Toute la fonction publique en grève ce 22 mai 2018

vendredi 25 mai 2018.
 

5) 22 mai, la détermination ne faiblit pas ! (CGT)

Ce 22 mai 2018 a eu lieu la 3ème journée de mobilisation dans la Fonction publique à l’appel, pour la première fois, des 9 organisations syndicales représentatives dans la Fonction Publique.

Dans le même temps, de nombreux autres secteurs professionnels se sont mobilisés à l’instar de l’Energie, du Commerce ou encore des Organismes sociaux.

Cette journée s’est traduite par 140 cortèges et rassemblements sur l’ensemble du territoire réunissant des centaines de milliers de manifestants.

Selon les premières remontées, les taux de grévistes sont au moins équivalents à ceux du 22 mars, comme en témoigne la forte mobilisation aux finances, chez les ATSEM, ou encore dans l’enseignement. Quelques exemples : à Marseille, pas de cantine scolaires ; à Toulouse, 50% des écoles fermées ; à Lille, centre d’encaissement des Finances publiques bloqué.

Une nouvelle intersyndicale « Fonction publique » est déjà programmée le 25 mai pour discuter des suites de la mobilisation. La CGT réaffirme qu’il y a urgence à entendre la contestation et les revendications des agents, notamment autour du dégel du point d’indice, du développement des services publics et de l’amélioration des conditions de travail. Et c’est possible ! Preuve en est : la France est première au palmarès européen des dividendes versés aux actionnaires avec ces 46,8 milliards d’euros versés en 2018.

La CGT dénonce une nouvelle fois les violences qui se sont déroulées lors de la manifestation parisienne. Les travailleur-euses de la région parisienne ont le droit de pouvoir manifester normalement à Paris comme dans toute la France !

Dès ce jour, la CGT appelle les salariés, les privés d’emploi et les retraités à converger partout en France le samedi 26 mai 2018 dans le cadre de la journée citoyenne « Marée populaire ».

Montreuil, le 22 mai 2018

4) Le coup de semonce des fonctionnaires

Hospitaliers, enseignants, territoriaux… Les agents de la fonction publique se sont mobilisés massivement. En tête du cortège parisien, les dirigeants des confédérations syndicales ont marché côte à côte. Un fait inédit depuis dix ans.

Ils étaient des dizaines de milliers à défiler, hier, un peu partout en France à l’appel d’une intersyndicale au grand complet (CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC et FA). En tête du cortège parisien, inédite depuis 2010, la photo fait mouche  : Philippe Martinez (CGT), Pascal Pavageau (FO) et Laurent Berger (CFDT) sur la même ligne de départ. «  C’est la démonstration que nous avons beaucoup de choses en commun, s’amuse le numéro un de la CGT. Nous avons une même conception des services publics qui ne change pas en fonction du porte-monnaie de l’usager.  » Pascal Pavageau reconnaît «  un lien commun  »  : l’opposition à «  la casse des cadres collectifs que vise le gouvernement  ». Pour Laurent Berger, sa présence est surtout un soutien aux fonctionnaires, car «  leur stigmatisation est inacceptable  ». «  Leur point d’indice est bloqué depuis des années, détaille le secrétaire général de la CFDT, le protocole d’accord sur la revalorisation des carrières ne s’applique pas, la compensation de la CSG fonctionne comme un fusil à un coup. Alors, au moment d’un rendez-vous salarial, c’est important de se mobiliser.  »

Quelques rangs derrière les responsables syndicaux, un panda, un tigre, un zèbre… Sous chacun de ces masques, un fonctionnaire, telle une espèce menacée… «  120 000 postes de fonctionnaires vont être supprimés durant ce quinquennat, explique Marie-Pierre Zuber, panda en chasuble rouge et responsable syndicale de la CGT centrale finances. Nous avons peur de la disparition de certaines missions. Les services informatiques ont beaucoup été externalisés et on compresse les services RH. Nous sommes inquiets par la remise en cause des CAP (commissions administratives paritaires). Le gouvernement veut retirer leurs compétences sur les promotions et l’avancement et ne leur laisser que la compétence disciplinaire. C’est la porte ouverte aux promotions discrétionnaires imposées par l’administration. Notre nouveau DRH affirme aussi que la CGT est un syndicat politique, trop engagé, et dit ne pas pouvoir nous traiter de la même façon que les autres syndicats  : c’est incroyable  ! L’employeur doit respecter l’égalité entre les syndicats.  »

