La France insoumise demande la dissolution des groupuscules d’extrême-droite

dimanche 10 juin 2018.
 

Muriel Ressiguier, députée FI de la 2ème circonscription de l’Hérault, a présenté ce mercredi à l’Assemblée nationale une résolution pour demander la dissolution des groupuscules d’extrême droite.

1) PROPOSITION DE RÉSOLUTION et exposé des motifs

Source : http://www.assemblee-nationale.fr/1...

sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite en France,

présentée par Mesdames et Messieurs

Muriel RESSIGUIER, Jean-Luc MÉLENCHON, Clémentine AUTAIN, Ugo BERNALICIS, Éric COQUEREL, Alexis CORBIÈRE, Caroline FIAT, Bastien LACHAUD, Michel LARIVE, Danièle OBONO, Mathilde PANOT, Loïc PRUD’HOMME, Adrien QUATENNENS, Jean-Hugues RATENON, Sabine RUBIN, François RUFFIN, Bénédicte TAURINE,

députés.

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

Depuis quelques mois, des groupuscules d’extrême droite agissent en toute impunité dans le pays. Les premières victimes sont nos jeunes, lycéen·ne·s et étudiant·e·s.

L’État français doit impérativement réagir à ces violences et prendre également la mesure des menaces de mort que ces cohortes profèrent.

Leurs organisations prolifèrent sur tout le territoire. Dès la fin d’année 2017 « Le Bastion social » - ouvertement raciste a pu sans difficulté ouvrir plusieurs bars et lieux de convivialité dans de nombreuses villes de notre territoire. Le 9 décembre, il inaugurait son local à Strasbourg. Puis le 13 janvier, c’était à Lyon, le 5 février à Chambéry, le 24 mars à Marseille.

Le 30 juin 2017, les locaux du réseau accueil insertion Hérault (RAIH) – qui vient en aide aux mineur·e·s isolé e s – ont été saccagés par la Ligue du Midi. Les militants fascistes se sont introduits dans le local de l’association en hurlant des slogans racistes incitant à la haine. Les militants de la Ligue du Midi se sont filmés et ont diffusé une vidéo de propagande sur les réseaux sociaux notamment. Ce groupe continue d’exister.

Le 16 mars 2018, le Lycée autogéré de Paris a été attaqué par des vandales armés de barres de fer se réclamant du GUD, faisant des saluts nazis et proférant des insultes homophobes. Ils ont blessé deux élèves.

Le 22 mars 2018, au sein de la faculté de droit de Montpellier, un commando extrémiste d’une dizaine de personnes cagoulées et armées de tasers ont frappé des étudiant·e·s qui occupaient un amphithéâtre pour protester contre la loi orientation et réussite des étudiants.

Quelques jours après, le 26 mars à Lille, des étudiants ont été frappés violemment en marge d’une assemblée générale par des personnes se revendiquant de Génération identitaire.

Le 29 mars dernier, le groupuscule Bastion social a attaqué six étudiant·e·s sur le campus universitaire de Strasbourg.

Le 6 avril 2018, ce sont encore ces groupuscules qui ont tenté d’entrer dans l’Université de Tolbiac pour passer à tabac les jeunes qui occupaient le bâtiment.

Le 22 avril, Génération Identitaire organise, au mépris de l’État de droit, une action de blocage de notre frontière dans les Hautes-Alpes, en agitant la haine envers les migrants.

Le 10 mai 2018, un groupe d’une vingtaine de personnes agresse les étudiants mobilisés du centre Malesherbes afin de tenter de lever le blocus en cours.

Tous ces groupes ont en commun la violence, l’incitation à la haine raciale, homophobe et sexiste.

Nous souhaitons par cette résolution rappeler que le racisme, l’antisémitisme, le sexisme, l’homophobie que prônent ces organisations ne sont pas des opinions. Ce sont des délits.

Nous voulons exprimer notre solidarité totale avec les victimes de ces cohortes.

Il est de la responsabilité de l’État de lutter contre ces groupuscules qui prolifèrent, répandent partout la haine des autres, la violence, foulent au pied les valeurs de notre République et méprisent les règles de la démocratie.

