Vers une suppression des retraites de réversion ?

lundi 2 juillet 2018.
 

La réforme annoncée des retraites prévoit aussi de réformer la retraite de réversion voire de la supprimer. Pourtant, elle permet aujourd’hui à de nombreuses veuves de survivre et de réduire l’écart des retraites entre les hommes et les femmes. Explications chiffrées et rappel des conditions pour y avoir droit.

La question

« Doit-on maintenir les pensions de réversion ? » est la question posée dans le document remis aux syndicats par le Haut commissaire à la réforme des retraites.

La réponse à la question tient à quelques chiffres issus du rapport de juin 2018 – page 125 - du Conseil d’Orientation des Retraites Evolutions et perspectives des retraites en France :

- 3,8 millions de personnes perçoivent une retraite de réversion en 2018 dont 89% de femmes

- l’écart hommes/femmes des pensions de retraite (hors majorations pour trois enfants) est de 31% (en défaveur de celles-ci est-il besoin de le souligner) ramené à 25% pour celles qui perçoivent la retraite de réversion

- cet écart serait réduit à 10%... en 2070 ! Sauf si, d’ici là, s’applique enfin le code du travail : à travail égal salaire égal

- les femmes veuves (la moitié des retraités vivant seuls) ont un niveau de vie inférieur à 18% en moyenne aux autres retraités… retraite de réversion comprise. Les plus démunies sont les veuves d’ouvriers et de paysans dont la pension de réversion est la plus faible, du fait de la faible retraite perçue par leurs maris.

- un veuf vivant seul a perçu 2 205 euros bruts de retraite en moyenne par mois en 2015 contre 1 808 euros bruts pour une veuve seule… retraite de réversion comprise.

On peut avoir un aperçu de cette inégalité qui touche surtout les veuves d’ouvriers, de paysans, d’artisans et commerçants dans le tableau 2.28 page 94 du rapport annuel du COR - juin 2018

- le versement des pensions de réversion est chiffré par le COR à 33 milliards d’euros.

Ces chiffres montrent que la pension de réversion est importante pour les conjoints survivants. Sans elle c’est la pauvreté assurée en attendant l’égalité salariale hommes/femmes.

La réforme envisage soit de la capitaliser sous forme de partage des droits entre les deux conjoints (modèle allemand ou britannique) soit de la supprimer (modèle suédois) afin, dans les deux cas, que l’Etat n’ait plus à verser 33 milliards d’euros.

Daniel Roucous, L’Humanité


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