Venue à vélo par crainte de métros fermés par la préfecture, une enseignante de Villeneuve-Saint-Georges ne supporte plus les effets d’annonce de Macron, qui cachent les manques de moyens. «  L’idée des CP à 12 élèves en REP + est censée résoudre tous les problèmes. Mais c’est fait dans la précipitation, avec des professeurs ou vacataires peu formés. J’ai des collègues qui se retrouvent à deux classes de 12 élèves dans la même pièce faute de place… et qui donnent cours dans les couloirs  !  », estime-t-elle.

«  Les enseignants sont éreintés, usés  »

De son côté, Françoise Roussel, une enseignante spécialisée syndiquée Snuipp, déplore  : «  Il y a quinze ans, nous étions une dizaine à Villeneuve-Saint-Georges, aujourd’hui nous ne sommes plus que trois. Les enseignants sont éreintés, usés. Alors, quand on impose le jour de carence pour maladie, le message qu’on nous envoie est inadmissible… Nous ne sommes pas des feignants  !  »

Aux côtés des fonctionnaires territoriaux, hospitaliers, des finances publiques ou d’ailleurs, cheminots et salariés du privé sont venus en renfort. «  Ce matin, nous avons défilé dans la galerie marchande de la gare Saint-Lazare avec des camarades cheminots et des collègues du commerce, raconte Isabelle Raset, déléguée syndicale de Carrefour à Vaulx-en-Velin (Rhône). Certains commerces ont baissé leurs grilles, mais nous voulions fédérer les copains pour venir manifester ici, car il faut lutter partout. Cet après-midi, par exemple, des négociations ont lieu à Carrefour contre la fermeture annoncée de 240 magasins.  » Pour elle, public et privé sont aujourd’hui embarqués dans un même bateau ivre.

À quelques pas, Nadia attend le démarrage du cortège. Elle est infirmière dans un Ehpad de Fontenay-sous-Bois (94). Dans son établissement, une infirmière a en charge 60 résidents. Le projet de création d’une deuxième journée de solidarité pour financer la prise en charge du vieillissement la fait littéralement enrager. «  Ce sont toujours les mêmes qui trinquent. Nous, en l’occurrence, qui gagnons plus d’argent lorsque nous travaillons les jours fériés.  » Nadia perçoit 2 300 euros après trente-trois ans au service des malades.

«  Fonctionnaires ne veut pas dire bouc émissaire. Nous n’avons pas d’autre choix que la lutte  », clament les manifestants sous la bannière orangée de la CFDT. Après sept mois d’absence, la fédération des services publics de la centrale de Laurent Berger a retrouvé l’intersyndicale et le chemin de la rue avec, en tête de cortège, les hospitaliers. «  Les conditions de travail dans les établissements se dégradent tellement qu’il était naturel que nous manifestions aujourd’hui  », explique Annick Praderes, secrétaire de l’union régionale des syndicats santé et sociaux d’Île-de-France. «  Il faut arrêter de considérer que les fonctionnaires coûtent  », insiste la syndicaliste en montrant le badge qu’elle arbore fièrement, sur lequel est inscrit  : «  Nous sommes une richesse  !  »

«  800 postes sont menacés à l’AP-HP. C’est inacceptable  »