Le code pénal donne les outils nécessaires et efficaces pour que le gouvernement puisse agir. L’article L212-1 du code de la sécurité intérieure dispose en effet que « sont dissous par décret en conseil des ministres, toutes les associations ou groupements de fait (…) qui provoquent à des manifestations armées dans la rue, ou qui présentent, par leur forme et leur organisation militaire, le caractère de groupes de combat ou de milices privées ; ou qui, soit provoquent à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, soit propagent des idées ou théories tendant à justifier ou encourager cette discrimination, cette haine ou cette violence ».

Et pourtant, rien n’a été fait à cette heure.

Plusieurs député·e·s de notre groupe parlementaire et d’autres groupes ont été visé·e·s par des menaces de mort ou de viol, d’injures racistes et sexistes, provenant de ces factions. Certains groupuscules comme l’Action Française ont même franchi un cap dans la violence en agressant physiquement un député de notre groupe.

Nous souhaitons éviter qu’un drame supplémentaire survienne. Nous ne voulons pas attendre la mort d’un·e citoyen.ne pour agir. Nous tenons à rappeler que, si la mort de Clément Méric a été suivie de la dissolution du groupe des jeunesses nationalistes révolutionnaires, elle aurait peut-être pu être évitée par une dissolution antérieure de ce groupe violent.

Face à cette inquiétante recrudescence, l’inaction relèverait de l’inconscience ou constituerait une acceptation voire un encouragement de ces actes violents et du refus des règles démocratiques. Nous ne pouvons le tolérer.

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

Article unique

L’Assemblée nationale,

Vu l’article 34-1 de la Constitution,

Vu l’article 11 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales,

Vu l’article L. 212-1 du code de la sécurité intérieure,

Vu l’article 136 du Règlement de l’Assemblée nationale,

Invite le Gouvernement à dissoudre les groupuscules d’extrême droite qui sévissent sur notre territoire.

2) La France insoumise demande la dissolution des groupuscules d’extrême-droite

Bastion social, Génération Identitaire, Ligue du midi… autant de groupes tristement célèbres pour leurs actions violentes et mises en scène sur les réseaux sociaux. Celles-ci se sont multipliées ces derniers mois, selon la députée FI Muriel Ressiguier, à l’origine d’une résolution sur la lutte contre ces groupuscules. Lors d’une conférence de presse, mercredi, à l’Assemblée nationale, elle a dénoncé le déni du gouvernement, et notamment du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. « Il est de la responsabilité de l’Etat, a-t-elle plaidé, de lutter contre ces groupuscules qui prolifèrent, répandent partout la haine de l’autre, la violence, foulent au pied les valeurs de notre République et méprisent les règles de la démocratie. » Ces groupes, qui pour certains bénéficient même de subventions publiques, selon la députée, qui cite le cas de la Ligue du midi dans sa circonscription, sont « peu nombreux mais très organisés » : menaces de mort, dégradations de locaux, violences physiques, intimidations. Plusieurs député(e)s en ont déjà fait les frais, menacés de mort ou de viol. A ce titre, Jean-Luc Mélenchon, le président du groupe FI à l’Assemblée, s’est également indigné que sa sécurité, et celle des élus de la République, soit négligée, après qu’il a été visé par un projet d’attentat. Vers une commission d’enquête parlementaire

Le matin, lors d’une autre conférence de presse au palais Bourbon, le député FN Sébastien Chenu, a feint de ne pas connaître le Bastion social, jugeant que « la menace réelle vient des black-blocs et des zadistes qui sèment la terreur ». Génération identitaire ? « Ce n’est pas un groupuscule, ce sont des gens qui défendent nos frontières. Si nos gouvernements protégeaient leurs peuples, d’autres ne feraient pas le boulot à leur place », a déclaré le député d’extrême droite. « Face à ce sentiment d’impunité, explique Muriel Ressiguier, l’inaction relèverait de l’inconscience ou constituerait une acceptation, voire un encouragement de ces actes violents et du refus des règles démocratiques, nous ne pouvons le tolérer. » Cette résolution pourrait aboutir à la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire.

Maël Duchemin


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