus dur est fait. Il reste encore dix candidatures à pourvoir. On les tient disponibles pour d’éventuelles personnalités extérieures même à l’action politique qui décideraient de nous aider. Mais d’ores et déjà, qui placera comme nous venons de le faire dans ses huit premiers candidats une telle diversité professionnelle ? Un cheminot conducteur de train et une aide-soignante, une prof de fac, un chercheur en maths appliquées, le meilleur député européen de l’année 2018 et ainsi de suite. Une nouvelle fois, comme à l’Assemblée, avec notre groupe, nous allons prouver que la représentation populaire est capable de tenir tous les mandats, toutes les tâches politiques dans la société. Et que ceux qui se croient seuls « compétents » ne sont pas du tout aussi indispensables qu’ils le croient.


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