De la marée populaire à l’unité populaire

mardi 29 mai 2018.
 

L’évènement du 26 mai, « la marée populaire », déclenchera une onde de choc. Son existence même est un défi contre l’autosatisfaction des macronistes. Eux ont besoin d’un paysage banalisé et morose pour parvenir à isoler et brutaliser le mouvement des cheminots. Car les gouvernants s’inquiètent et manœuvrent. Ils reculent. Font-ils semblant de le faire pour mieux duper ensuite tout le monde ? Ne l’ont-ils pas déjà fait avec les routiers qui attendent toujours les décrets qui confirmeraient l’accord signé avec le pouvoir dans le fil de la lutte contre les ordonnances sur le code du travail ?

Toujours est-il, par exemple, qu’en annonçant l’abandon de la privatisation d’Aéroport de Paris et de la Française des Jeux, ou en claironnant qu’elle ne toucherait pas au statut des fonctionnaires, la Macronie montre qu’elle a entendu le message du vote au référendum d’Air France. Le fond de l’air hésite certes entre résignation et révolte. Mais il est globalement hostile à Macron. Le plongeon des chefs dans les sondages tape sur le moral des cadres intermédiaires de la maison et mine la confiance en soi qu’affichait il y a peu encore la Macronie. Les lézardes s’additionnent au Parlement dans les rangs des godillots.

Le 22 mai pour la première fois depuis la Saint Glinglin, tous les secrétaires des fédérations syndicales concernées marchent au coude à coude dans les rues du pays. Le 26 mai pour la première fois, syndicats, associations et partis politiques mobilisent ensemble. Tous n’y sont pas ? Certes. Mais par exemple, le nouveau secrétaire confédéral de FO ne parle pas sur le même ton du veto agressif qui était celui de Jean-Claude Mailly servant la soupe à Macron. Il a dit en substance : le syndicat n’y appelle pas mais les syndiqués de FO sont aussi des citoyens et ils feront ce qu’ils voudront. C’est une ambiance. C’est une électricité de l’air. Au point que je vois venir à l’image du 22 mai une nouvelle étape. Celle de l’unité syndicale se constituant face aux projets du gouvernement.

Car la mobilisation massive qui s’est exprimé le 5 mai dans « La fête à Macron » ne se fait pas avec des extra-planétaires. Les mêmes souvent militent syndicalement. Leur volonté de combat et d’union est la même dans chaque aspect de leur vie de citoyen, comme l’a bien compris le nouveau secrétaire général de FO. Elle s’exprime donc partout. Macron pourrait être surpris par le nombre des syndicats concernés. Je dis clairement que j’aspire à voir le jour où les secrétaires confédéraux des syndicats, de tous les syndicats, à leur tour, marcheront au coude à coude le même jour d’action commune de tous les métiers. Je crois que c’est leur devoir de le faire pour offrir au salariés une issue positive à leur volonté d’agir ensemble de façon organisée et disciplinée. Car pour ma part, certes, je crois aux marches de « toute la société » les jours fériés. C’est la méthode pour unir dans l’action ceux qui sont salariés et ceux qui ne le sont pas, ceux qui sont en grève et ceux des entreprises qui ne le sont pas.

Mais je ne crois pas pour autant que ce soit la forme ultime du rapport de force. Au contraire ! Je crois que l’action syndicale, bloquant la production et les services, coûtant cher au Capital, est le choc le plus rude qu’on puisse donner à ceux qui ne veulent entendre aucun raisonnement ni aucune argumentation. Par conséquent, l’unité syndicale et l’action de l’ensemble du monde salarial est l’étape qui serait déterminante pour la séquence qui va s’ouvrir après la marche du 26 mai. C’est ce qui m’a conduit à parler de « Front populaire ». Je n’ai aucune illusion sur le fait que les syndicats quels qu’ils soient, puissent conclure je ne sais quel acte de gouvernement avec des partis politiques. Mais je crois à ce que leur cahier de revendication et leur action donnent les bases du programme capable de fédérer le peuple. Et par l’action unie qui entraine le grand nombre, les syndicats organisent une école de la vie qui conscientise des millions de personnes.

Dans l’immédiat, je vois ce que je vois : d’un côté, l’unité syndicale semble se mettre en marche à l’exemple des cheminots et de la fonction publique le 22 mai. De l’autre, le décloisonnement du social et du politique se réalise le 26 mai dans le respect de l’identité et des finalités d’action de chacun. La suite ne tardera pas. Seuls les syndicats confédérés unis ont la puissance d’action qui permet d’atteindre les objectifs de la lutte sociale en cours. Notre rôle politique est de les accompagner en soutien puis de porter le sens politique de l’action dans notre programme de gouvernement aux élections. Cette bonne séparation avait son slogan dans le passé : « marcher séparément frapper ensemble ». Voilà notre stratégie en deux mots. Je crois qu’elle doit prendre corps. Je sais qu’elle doit le faire.


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