Manifeste pour Madrid Une communauté en mouvement,

jeudi 21 juin 2018.
 

Sept ans après le mouvement du 15 mai 2011, nous assistons à une réactivation de la mobilisation sociale. Le mouvement féministe a soulevé une vague de protestation transversale, avec une grande capacité pour mettre en question l’ordre économique en désignant comme principal problème de notre temps le conflit entre le capitalisme et la reproduction et la durabilité de la vie. Le féminisme n’est pas seul, les retraités, les travailleurs précaires ou les locataires du droit au logement mettent en évidence des lignes de conflit qui élargissent cette mobilisation.

Aucun des éléments importants qui ont provoqué la crise politique n’a trouvé de solution. La situation économique, malgré les discours triomphalistes qui parlent de reprise, reste ancrée dans le scénario ouvert par le krach financier.

Les niveaux de vie antérieurs à la crise n’ont pas été restaurés et on ne peut parler d’un horizon de stabilisation continue ou de bien-être pour la majorité sociale. Par conséquent, nous ne croyons pas ceux qui disent que nous devons rabaisser nos discours, ainsi que nos espoirs et nos paris pour le changement, parce que le climat serait différent.

Sortir de la crise signifierait que la précarité et que l’appauvrissement de la majorité de la population seraient normalisés. C’est un fait qui peut être vu dans les quartiers, dans les villages, dans les familles ou sur les lieux de travail. Les migrants, les femmes, les travailleurs, les personnes et les familles expulsées et les étudiants le savent. Les discours de la politique officielle continuent de s’opposer à la réalité.

Depuis l’émergence des partis et des candidatures municipalistes dans le cadre du cycle ouvert par le mouvement du 15 mai 2011 et l’écosystème des marées et des luttes contre les coupes budgétaires, nous avons assisté à un processus rapide d’institutionnalisation de la nouvelle politique. Cela a impliqué l’absorption des langues et des formes de la politique traditionnelle. En très peu de temps, nous sommes passés de « nous venons changer les institutions » à l’adoption du style modéré de responsabilité institutionnelle caractéristique de la gauche du bipartisme.

Il est évident qu’il y a un certain désenchantement, une forte baisse de la participation dans les espaces de la nouvelle politique, qui contraste avec la montée de nouvelles mobilisations. C’est le retour des votes de forme routinière et sans illusion. Cependant, les préoccupations des gens ont encore beaucoup à voir avec la crise du régime que le mouvement du 15 mai 2011 a mis au premier plan. Selon le dernier sondage du Centre d’Investigations Sociologiques (CIS), ce qui inquiète le plus la population après le chômage est la corruption des partis et des politiciens.

Cependant, pouvons-nous parler de défaite ? Rien de ce qui s’est passé n’a diminué nos possibilités ou fermé la situation pour toujours. Nous regardons autour de nous et nous voyons qu’il y a des forces pour continuer à essayer. Mais pour cela, nous devons générer un espace aussi large et varié que possible.

Il est clair que l’adversaire n’est pas seulement le Parti Populaire. Ciudadanos est une formation de droite sans complexes ni limites. Ciudadanos menace de nous conduire vers une nouvelle politique de droite. La formation orange n’a aucun scrupule à stimuler le ressentiment dans les quartiers avec des formes lepénistes et un programme néo libéral sans limite. C’est là que réside le véritable danger, atomiser la société, l’appauvrir, restreindre les libertés et agir pour une sortie autoritaire et antidémocratique de la crise. Il faut une alternative solide et plurielle contre la forte offensive en cours.

Un pari pour Madrid

Madrid est un laboratoire fondamental. La décomposition du bipartisme peut être le début de l’avancée inexorable de Ciudadanos ou le début de quelque chose de nouveau si nous sommes capables de construire une force plurielle, démocratique et radicalement transformatrice. C’est pourquoi nous pensons que nous devons nous unir. Il est nécessaire de construire l’unité populaire, une véritable confluence citoyenne par en bas, en essayant de fédérer différentes propositions, en respectant l’autonomie des parties mais en cherchant des points communs.

Cette proposition est, ni plus ni moins, ce qui a fonctionné à Ahora Madrid pour remporter la mairie, rassemblant les mesures programmatiques de la société organisée et garantissant des mécanismes pour que les décisions collectives soient appliquées. Des élections primaires ouvertes, proportionnelles et démocratiques sont fondamentales pour cette unité, pour ouvrir les portes des candidatures au peuple de Madrid et pour aller au-delà du monopole des partis sur la politique. Nous considérons qu’il s’agit d’une méthode qui peut être appliquée dans la communauté de Madrid et dans de nombreuses municipalités.

Nous avons une année pour y arriver. Une nouvelle vague de mouvement traverse la péninsule, la grève des femmes, la mobilisation des retraités, la nouvelle émergence du mouvement des sans-papiers, la vitalité du mouvement pour le droit au logement et son extension aux luttes des locataires et les nouveaux conflits du travail. Quelque chose de nouveau qui vient d’en bas. Une vague qui peut nous emmener loin. Partir de cette impulsion est fondamental pour reprendre la force qui nous a permis de prendre les institutions à partir de 2014 avec une proposition de changement radical. Nous sommes venus pour tout changer, nous ne sommes pas venus pour devenir un paysage de fond et des partenaires progressistes de pactes sans espoir.

Commençons à travailler à partir de tous les espaces possibles dans cette direction.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message