Et après  ? Annick Praderes ne croit pas à la convergence des luttes, contrairement à Béatrice, aide-soignante aux urgences de l’hôpital Saint-Louis. Elle gagne 1 800 euros par mois après trente-deux ans de service. Cette soignante, syndicaliste SUD, égraine ses revendications. En numéro un, les effectifs. «  800 postes sont menacés à l’AP-HP. C’est inacceptable.  » Elle évoque sept suicides au sein des hôpitaux parisiens ces derniers mois, et le sentiment permanent «  de faire du mauvais boulot  ». Elle aimerait que le gouvernement «  mette tout le monde autour de la table. Nous avons des idées, des propositions  », mais «  nous savons qu’il s’en tient à sa feuille de route  ». Du coup, l’aide-soignante se réjouit d’avance de participer à «  la marée populaire  », samedi prochain, à l’appel des partis de gauche et de plusieurs syndicats, dont SUD et la CGT. «  Il faut faire front ensemble. Statut, effectifs, moyens, nous avons tous les mêmes problèmes.  » Véronique Barre, cadre de santé et secrétaire du syndicat CGT à l’hôpital Antoine-Béclère (Clamart), partage ce point de vue. Elle aussi décrit l’agonie de l’hôpital. L’urgence d’agir.

«  Depuis que je suis responsable syndicale, je vois toute la misère de nos services.  » Et les difficultés de mobiliser ses collègues. «  La participation des médecins montre bien que l’hôpital craque  », commente Christophe Prudhomme, urgentiste CGT. À ses côtés, en blouse blanche, chemine un jeune chef de clinique, docteur depuis novembre, pas vraiment habitué des manifs  : «  Je suis là parce qu’attaché au service public. Et je n’entends pas laisser nos missions au privé.  »

Hier, à Paris, la démonstration de force des fonctionnaires a été émaillée par des échauffourées en fin de cortège. On compte 17 interpellations. Le cortège de tête a été dissous par la police après Bastille, mais quelques irréductibles ont continué jusque Nation.

Sylvie Ducatteau et Kareen Janselme, L’Humanité

3) Les neuf syndicats dont CFDT et UNSA font front commun

Ce n’est pas une entrée officielle dans l’intersyndicale. Mais face à l’intransigeance gouvernementale et à l’importance des questions soulevées, la Cfdt et l’Unsa fonction publique ont fait déclaration commune le 4 avril avec l’intersyndicale Fsu, Cgc, Cftc, Cgt, FA, FO, Solidaires. "Pour l’UNSA, il s’agit de rappeler au gouvernement le désaccord des organisations syndicales sur le fond du document d’ouverture de la concertation, malgré des modifications utiles", estime l’Unsa. Les syndicats estiment que "le dialogue social a besoin d’instances renforcées pour être plus efficaces, (CT, CHSCT, CAP, CCP) avec une réaffirmation de leurs rôles, le recours accru aux contrats est une attaque contre le statut..., c’est l’amélioration des déroulements de carrière et de la reconnaissance des qualifications dont ont besoin les agents de la Fonction publique et pas d’une rémunération encore plus individualisée assise sur des critères antinomiques du service public".

2) L’intersyndicale Fonction publique appelle à la grève le 22 mai

Les organisations rejettent le projet de suppression de 120 000 emplois et le recours accru au contrat qui dégraderont les conditions de travail des agent-es. Elles considèrent que le développement de la contractualisation constitue une attaque contre le statut de même que la possible rémunération « au mérite » assise sur des critères antinomiques de ceux du service public". Elles demandent " une réelle amélioration du pouvoir d’achat pour toutes et tous les agents" alors que le gouvernement ne propose que quelques mesures catégorielles. "Elles demandent pour cela des mesures générales : fin du gel de la valeur du point d’indice et sa revalorisation, rattrapage des pertes subies, abrogation de la journée de carence, respect des engagements en matière d’évolution de carrière, amélioration des déroulements de carrière".

Les syndicats appellent les fonctionnaires "à une nouvelle journée de grève et de manifestations dans l’ensemble de la Fonction publique" le 22 mai prochain. Elles "appellent à la tenue immédiate d’assemblées générales et d’Heures Mensuelles d’Information (HMI) pour alimenter le débat entre les agent-es et inscrire les mobilisations et la grève dans la continuité".


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