Enseignement public... privé Ecoles inégales

lundi 16 avril 2018.
 

L’école privée prospère. 6 400 collégiens et 13 700 écoliers supplémentaires s’y sont inscrits à la rentrée 2016. 22,16% des élèves de 6ème sont scolarisés dans le privé et après plusieurs années de baisse, la part des élèves du primaire scolarisés en dehors de l’Ecole publique augmente à son tour. Les écoles privées hors contrat, payantes et ne recevant aucune subvention de l’Etat, qui scolarisent environ 60 000 élèves, ont vus leurs effectifs bondir de 15% à la rentrée dernière.

Si l’essor du privé tient à la poussée démographique que connait notre pays, il est aussi la conséquence d’une série de contre-réformes. La suppression des sections bilingues et des options de langues anciennes, liée à la contre-réforme du collège, a ainsi renforcé son attractivité pour certaines familles. Tandis que le service public est affaibli par l’austérité des gouvernements Sarkozy-Hollande-Macron, le privé exerce sa concurrence tout en bénéficiant, pour ses établissements sous contrat avec l’Etat (plus de 95% des établissements privés), de financements publics avoisinant les 10 milliards d’euros par an.

Alors que l’enseignement privé jouit d’une réputation favorable, une étude universitaire publiée en décembre dernier dans la revue Education et Formation conclue à sa relative inefficacité. Mesurant l’écart entre les résultats obtenus par des élèves du public et du privé entre le CP et le CE2, elle constate une diminution de celui-ci en faveur des élèves du public. Elle observe par ailleurs que si les élèves du privé obtiennent au final de meilleurs résultats, c’est en raison du biais sociologique dont l’origine est à trouver dans le recrutement discriminant sur lequel il se fonde. Choisissant leurs élèves, les écoles privées constituent un entre-soi dans lequel la part des élèves ayant un père de milieu social très favorisé est plus de deux fois supérieure à celle observée dans les écoles publiques. Les enfants ayant au moins un parent immigré y sont quant à eux deux fois moins nombreux.

C’est donc bien le service public de l’éducation, gratuit, plus efficace, accueillant tous les élèves sans distinction, qu’il faut conforter. Au moins trois moyens se présentent. A moyen terme, faire advenir le principe « fonds publics à l’école publique » et intégrer les écoles privées à la carte scolaire. Tout de suite, s’opposer aux projets de marchandisation de l’école dont le dernier avatar est la contre-réforme Blanquer du lycée.

Paul Vannier


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