Ce que nous disent les orages de grêle pour les années à venir

lundi 4 juin 2018.
 

Trente mois après la tenue de la Cop 21 à Paris en décembre 2015, la France a connu une succession de phénomènes climatiques souvent localisés. Mais ils ont provoqué beaucoup de dégâts. Les destructions causées par la grêle ces derniers jours dans certains vignobles s’ajoutent à celles des gelées tardives de l’an dernier tandis que les zones céréalières ont connu une chute importante des rendements en 2016, suite au temps pluvieux de la fin du printemps de cette année là qui a aussi provoqué des inondations en Ile-de-France ,18 mois avant celles du début de cette année. Voilà qui souligne l’urgence climatique oubliée de nos gouvernants depuis la conférence de Paris.

Alors que la météorologie nationale nous promet de nombreux orages durant cette dernière semaine du mois de mai, les précipitations de gros grêlons qui ont gravement endommagé des vignobles du bordelais et de la zone de production du cognac samedi dernier nous donnent un aperçu sur ce que seront les phénomènes climatiques extrêmes dans les prochaines décennies. En seulement six minutes il est tombé sur la ville de Bordeaux l’équivalent de 22 millimètres de pluie souvent sous la forme de grêlons de un à deux centimètres de diamètre. A 17 heures on comptait 330 interventions des pompiers sur le seul département de la Gironde, pour des caves inondées, voire des locaux commerciaux également touchés à cause de fuites provoquées dans les toitures.

Mais ce sont les vignerons du département qui ont subi les plus gros des dégâts, notamment dans les parcelles du sud Médoc, du Bourgeais et du Blayais. Sur des grappes de raisin à peine formées, la grêle s’est abattue comme un hachoir et beaucoup de parcelles ne donneront rien à la prochaine vendange. On a parlé de 3.000 à 5.000 hectares de vignes touchées en quelques minutes avec des dégâts importants dans ces appellations du Bordelais comme dans la région du Cognac des départements charentais. On peut penser que, le temps orageux se prolongeant, de nouvelles destructions de récoltes sont à prévoir dans cette région comme dans d’autres. Une région dont certaines zones viticoles ont été victimes de gelées tardives ce printemps 2018 après avoir été plus gravement touchées en 2017. On imagine ce que vont être les difficultés économiques pour les exploitations aux vignoble anéantis, même quand une assurance couvre une partie des pertes subies.

Ces dégâts vont croître dans les prochaines décennies

Ces dégâts sur les vignobles comme sur d’autres cultures, à commencer par les arbres fruitiers, vont croître dans les prochaines décennies. Ces phénomènes extrêmes figurent désormais parmi les destructions de récoltes les plus visibles induites par e réchauffement climatique global. Plus la température globale augmente, plus les quantités d’eaux qui s’évaporent de la surface des océans et des continents sont importantes. Mais toutes ces eaux évaporées sont appelées à tomber quelque part. Des régions entières peuvent connaître des mois de sécheresse, suivies de pluies diluviennes sur de courtes périodes. On sait aussi que le contact des courants chauds et des courants froids entre les nuages à une certaine altitude conduit à la multiplication des orages de grêle. Surtout quand nous avons en France des températures égales à celles du mois d’août dès les mois d’avril et de mai.

En France, les dégâts des gelées tardives sont de plus en plus fréquents depuis quelques années. Car les hivers doux favorisent le démarrage de la végétation de plus en plus tôt dans l’année. Il suffit ensuite de quelques nuits fraiches avec un ciel sans nuage en avril ou en mai pour déclencher quelques gelées et mettre à mal la vigne qui bourgeonne, comme les arbres en fleurs. Les inondations qui ont touché l’Ile-de-France à la fin du printemps 2016 et en janvier 2017 sont aussi des conséquences du réchauffement global.

Ce réchauffement global a été de +1°C au cours XXème siècle dans le monde. Mais il provoque des hausses très importantes de température à certaines périodes de l’année sans que cela soit vrai chaque année. Le réchauffement global progresse également plus vite dans les régions traditionnellement les plus froides que pour la moyenne de toutes les régions de la planète. Ce qui pourrait se traduire par un emballement du réchauffement global et de ses conséquences si l’on ne parvient pas à contenir le réchauffement global à +2°C d’ici la fin de ce siècle par rapport à la température moyenne du milieu du XIXème siècle.

En effet, le réchauffement des pôles fait fondre les glaces, ce qui augmente le niveau des océans. Et cette hausse du niveau des mers rendra inhabitables des zones habitées aujourd’hui, y compris en France sur des parties du littoral méditerranéen, sur la façade atlantique et certaines zones des Hauts de France. Parallèlement, le dégel du permafrost en Sibérie et dans le nord du continent américain pourrait libérer beaucoup de méthane, ce qui devrait accélérer le réchauffement global. Voilà ce qui fait du climat l’un des enjeux majeurs de ce siècle, trente mois après la Cop21de Paris. On y a adopté un texte qui a retenu comme objectif de contenir le réchauffement sous la barre du +2°C par rapport à la période industrielle, sans se donner les moyens d’atteindre cet objectif.

Dans cette affaire, la France présidée par Emmanuel Macron est un aussi mauvais élève que celle de François Hollande, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac. En témoigne la mission confiée au gouvernement pour déstructurer totalement la SNCF alors que c’est le moyen de transport le moins émetteur de gaz à effet de serre avec 2% du CO2 émis pour 11% des transports assurés dans tout le pays.

Gérard Le Puill Journaliste et auteur


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message